Équateur : le soulèvement d’un peuple face aux plans du FMI fait fuir les autorités bourgeoises

Le silence entourant la situation en Équateur doit être brisé. L’action des syndicats et des communautés indigènes, des paysans et des ouvriers a fait fuir le gouvernement.

L’État d’urgence a volé en éclat avec la poursuite de la mobilisation populaire contre l’augmentation du carburant et les réformes négociées entre le pouvoir et le FMI.

Le point sur la situation

Le président équatorien Moreno et son gouvernement ont fui la capitale du pays le 7 octobre tandis que le palais présidentiel était évacué.

Après plusieurs jours de manifestations massives et d’émeutes pour protester contre la hausse spectaculaire des prix du carburant, conséquence d’un accord signé avec le FMI, plusieurs personnes sont mortes au cours des affrontements avec la police et l’état d’urgence décrété en catastrophe par le gouvernement a volé en éclat face à la détermination des manifestants.

En réalité, c’est la jonction des différentes forces sociales, communautés indigènes, syndicats, paysans, ouvriers, petite-bourgeoise urbaine, qui a causé la panique au plus haut niveau de l’Etat équatorien. Selon la coalition des peuples autochtones (CONAIE), plus de 20 000 manifestants des différentes communautés ont ainsi massivement marché sur Quito, prenant part à la manifestation qui a causé la fuite du gouvernement.

Le président de la CONAIE Jaime Vargas avait au préalable expliqué : « Nous avons complétement fermé le dialogue avec le gouvernement, il n’y a aura aucune discussion avant que nous ayons atteint la capitale… Nous ne sommes pas là pour négocier dans le dos du peuple. Le peuple s’est soulevé et s’est cela que nous allons respecter ».

 

Des militants indigènes ont également pris le contrôle le 8 octobre de l’Assemblée nationale équatorienne. Les scènes de fraternisation entre manifestants, policiers et forces armées ont par ailleurs joué un rôle indéniable dans le départ précipité des autorités vers la deuxième ville du pays, Guayaquil.

Quelles sont les origines de la « révolution des fainéants » en Equateur ?

Le président social-démocrate Moreno a signé cette année avec le FIM un programme de « réformes » économiques drastiques échelonnées sur trois ans, dont fait partie la récente suppression des subventions des carburants, d’un montant total de 1,3 milliard de dollars.

En échange d’un accès à des crédits d’un montant de 4,2 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI), l’Equateur a ainsi accepté une hausse des prix des carburants allant jusqu’à 123 %.

Rappelons par ailleurs qu’en janvier 2000, le président Jamil Mahuad avait également été renversé à la suite de violentes manifestations indigènes auxquelles avait participé la Conaie, dans un contexte de crise économique.

Vent de guerre en Amérique latine ?

Immédiatement après sa fuite, le « président » Moreno a tancé les manifestants, les qualifiant de « fainéants ». Il a accusé son prédécesseur, Rafael Correa, ainsi que le président vénézuélien, Nicolas Maduro, d’être à l’origine des troubles en Equateur. En prononçant cette déclaration télévisée belliciste et mensongère, Moreno a fait naitre le risque d’une tension exacerbée et généralisée dans le continent sud-américain.

Que feront les autorités bourgeoises équatorienne pour reprendre le contrôle du pays ? A ce stade de la crise, tous les scénarios semblent possibles.

Il est d’ailleurs intéressant de comparer le silence médiatique entourant la crise insurrectionnelle en Equateur avec le traitement inversement proportionnel réservé au Venezuela par les médias occidentaux.

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Le peuple équatorien a besoin de notre solidarité

Dans une déclaration publiée le 8 octobre, la Fédération Syndicale Mondiale a apporté « sa solidarité internationaliste et de classe à la classe ouvrière et au peuple équatorien qui se tient debout dans la lutte contre la « paquet » des mesures anti-sociales du gouvernement de Moreno. »

« La FSM est solidaire des mobilisations du peuple équatorien contre cette série de mesures qui éliminent les subventions à l’essence et réduisent les avantages salariaux des employés de la fonction publique, entre autres points. En outre, nous rejetons de la manière la plus catégorique la répression étatique qui vise à vaincre la résistance populaire. », a ajouté l’internationale syndicale.

A l’instar de la FSM, ce sont toutes les organisations ouvrières et syndicales, dont la CGT, qui doivent se sentir concernées, sans fantasme ni folklore, par le combat de nos frères et sœurs équatoriens contre la régression sociale.

Que traduit la multiplication des émeutes du carburant à travers le monde ?

Depuis plusieurs années, certains pays comme le Mexique, l’Équateur, et même la France sont traversés par des conflits sociaux majeurs qui ont comme origine l’impossibilité pour de larges couches ouvrières, populaires, paysannes, d’avoir accès à de l’essence à des prix raisonnables.

Récemment, l’irruption en France sur la scène politique du mouvement dit des « gilets jaunes » a également rappelé que des milliers de travailleurs français n’acceptaient pas la hausse des prix à la pompe voulu par le gouvernement.

Ces crises du carburant doivent en réalité être rapprochée des émeutes de la faim, qui selon toute vraisemblance devraient de nouveau se développer, notamment en raison des bulles spéculatives qui rythment les cycles économiques du bio carburant,  impactant et perturbant l’agriculture, l’industrie agro-alimentaire, la production de produits de consommation de base pour de larges pans de populations.

Dans les deux cas, les sources de ces crises et émeutes sont économiques et sont liés à la recherche de profits par les grands groupes industriels. Si certains tentent de maquiller la régression sociale au nom de la « lutte pour le climat », notre société demeure celle du pétrole et surtout, celle du capitalisme.

En réalité, ce que les manifestants en Équateur, en France, au Mexique et ailleurs ont démontré, au-delà du pétrole, c’est bien le refus de la régression sociale et de la baisse du niveau de vie imposé par les réformes néolibérales.