Pas de relance pour la machine infernale du capitalisme ni en France, ni en Europe, ni dans le monde

Nous publions sur Unité CGT une tribune des secrétaires généraux des fédérations CGT de la Chimie (FNIC CGT) et du Commerce et Services et des Unions départementales CGT des Bouches-du-Rhône et du Val-de-Marne.

Pas de relance pour la machine infernale du capitalisme ni en France, ni en Europe, ni dans le monde

Nous sommes plongés dans une rupture sans précédent historique, mêlant les politiques publiques, économiques et sociales de ces dernières décennies, comme autant de barils de poudre systématiquement entreposés, et l’étincelle dévastatrice du coronavirus-19.

La gestion de la crise par les gouvernants est frappée d’incompétence quand il s’agit de répondre aux multiples besoins de la population, mais en revanche d’efficacité quand il s’agit de préserver les privilèges de certains tout en s’attaquant aux droits, libertés et garanties collectives du plus grand nombre. On voit le visage du capitalisme, quand Trump envoie son armada au large de Cuba et du Venezuela pour cacher le désastre en cours aux Etats-Unis, quand l’Allemagne ferme très vite ses frontières à toute sortie de matériel médical, quand Macron applaudit les personnels hospitaliers qu’il faisait gazer dans la rue il y a quelques mois.

Quinze ans, presque jour pour jour, après le rejet le 29 mai 2005, du traité constitutionnel européen par le peuple français, le nouveau plan Macron-Merkel de 500 milliards, qui s’ajoutent aux 500 milliards du plan d’urgence auparavant décidé, vise à continuer d’entasser l’explosif, et il est déjà taxé de « hautement insuffisant » par les patrons européens. Ces milliards visent à sauver le système qui nous a amené dans ce gouffre, et vont nous y enfoncer plus profondément encore, avec les centaines de milliers de licenciements qui ont déjà commencé, d’une crise qu’on annonce comme la pire jamais connue.

En parallèle, la sidération du monde du travail a permis au gouvernement Macron de s’octroyer les pleins pouvoirs qui ont aussitôt servi à détruire les droits des travailleurs, à octroyer aux employeurs des grandes sociétés privées des privilèges qu’ils attendaient depuis la fin de la seconde guerre mondiale : imposition des congés, 60 heures hebdomadaires, fin des cotisations sociales servant pourtant à financer l’hôpital, etc.

Il y a un autre monde à construire. Ce n’est pas une réinitialisation de l’ancien, avec toujours plus de dettes, plus de chômage, de précarité, plus de finance et de marchandisation. Ce n’est pas un capitalisme « moralisé », simplement débarrassé de l’ultra-libéralisme en conservant l’exploitation du travail du plus grand nombre au profit d’une minorité parasitaire.

C’est pourtant ce qui est déjà mis en place, une pièce où chacun joue son rôle et notamment la Confédération Européenne des Syndicats (CES), qui agit objectivement comme une institution de l’UE, au même titre que la BCE, le patronat européen ou la Cour européenne de justice. Quand des syndicats accompagnent un plan européen, comme c’est le cas dans une récente tribune, visant à relancer la machine infernale de l’accumulation capitaliste contre les peuples, en demandant simplement qu’une part du pactole soit consacré à une « Europe sociale » chimérique, le devoir sacré du monde du travail est de démasquer la supercherie, mais aussi de réagir !

Le maintien à toute force depuis 20 ans de la CGT dans la CES pose désormais la question de nos orientations, de l’utilité de notre outil syndical, comme l’ont montré les débats du dernier congrès confédéral. Cette question traverse toute l’organisation. Les orientations maintes fois réaffirmées du syndicalisme institutionnel européen sont incompatibles avec ce que doit être notre réaction, notre rôle historique face au choc d’austérité qui démarre. La CGT est une organisation de lutte de classes, elle a pour objectif le renversement du capitalisme, non son adaptation. Ne sous-estimons pas l’enjeu devant nous.

Plutôt que participer à des conférences sans rapport de forces, ou à signer des tribunes avec ceux qui hier nous traitaient d’irresponsables, notre CGT de combat, indépendante et démocratique, de classe et de masse, internationaliste, doit faire face aux enjeux d’aujourd’hui.

Le 24 mai 2020,

Cédric Quintin, secrétaire général CGT de l’UD du Val-de-Marne

Amar Lagha, secrétaire général CGT de la Fédération Commerce et Services

Emmanuel Lépine, secrétaire général CGT de la Fédération Nationale des Industries Chimiques

Olivier Mateu, secrétaire général CGT de l’UD des Bouches-du-Rhône