La Confédération Syndicale Internationale (CSI) s’est une nouvelle fois illustrée dans son rôle de « rabatteur » du mouvement ouvrier. Plusieurs lettres ouvertes, signées par le secrétaire général de la CSI (ITUC en anglais) ont été adressées au début du mois d’octobre au G20, au Fond Monétaire International et à la Banque mondiale.
Mais, que peut donc bien demander la CSI aux ministres du G20, et aux dirigeants de la Banque Mondiale et du FMI ? S’agit-il de mettre ces institutions impérialistes face à leurs responsabilités ? De promouvoir les intérêts de la classe ouvrière ? Ou encore de dénoncer le rôle criminel du FMI et du G20 dans l’imposition, partout dans le monde et depuis des décennies, de mesures d’austérité, de privatisations, de dépeçage et de pillage des biens qui appartiennent aux peuples des pays vampirisés par l’impérialisme ?
Non. C’est même tout l’inverse. A l’image de la tribune commune signée par les directions de la DGB allemande, de la CFDT, de la CGT, de FO, de la CFTC et de l’UNSA, en faveur d’un « plan de relance européen », ces lettres ouvertes représentent une illustration éclatante de la servilité de la CSI et de la CES (Confédération européenne des Syndicats) envers les institutions capitalistes et impérialistes.
« Dans ce contexte, il est évident que le plan d’action du G20 adopté en avril, bien que louable dans ses intentions, devient rapidement insuffisant pour protéger l’économie réelle des cicatrices à long terme », explique ainsi une des lettres ouvertes. « Nous vous exhortons donc à profiter de la réunion de la semaine prochaine des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales du G20 pour prendre des mesures concertées pour combler ce « déficit de relance » inquiétant. », précise encore une des lettres.
La CSI va jusqu’à adresser des recommandations au FMI et à la Banque mondiale ! Parle-t-elle de la propriété privée des moyens de productions ? Dénonce-t-elle le vol et la captation par une poignée de profiteurs des énormes richesses produites par les travailleurs ? S’oppose-t-elle aux mesures de confinement de classe ? Propose-t-elle une autre manière de voir la crise et les solutions (radicales et nécessaires) à y apporter ?
Encore une fois : non. Tout ce que quémande la CSI, c’est une « meilleure gestion » du capital, une « bonne » gestion de la crise. En réalité, les « syndicalistes » jaunes de la CSI veulent apparaitre comme la caution, syndicale et « responsable », des plans de soi-disant « relance ». Or, la fameuse « politique » de relance (à la Keynes) n’est pas dissociable de la politique de l’austérité. Ce sont là les deux faces de la même monnaie capitaliste et n’ont qu’un seul but : engraisser encore et encore le capital avec l’argent du peuple.
D’ailleurs, il faut souligner que la pseudo opposition « relance » vs « austérité » n’a pas lieu d’être. Ces dernières années l’ont bien démontré : « plans d’aides » (pour le seul bénéfice des entreprises) à coup de centaines de milliards d’euros ou de dollars, et régressions sociales tout azimut vont toujours de pair. Il n’y a donc pas lieu d’espérer, encore moins de revendiquer, une politique capitaliste plus « juste » ou pire, de diffuser l’illusion de la possibilité de « réformer » ou « humaniser » le système capitaliste.
Comment des « syndicalistes » peuvent-ils en venir à demander le soutien de la Banque mondiale et du FMI ? Les apologistes « de gauche » hypocrites de la CSI diront « Oui, il fallait les mettre face à leur contradiction ». Rien n’est plus faux : on ne demande pas au bourreau de nous épargner, on le désarme et on le renverse.
Dans un communiqué virulent, le puissant syndicat de classe grec PAME, affilié à la Fédération Syndicale Mondiale, a d’ailleurs dénoncé la CSI comme un instrument au service de la Banque mondiale et du FMI. Martyrisé par ces institutions impérialistes (et par l’UE et la Banque centrale européenne), le peuple grec n’oublie pas les années de restrictions violentes et brutales imposées avec l’aval des gouvernements grec, de droite comme de gauche.
« La CSI appelle les travailleurs à deviennent des mendiants et présente les organisations impérialistes comme le FMI et la Banque mondiale, ainsi que les gouvernements anti-ouvriers du G20, comme de possibles sauveurs des travailleurs ! », explique ainsi le PAME, ajoutant : « En même temps, il n’y a pas d’appel à l’organisation et à la lutte de la classe ouvrière [dans les lettres ouvertes de la CSI].
De même, « il n’y a pas de réaction contre l’exploitation des travailleurs au profit des multinationales, il n’y a aucune référence à l’attaque anti-ouvrière que les employeurs et les gouvernements intensifient dans tous les pays. Aucune mention de la nécessité de lutter contre les multinationales et les organisations impérialiste. », poursuit encore le PAME.
Rappelons au passage que la ligne idéologique de la CSI et de la CES dans cette crise mondiale est exactement la même, à la virgule près, qu’en 2008 lors de la crise financière et économique. A l’époque, le secrétaire général de la CES (2003-2011), Lord John Monks (annobli par la reine Elizabeth II en 2010…) proclamait, sans rire : « il faut sauver le capitalisme de lui-même».
Il n’y a donc pas à tergiverser. La CGT, au niveau confédéral, doit se démarquer des positions inacceptables de la CSI. Elle doit d’ailleurs, au niveau confédéral, quitter cette institution qui a toujours été du côté du patronat et de l’impérialisme, à la différence de la Fédération Syndicale Mondiale. Cette dernière représente plus que jamais la seule alternative syndicale au niveau international.
Au cours d’un entretien accordé à Unité CGT par le secrétaire général de la FSM, George Mavrikos a insisté : « Sans doute la force de la FSM ne serait pas aussi efficace sans une donnée essentielle : la base politique de l’unité des travailleurs que la FSM favorise. Et cela concerne le principe de l’unité de classe, l’unité basée sur les valeurs de notre classe. Ce n’est pas une unité “fourre-tout” comme celle défendue par ceux qui veulent l’édulcorer, mais bien une unité de classe qui mettra les capitalistes et leurs laquais dans la ligne de mire, et permettra l’avènement d’une société plus juste, sans exploitation de l’homme par l’homme. »
« En ce sens, l’unité défendue par la FSM est l’unité pour remplacer le capitalisme par un système social plus juste. Les réformistes et les bureaucrates de la CSI et de la CES se battent pour « maquiller » le capitalisme. Nous pensons que ce système ne peut pas être humanisé. Donc, nous devons le renverser. », avait-t-il ajouté.
Deux lignes existent donc dans le mouvement syndical international. L’une correspond à la collaboration de classe, l’autre à la lutte pour l’émancipation totale de la classe ouvrière. Cégétistes, notre choix est fait depuis longtemps, posons le débat dans nos syndicats et structures pour quitter la CES, quitter la CSI, et rejoindre la FSM !