Au moins 30% des salariés d’EDF étaient en grève le jeudi 17 octobre pour la deuxième journée de mobilisation contre le projet « Hercule » visant à réorganiser, démanteler et privatiser EDF.
Après la grève massive du 19 septembre, suivi par près de la moitié des salariés d’EDF, une nouvelle journée de lutte a permis de « maintenir la pression » sur la direction d’EDF malgré une première tentative du PDG de calmer la colère en reportant de plusieurs mois l’échéance pour le projet Hercule.
Dans un communiqué paru le 17 octobre, les syndicats ont salué l’ampleur de la grève : « Nous vivons la confirmation d’un mouvement désormais ancré […] avec de nombreux collectifs de travail en grève à 100%, un taux supérieur à 30% pour EDF SA [….] Des rassemblements sous forme de piquets de grève se sont tenus dans tout le pays, métropole comme outre-mer.»
Mouvement de grève au sein de la centrale nucléaire @EDFGolfech aujourd’hui à l’appel de 4 syndicats opposés au projet « Hercule » qui vise à scinder les activités d’EDF. Dès 5h du matin, des filtrages de voiture et des signatures de pétitions. (Photo : Johan GESREL.) pic.twitter.com/xxLmc9zsSZ
— Johan GESREL 🎙️📻 (@JohanGESREL) October 17, 2019
Les organisations syndicales avaient par ailleurs appelé à des « baisses de production » qui ont permis de « retirer plus de 7 000 mégawatts [à la production du jour] du réseau électrique en agissant sur les centrales nucléaires, hydrauliques, gazières, thermiques ». A titre de comparaison, la direction d’EDF avait évoqué le 19 septembre dernier une baisse de production de 5 345 mégawatts.
Le projet Hercule, un « scandale qui ferait passer la privatisation des autoroutes pour de la pacotille »
Le projet Hercule prévoit le démantèlement et la vente à la découpe du Groupe EDF et la poursuite du processus de privatisation. La CGT et les autres syndicats se sont élevés contre toute « désintégration-privatisation » du groupe et a déclaré son « profond attachement à un modèle intégré qui a fait ses preuves depuis plus de 70 ans ».
Si EDF est encore aujourd’hui propriété de l’Etat à hauteur de 83,5%, le projet de réorganisation « Hercule » prévoit la division des activités d’EDF en deux entités : d’un côté un « EDF bleu » regroupant la production pilotable d’électricité (nucléaire, barrages hydrauliques, transport de l’électricité, etc…), et de l’autre un « EDF vert », privatisé et introduit en Bourse à hauteur de 35% et qui regroupera les activités les plus rentables, avec Enedis (distribution), EDF Renouvelables, et la direction du commerce.
Pour la CGT, ce découpage d’EDF est « un nouveau scandale qui ferait passer celui de la privatisation des autoroutes pour de la pacotille ». Selon le syndicat, le projet Hercule ne suit aucune logique industrielle et ne sert qu’à diviser les activités pour « engranger des milliards d’euros en privatisant » et en privilégiant le court terme.
[mobilisation] Jeudi 17 octobre, journée de mobilisation dans les IEG. Les salariés sont toujours opposés au projet Hercule !!! NON au démantèlement d’EDF ! Cliquez sur le lien pour voir la suite : https://t.co/QrYLc7MH12 pic.twitter.com/N2x6Ei5TAM
— FNME (@FNMECGT) October 17, 2019
La CGT a d’ailleurs d’ores et déjà averti : « Si ce projet venait à aboutir, c’en serait fini de la mutualisation des risques de l’entreprise intégrée EDF : une privatisation des profits et une socialisation des risques. Il est alors facile d’imaginer que, dans un futur proche, la part initiale de l’État dans chacune de ces deux entités diminuerait pour se réduire à peau de chagrin ».
« Hercule » est le prolongement d’un processus européen enclenché depuis 30 ans
Le dossier Hercule est suivi de près par Bruxelles. Pour rappel, un premier pas en direction de la déréglementation et du démantèlement des monopoles publics avait été franchi avec la signature de l’Acte unique européen en 1986.
Puis, dans les années 1990 et 2000, la Commission européenne s’est attaquée aux réseaux de services publics (chemins de fer, télécommunication, gaz, électricité) en obtenant notamment la séparation entre la production et la distribution. Au final, et comme d’habitude, ce sont toujours les salariés et les usagers qui ont été les grands perdants de cette stratégie de casse des services publics.
En ce qui concerne EDF en particulier, le processus a été mené tambour battant par les gouvernements de gauche et de droite qui se sont succédés :
Aout 2004 : les activités de production, de transport et de distribution d’EDF sont séparées
Novembre 2005 : l’Etat privatise 15% d’EDF,
Juillet 2007 : ouverture du marché pour tous les particuliers dans toute l’UE. Fin du monopole public d’EDF-GDF qui sont séparés. 10 ans plus tard, la loi PACTE permet la privatisation (en plus du groupe Aéroport de Paris et de la Française des Jeux) des dernières participations de l’Etat dans Engie (ex Gaz de France)
Décembre 2010 : la loi « Nouvelle organisation du marché de l’électricité » est promulguée. Mise en place de l’Arenh, tarif d’ « accès régulé à l’électricité nucléaire historique ».
Janvier 2016 : fin des tarifs réglementées pour les entreprises
Juin 2019 : présentation du projet « Hercule »
Janvier 2021 : date d’entrée en vigueur du projet « Hercule » souhaitée par le gouvernement.
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