Les travailleurs italiens entendent bien tordre le bras à la Confindustria, le Médef italien, qui souhaite coûte que coûte poursuivre la production avec la complicité du gouvernement.
Une grève de 24 heures a eu lieu le mercredi 25 mars en Italie, touchant des secteurs « essentiels » et « non-essentiels ». Le personnel de santé, qui appelait à une minute symbolique de grève, s’est également mobilisé. Par ailleurs, les travailleurs de la santé avaient également appelé, via le hashtag « Faites Grève pour moi », la classe ouvrière à cesser le travail.
Selon les syndicats italiens, la grève du 25 mars a notamment été très suivie dans les secteurs industriels du nord du pays. Entre 60 et 90% des métallurgistes italiens, selon les endroits, se sont ainsi mis en grève en Lombardie, la région la plus industrielle de l’Italie et la zone la plus touchée par la pandémie.
« Combien de morts supplémentaires faudra-t-il pour que le gouvernement comprenne que tout doit être fermé ? », ont dénoncé les syndicalistes de l’Union syndicale de base (USB). Le syndicat de classe, affilié à la Fédération Syndicale Mondiale (FSM), exige des mesures strictes pour assurer la santé des travailleurs du pays.
Lire le message de solidarité de la FSM au peuple italien
« Il est désormais évident que la plus grande propagation du coronavirus et la plupart des victimes se trouvent précisément dans les zones où il y a de grandes unités de production et où, […] des milliers de travailleurs sont obligés de travailler [et risquent de] transmettre le virus [ou] de tomber malades », a encore déclaré l’USB.
Le syndicat de classe a souligné qu’il n’acceptera pas que la Confindustria, le Médef italien, « dicte les règles dans tout le pays et détermine quel est le nombre acceptable de décès que nous devrons subir ». Cette situation chez nos voisins transalpins n’est pas spécifique à l’Italie. Nous sommes – et nous serons encore davantage dans les jours à venir – confrontés à des situations exactement identiques.
Le patronat joue à la roulette russe avec la santé et la vie des ouvriers
Si l’USB et les syndicats italiens sont sur le pied de guerre, c’est qu’une nouvelle fois patronat et gouvernement jouent sur l’ambiguïté pour à la fois confiner la population, désactiver les capacités de réponses syndicales, tout en contraignant des centaines de milliers de travailleurs à continuer le travail, malgré le danger, et sans protection.
La grève du 25 mars peut ainsi être interprétée comme une réponse de classe à la lettre envoyée par Vincenzo Boccia, le chef de l’organisation patronale Confindustria au Premier ministre dans laquelle le patronat demandait au pouvoir politique de de limiter sévèrement les fermetures d’entreprises, donc de suspendre la « suspension » de la production « non-essentielle ».
Cette lettre avertissait le gouvernement que le patronat italien n’hésiterait pas à délaisser le marché intérieur au bénéfice des marchés étrangers, ces derniers étant jugés plus rentables par la Confindustria. L’organisation patronale y expliquait également que le choix de fermer temporairement certaines entreprises pourrait provoquer en retour leur fermeture définitive. Enfin, le patronat italien a demandé de nouvelles exonérations fiscales.
On le voit bien, en France comme en Italie comme en Espagne, le patronat use et abuse du chantage à l’emploi pour s’enrichir, maintenir coûte que coûte ses activités économiques, industrielles, financières les plus rentables, sans se soucier de la santé et de la vie du travailleur (et de ses proches) exposé à la pandémie.
Ne nous leurrons pas, la fermeture des activités non-essentielles ne s’imposera pas d’elle-même. Il faudra bousculer gouvernement et patron et les contraindre par la grève et l’arrêt général du travail à fermer toutes les des activités non indispensables et à protéger les travailleurs des secteurs indispensables. Le plus tôt cette question sera prise en considération, le plus tôt les ouvriers sauveront leurs propres santés et vies en sursis.