La CGT Énergie avait prévenu dès le lundi 20 janvier que la semaine entière serait « rythmée par la grève et des actions innovantes partout en France ». Le syndicat avait dans la foulée revendiqué une très importante coupure de courant en région parisienne sur la zone d’Orly et du marché d’intérêt national (MIN) de Rungis.
Les travailleurs de l’Energie, déjà mobilisés contre le plan Hercule qui poursuit et amplifie le processus de démantèlement des services publics de l’énergie, multiplient les actions depuis le 5 décembre : coupure de courant mais aussi rétablissement d’électricité pour des foyers populaires privés de chauffage, ou encore basculement de centaines de milliers de foyers en heures creuses. Les syndicats CGT Energie d’Ile de France ont également revendiqué la coupure de courant au siège de la CFDT.
Quelques 140 000 salariés, travaillant principalement chez EDF et Engie, sont concernés par la fin du régime dit « spécial » des industries électriques et gazières (IEG).
Piquets de grèves et baisse de la production dans les centrales nucléaires
Des piquets de grève et des barrages filtrants ont été installés devant plusieurs centrale nucléaire, notamment les sites de Gravelines (Nord) de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir et Cher), du Tricastin (Drôme), d’Oraison (Alpes-de-Haute-Provence).
Les actions de filtrages permettent en effet de ralentir l’activité de la centrale, donc d’entrainer des baisses de charge, sans mettre en danger la sécurité des installations.
A Gravelines notamment, l’accès à la plus importante centrale nucléaire d’Europe de l’Ouest est filtré par près de 500 agents qui se relaient jour et nuit depuis le 14 janvier. Depuis une semaine, seulement 250 à 350 personnes en moyenne entrent chaque jour, au lieu des habituels 2 500 à 3 000 visiteurs, prestataires ou membres des 1 800 agents EDF.
La centrale hydroélectrique de Grand’Maison mis à l’arrêt
La centrale de Grand’Maison, en Isère, l’usine hydro-électrique la plus puissante de France, a été mise à l’arrêt le 21 janvier dans le cadre de la contestation de la réforme des retraites.
La CGT a précisé à la presse que la mise à l’arrêt avait été décidée en AG par les grévistes qui « se sont installés en piquet de grève reconductible pour une durée indéterminée. ».
La centrale de Grand’Maison est composée de deux usines qui totalisent 12 groupes d’une puissance installée totale de 1800 mégawatts, soit 9% de la puissance du parc hydraulique exploité par EDF en France.
Trois sites de traitement des déchets mis à l’arrêt en région parisienne
Les sites de traitement des déchets d’Ivry-sur-Seine, Issy-les-Moulineaux et Saint-Ouen, qui fonctionnaient déjà au ralenti, ont été mis à l’arrêt, à partir du mardi 21 janvier, de manière coordonnée suites aux décisions prises en Assemblées générales par les grévistes.
Julien Lambert, délégué CGT Mines Energie à Ivry-sur-Seine et membre du bureau de la Fédération nationale des Mines et Energie (FNME) a notamment déclaré à la presse que ces arrêts pourraient durer jusqu’au 27 janvier.
« Ca fait un mois et demi que les gens manifestent, agissent sur l’outil de travail, mais depuis des semaines on parle beaucoup de la RATP et de la SNCF, mais très peu des industries électriques et gazières. Jeudi 16 janvier, 30.000 salariés IEG étaient en grève, quotidiennement il y a des baisses de production mais dont on ne parle pas. Les salariés ont décidé de passer à la vitesse supérieure. », avait-t-il ajouté.
La CGT Energie multiplie les actions, deux agents d’Enedis mis en garde à vue
Hormis ces sites, la CGT Energie a également ciblé d’autres sites industriels : blocage des plateformes Serval d’Enedis-GRDF “ à Bordeaux (Gironde), Caen (Calvados), Champigneulles (Meurthe-et-Moselle), Gennevilliers (Hauts-de-Seine), Ploërmel (Morbihan) ; ralentissements aux terminaux méthaniers d’Elengy à Fos Cavaou (Bouches-du-Rhône) et Montoire (Loir-et-Cher…
Rappelons également que la répression s’organise contre les travailleurs de l’Energie. Outre les attaques de la presse patronale (Le Point, Le Figaro, BFM TV, etc…) d’une grande violence, l’accusation scandaleuse de « terrorisme » proférée par La République en Marche, deux syndicalistes agents d’Enedis (ex-ERDF) en Dordogne ont été placés en garde à vue pour une coupure « sauvage » d’électricité, le 10 janvier, dans une entreprise classée Seveso.