Chaque syndicaliste CGT garde en mémoire cette image de Pierre Gattaz, le prédécesseur de Geoffroy Roux de Bézieux à la tête du MEDEF, et de son fameux pin’s « 1 million d’emploi » en échange des milliards d’euros du CICE. Dès le début, il était clair pour tout le monde que le CICE n’avait qu’un seul objectif : engraisser gratuitement le patronat, sans honte, sans démocratie et… sans que les emplois promis ne soient jamais créés.
OU EN ES-T-ON AUJOURD’HUI ?
Lancé en 2013 sous le quinquennat Hollande, le Crédit d’impôts compétitivité emploi (CICE) a été pérennisé en 2019 par Emmanuel Macron lors de sa transformation en exonération de cotisations. Les sommes offertes via le mécanisme du CICE, sans aucune contreparties (même formelles), au patronat sont énormes : entre 2013 et 2017, 88,90 milliards d’euros ont ainsi été versés au titre du CICE aux entreprises.
Le 17 septembre dernier, un nouveau rapport sur « l’efficacité » du CICE a été publié par France Stratégie, un groupe de réflexion héritier de l’ancien commissariat général au plan et directement rattaché au premier ministre… Autant dire que ce rapport et ce groupe de réflexion sont orientés par le souci de tordre les chiffres pour minimiser le désastre que représente le CICE et surestimer le gain en termes de création d’emplois.
Selon ce rapport, dont la crédibilité est d’ores et déjà entachée, environ 100 000 emplois auraient été créés entre 2013 et 2016 pour 66,75 milliards d’euros d’argent public distribué… Une goutte d’eau pour des cascades d’argent public. La théorie du ruissellement libéral en une seule image…
Evidemment, ces chiffres ne prennent pas en compte les destructions d’emplois réalisés sur la même période…
Rappelons que si ces dizaines de milliards d’euros ont été littéralement volés aux Français pour être donnés au patronat, entre 2014 et 2017, la Sécurité sociale a été parallèlement et volontairement mise à mal par les gouvernements successifs, de « gauche » comme de droite, via la réduction de l’Objectif national des dépenses d’assurance-maladie, le gel des salaires dans la fonction publique, la réduction de l’investissement public.
Soulignons enfin que jusqu’à ce jour, et comme le souligne à juste titre le journal Mediapart, « aucun débat politique d’envergure n’a jamais été mené autour de l’évaluation de cette mesure. »
LE CICE C’EST LE VOL LEGAL DU PEUPLE
Avec la crise économique et sociale, les patrons ont bon dos d’expliquer que le CICE ne peut être ni remis en cause, ni remboursé. Croient-t-ils eux même à leurs mensonges ?
Du côté de notre classe, la question se pose : allons-nous les laisser faire ? Allons-nous accepter que près de 100 milliards d’euros aient été donné gratuitement à des entreprises déjà richissimes ? Que ces mêmes entreprises n’ont jamais créé de l’emploi ? Qu’aujourd’hui, ces mêmes patrons licencient à tour de bras tout en continuant à bénéficier des aides publiques ?
Cet argent appartient au peuple, et il doit revenir au peuple. Evidemment, il en va de même pour le plan de « relance » de 100 milliards d’euros du gouvernement entièrement calibré pour engraisser encore davantage une élite parasite.
Soulignons au passage que ce sont les mêmes patrons et politiciens qui, là encore sans honte, osent mépriser les privés d’emplois et précaires de notre pays, veulent réduire le montant (déjà très faible) des allocations chômage et la durée de l’indemnisation. Ce sont ces mêmes patrons et politiciens qui qualifient des pans entiers de la population « d’assistés » alors que les actionnaires de ces puissantes entreprises vivent sous perfusion d’argent public et de l’exploitation des travailleurs.
Ces milliards d’euros sont notre argent commun. A quoi doivent-ils servir sinon à contribuer au financement et au développement de notre système de santé à l’agonie, de la Sécurité sociale, de nos écoles, de la fonction publique et des services publics, à la relance de l’industrie et à la création d’emplois stables et sous statuts ?
La crise l’a montré : ce sont les travailleurs qui font tourner et vivre notre pays. Il est urgent de changer de modèle de société. La CGT, qui porte cette perspective de transformation sociale, doit faire résonner ce mot d’ordre dans toute la France : nous travaillons, nous produisons, alors nous décidons.