LA FRANCE EN GRÈVE #3

LA FRANCE EN GRÈVE

Cheminots, Ports et Docks, Répression antisyndicale, livraison… Quelques illustrations de la lutte des classes en France

Les cheminots en grève le 1er décembre à l’appel de la CGT

Les cheminots, en particulier les aiguilleurs, ont participé en nombre à l’appel à la grève de la fédération CGT des cheminots.

La grève du 1er décembre a impacté des lignes majeures, à l’image du quart sud-est, notamment Lyon, et aussi directement perturbé l’ensemble des réseaux TER, paralysant le trafic dans de nombreuses régions, notamment en Champagne-Ardenne, en Lorraine, en Aquitaine, dans le Poitou Charente, en Occitanie…

Les cheminots, en lutte avec la CGT pour une augmentation des salaires, dénoncent également les manques d’effectifs, de postes, ou encore des congés régulièrement refusés et imposés.

Les Portuaires et les Dockers en grève pour la Paix !

« Les travailleurs Portuaires et Dockers s’opposeront toujours à toutes les guerres et appellent à la Paix ! » : Une grève d’une heure a été organisée sur tous les ports et docks de France le jeudi 30 novembre. Par cette action, symbolique et concrète, la fédération CGT des Ports et Docks et les ouvriers des industries portuaires engagent et diffusent le combat syndical pour la paix en Palestine.

« Fidèle à notre histoire, à nos Anciens qui ont à plusieurs reprises pris la décision de lutter contre toutes les guerres en refusant d’embarquer les armes, en manifestant leur opposition à celles-ci », déclare la fédération CGT des Ports et Docks.

Comme nous l’écrivions dans cet article, les syndicalistes CGT des entreprises de l’armement, mais aussi industries à potentiel militaire (métallurgie, industries chimiques…) ou logistiques (transport routier, ferroviaire, aérien, portuaire, aéroportuaire…) ont un rôle fondamental à jouer dans la vigilance face aux profiteurs de guerre. Les travailleurs qui manipulent et fabriquent les armes ou composantes, sont – à chaque étape – sur les lieux stratégiques de production, stockage, embarquements, transbordements, livraisons. Il est tout à fait légitime d’exiger, avec les CSE notamment, de l’employeur les engagements et preuve à la non-participation de l’entreprise à l’effort de guerre israélien.

Caméras dissimulés : à la Samaritaine, LVMH espionne ses salariés

Une longue enquête publiée le 25 novembre par le journal Mediapart a révélé une sordide affaire d’espionnage de salariés de la Samaritaine, grand magasin parisien et propriété de LVMH, par la direction du groupe.

« Ils conservaient images et sons, permettant d’accéder à des conversations professionnelles ou personnelles, voire à des échanges normalement confidentiels entre salarié·es et représentant·es du personnel. » : des centaines de vidéos clandestines ont été tournées par des caméras espions camouflées en détecteurs de fumée depuis (au moins) fin août.

Cité par Médiapart, le représentant syndical CGT de la Samaritaine, Jean-Michel Remande explique : « Ce qu’on a découvert est très grave : la Samaritaine a surveillé ses salariés au moyen de dispositifs espion, sans en prévenir ni les salariés, ni les représentants du personnel. C’est complètement illégal ».

Les deux cartes mémoires prélevées sur les caméras espions sont désormais aux mains de la fédération commerce de la CGT. Malgré l’évidence, le groupe s’enterre et dément des « accusations graves » et « fausses ». Un déni symptôme de la toute-puissance patronale ? Les cas d’espionnage des salariés semblent se multiplier ces dernières années ; une affaire similaire a récemment secoué, là encore grâce à la vigilance des salariés avec la CGT, le groupe Michelin (lire ici).

Grève nationale dans la livraison

Uber, Deliveroo, Just Eat… une grève nationale a secoué le secteur de la livraison les 2 et 3 décembre, à l’appel de plusieurs syndicats (Union-Indépendants, la fédération CGT Transports et SUD Commerces). Depuis la mi-octobre, la colère gronde chez les livreurs, notamment d’Uber (65 000 travailleurs), contre le changement des pratiques de rémunération et la baisse brutale des revenus de ces travailleurs payés à la tâche.

Les syndicats exigent la transparence du prix des courses et l’augmentation significative des rémunérations »

Aéroports de Paris : grève et manifestation à Orly le 28 novembre

A Orly, un deux principaux aéroports parisiens et principale plateforme aéroportuaire de la compagnie Air France, les salariés ont fait entendre leurs colères sur le site val-de-marnais.

« Air France doit rester à Orly » : en grève et manifestation à l’appel des syndicats (et renforcé par l’Union locale CGT et l’Union départementale CGT 94), les travailleurs, notamment les salariés d’Air France, dénoncent le plan de la compagnie Air France, annoncé le 18 octobre, et qui prévoir de regrouper en 2026 la desserte des destinations intérieures à Paris-Charles-de-Gaulle (CDG), conduisant à la suppression de six lignes à Orly où seules subsisteront les liaisons vers la Corse.

« Le projet de départ d’Air France de la plateforme aéroportuaire d’Orly est une ineptie pour les salarié.es qui savent très bien que les clients n’iront pas à Roissy pour prendre l’avion, une catastrophe sociale et la dégradation de leurs conditions de vie pour celles et ceux qui ont construit leur vie à proximité de leur lieu de travail. »

Intimidations contre la CGT, nous ne laisserons pas faire !

Une nouvelle tentative d’intimidation de la CGT est orchestrée par le pouvoir. Myriam Lekbiri, membre du Bureau Confédéral de la CGT et co-secrétaire générale de l’UD CGT 95 est convoquée le 8 décembre à la gendarmerie de Pontoise. Un responsable de la CE de l’UD CGT 95 est également convoqué.

Quelques mois plus tôt, Sébastien Ménesplier, secrétaire général de la Fédération CGT Mines et Energie et membre du Bureau Confédéral de la CGT avait lui aussi été convoqué à la gendarmerie de Montmorency.

Voir aussi : interview avec Sébastien Ménesplier, secrétaire général de la Fédération CGT Mines et Energie et membre du Bureau Confédéral de la CGT

L’Etat, le gouvernement et le patronat cherche à « reprendre la main » après des mois de mobilisations sociales. La convocation de deux membres du Bureau confédéral CGT et un message d’intimidation qui est adressé à l’ensemble de la CCGT, et au-delà, à l’ensemble des travailleurs du pays.

Rappelons que plus de 1000 syndicalistes CGT sont trainés devant les tribunaux ou subissent des procédures iniques ; cette situation scandaleuse révèle toutefois la peur du pouvoir face à la capacité de la CGT à fédérer et organiser la lutte et surtout la crainte de voir les luttes, notamment salariales, monter en puissance.  

La CGT appelle à un rassemblement le 8 décembre, jour de la convocation de Myriam Lekbiri, devant le commissariat de Pontoise.