Chômage partiel massif : les patrons s’enrichissent, le peuple souffre

Selon les dernières données publiées par l’INSEE, la crise sanitaire et économique liée à la pandémie du covid-19 a entraîné une chute brutale de l’activité économique. Comme n’importe quelle autre crise du capitalisme, celle du covid-19 plonge des millions de travailleurs dans la misère la plus noire afin de satisfaire l’appétit féroce des capitalistes. Ainsi, si les travailleurs ne sont pas responsables de cette crise, ce sont eux, et eux seuls, qui en paient les frais.

Le recours massif au chômage partiel fait peser sur les épaules des travailleurs les conséquences économiques de la crise

Après avoir reçu des dizaines de milliards d’euros d’aides publiques (sans aucunes contreparties exigées) via le CICE, le patronat est de nouveau abreuvé d’aides publiques : allègements de charges fiscales, fonds de solidarité, prise en charge par l’État des cotisations patronales, etc.. De leurs côtés, les travailleurs et travailleuses ne bénéficient d’aucune mesure comparable.

Il faut savoir qu’en cas de chômage partiel, l’employeur doit verser au salarié une indemnité correspondant à 70 % de son salaire brut par heure chômée soit environ à 84 % du salaire net horaire. Ainsi, et selon l’OFCE, ce sont en tout près de 80 millions d’euros qui disparaissent chaque semaine de la poche des travailleurs, amputant de manière dramatique les budgets de vie des familles populaires.

Les travailleurs se retrouvent ainsi contraints d’accepter leur paupérisation tandis que l’Etat encourage le versement de dividendes aux actionnaires privés de ces mêmes grands groupes gavés de subventions publiques.

Or, le coronavirus et le confinement n’ont pas aboli la vie chère et les situations de précarité. Le gouvernement exige ainsi que les travailleurs paient leurs quittances de loyer, les factures d’énergie, les achats de produits de premières nécessité, etc…

L’exemple du logement, illustration de la lutte de classes

Si Macron a annoncé le report au 31 mai de la trêve hivernale, Julien Denormandie, ministre de la Ville et du Logement, a lourdement insisté fin mars : « Il faut payer son loyer ». Ainsi, si l’annonce par le président de la République de la suspension des loyers ne concerne que les petites entreprises les plus impactées par la crise du Covid-19, les travailleurs, eux, sont invités à payer sans rechigner, malgré une perte importante de revenu en raison du chômage partiel.

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Si un fond de « solidarité » destinés aux locataires qui ne peuvent pas payer leurs loyers, a été créé, ce dispositif s’apparente davantage à de la charité qu’à de la « solidarité ». La loi ne prévoit pas en effet la suspension ou le gel des loyers pour les particuliers, au contraire des PME. Et ce, en plein confinement.

« Nous avons fait le choix de fournir des ressources pour ceux qui n’en ont plus », a affirmé le ministre du logement pour justifier la mesure accordée aux entreprises, faisant l’impasse sur le sort de millions de précaires, pourtant déjà étranglés par la vie chère bien avant la crise sanitaire et économique.

Pire, le ministre a même tenu à rassurer le patronat et les grands propriétaires et détenteurs du capital immobilier : « Les déclarations actuelles des pouvoirs publics ne doivent ni inquiéter les propriétaires bailleurs de logements ni rassurer leurs locataires : elles ne les concernent pas ! ».

Suppression des cotisations patronales : 2,4 milliards d’euros volés aux travailleurs tous les mois

Le patronat profite de la crise sanitaire et du contrôle qu’il exerce sur son État pour avancer ses pions dans la guerre de classes.

Si le gouvernement a annoncé la prise en charge des cotisations patronales, il ne met par exemple rien en œuvre pour augmenter les recettes de l’UNEDIC. Ainsi, toujours d’après l’OFCE, ce sont plus de 2,4 milliards d’euros qui chaque mois ne sont plus versés à l’UNEDIC à cause du non-versement des cotisations patronales. Or, cet argent appartient aux travailleurs.

Le patronat, avec l’appui du gouvernement, vole donc notre argent et s’affaire à casser de nos droits. Dans ces conditions, et pour faire face à un défaut de trésorerie, l’UNEDIC n’aura d’autre choix que de recourir à un emprunt auprès des charognes de la finance.

De la même manière, l’arrêt du versement des cotisations sociales va entraîner une chute dramatique des ressources du régime de base, et des régimes complémentaires de la Sécurité sociale.

Soulignons ici que l’article 2 de l’ordonnance du 25 mars envisage d’ailleurs la même solution que pour l’UNEDIC. L’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (ACOSS) sera contrainte de recourir à des emprunts sur les marchés financiers pour assurer le versement des prestations sociales. À terme c’est bien l’avenir de la Sécu qui est en jeu, avec encore une fois le faux prétexte de la « santé financière ».

Face à cette situation inacceptable, le Comité National des Travailleurs Privés d’Emploi et Précaires (CNTPEP) de la CGT a dénoncé l’asphyxie budgétaire de l’UNEDIC qui servira, après crise, de prétexte à la mise en application de la deuxième partie du décret « anti-chômeurs ».

Répondre à l’urgence avec notre projet CGT : la Sécurité sociale intégrale

Cette crise montre combien notre camp social a besoin, non seulement du gel immédiat des loyers et du contrôle des prix, mais aussi et surtout d’une protection sociale universelle pour faire face à l’ensemble des risques sociaux, du chômage, de la maladie, de la vieillesse, exacerbés par la gestion actuelle de la pandémie.

Face à l’avidité du patronat, les travailleuses et les travailleurs doivent répondre par l’unité de classe.

Nous ne pouvons pas nous satisfaire des miettes que le gouvernement consent à nous donner alors que le patronat croule sous l’aide publique. L’urgence sociale est d’abord celle de la reconquête d’une réelle protection sociale correspondant au maintien de l’intégralité du salaire, pour faire face à cette crise, et à toutes celles qui suivront.

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