Grève et rassemblements contre la « loi du fric » à Sanofi
Les salariés de Sanofi était appelés à la grève par la Coordination CGT Sanofi pour dénoncer la restructuration brutale du géant pharmaceutique. Des rassemblements ont notamment été organisés à Vitry-sur-Seine et à Lisieux.
Sanofi a annoncé le 27 octobre se séparer d’ici un an de son pôle de santé grand public pour, selon la direction de la multinationale, se spécialiser dans la recherche et le développement de biomédicaments et de vaccins.
L’activité de médicaments sans ordonnance et de compléments alimentaires sera donc abandonnée par le premier groupe pharmaceutique français, abreuvé d’argent public. Le pôle que veut céder Sanofi compte 11 000 salariés et 13 usines dont deux en France, une à Lisieux (Calvados) qui fabrique notamment le Doliprane et une autre à Compiègne (Oise). En outre, mi-novembre, Sanofi a annoncé vouloir céder la gestion de ses entrepôts et la distribution de ses produits en France au géant américain de la logistique DHL.
Pourtant, les traitements contre les allergies, toux et rhume, la douleur, pour la digestion ainsi que les compléments alimentaires ont généré 5,1 milliards d’euros de ventes mondiales en 2022, soit 12 % du chiffre d’affaires. Mais, ces montants, déjà hors normes, ne sont pas suffisantes, estiment la direction de Sanofi et les actionnaires du groupe.
Rappelons quelques chiffres :
- Sanofi a reçu (sans contreparties) 1,5 milliards d’euros d’aides publiques en dix ans.
- Le Chiffre d’Affaire du groupe dépend à plus de 80% des remboursements de la Sécurité sociale.
- 4,4 milliards d’euros ont été distribués aux actionnaires du groupe en 2022.
- Les milliers de travailleurs de Sanofi en France font, eux et elles, face à une précarité et aux bas salaires, raison par ailleurs de la grande grève historique de l’automne 2022, engagée par la CGT de façon coordonnée et simultanée sur plusieurs sites du géant pharmaceutique.
Ajoutons que ce scénario, décidé par les patrons de Sanofi au nom d’une rentabilité capitalistique toujours plus folle, casse et précarise l’emploi, et fragilise considérablement la souveraineté et l’autonomie du pays sur le sujet sanitaire majeur que représente l’accès individuel et collectif à la santé, sans dépendances et en liberté.
Rappelons au passage que Sanofi a été modelé avec la participation active et directe du capitalisme d’Etat et des capitalises d’Etat, avec notamment la poursuite des restructurations des industries chimiques et pharmaceutiques (comme le rachat d’Aventis en 1999, largement issue de l’ex Rhône Poulenc) engagées dans les années 1980. La caste politique, au pouvoir depuis des décennies, est responsable de ces ventes (à l’image aussi de la privatisation des lignes de chemins de fer) à la découpe de secteurs, non seulement stratégiques, mais également – et littéralement – vitales.
Il est cocasse, pour rester poli, qu’après la crise sanitaire et les promesses (habituelles) du « plus jamais ça », qu’un pan immense de notre capacité de réponse sanitaire, au quotidien comme face à l’extra-ordinaire, est, au mieux, mise à mal par la rapacité d’une poignée indirectement de « dirigeants », véritables parasites qui se goinfrent quatre fois : sur le contribuable dont il extorque des « aides » de l’Etat, sur le salarié de Sanofi dont il exploite le travail, sur le malade dont il profite de la situation de vulnérabilité, sur la Sécurité sociale, dont il tire un bénéfice certain du fait de de la situation d’oligopoles privés dans le secteur – très lucratif – des industries pharmaceutiques.
La direction du Sanofi a décidé, quoi qu’il en coûte, de maintenir ses profits à un maximum toujours plus lunaire. Pour ce faire, il n’hésite pas à « se restructurer », c’est-à-dire écraser et passer à « autre chose », laissant sur le carreau, et les salariés et les patients.
La crise Covid l’avait rappelé, les capacités industrielles du pays à répondre aux « problèmes sanaires du quotidien » comme aux crises exceptionnelles sont la seule mesure valable et crédible à notre capacité à faire face.
La gestion du Covid, lamentable et criminelle, par le gouvernement n’a pas fait place à la réflexion – encore moins à l’action – au sommet de l’Etat. Comme à l’Hopital, le pire continu. Mais, comme ailleurs, la capacité de réaction des travailleurs de Sanofi peut permettre d’enrayer la machine.
Dans un communiqué, la CGT Sanofi « exige l’intervention de l’Etat, afin d’arrêter ce massacre industriel qui de toute évidence va encore fragiliser un peu plus l’indépendance thérapeutique de la France et de l’Europe. Il est de plus en plus urgent que les politiques reprennent le débat de la nécessité de créer un pôle public de santé, qui pourrait regrouper, organiser et coordonner la totalité de l’offre de soins en réponse aux besoins de l’hôpital, en passant par la médecine de ville jusqu’au patient, organisant la production et gérant les stocks de médicaments, matériels et dispositifs médicaux. Il faut stopper la folie chez Sanofi ! »
Un véritable monopole public des industries pharmaceutiques permettrait enfin d’assurer aux travailleurs un salaire à la hauteur du travail, à l’usager la qualité et la disponibilité des médicaments, au pays son autosuffisance !