LA FRANCE EN GRÈVE
Retour sur les grèves en cours ou déclenchée en novembre et alors que s’ouvre un cycle de négociation annuelle obligatoire dans de nombreuses entreprises, plusieurs secteurs montent en puissance, à une semaine de la journée de grève nationale dans la fonction publique du 5 décembre et à deux semaines de la journée nationale de grèves et mobilisations pour l’industrie du 12 décembre :
> A l’appel des syndicats CGT et de la FNIC CGT, une journée de grève a été organisée le 26 novembre pour la défense des emplois et en préparation de la journée du 12 décembre. Les industries chimiques avec plusieurs grèves et « conflits sociaux » en cours notamment à Michelin et à Vencorex, sur la plateforme de Pont de Claix, où la mobilisation des salariés grévistes impacte désormais très fortement la production et transport d’éthylène, indispensable au fonctionnement de l’industrie.
> l’appel à la grève reconductible à partir du 11 décembre à la SNCF par la CGT et les différentes fédérations syndicales contre la liquidation/privatisation du Frêt SNCF épouse également la nécessaire revalorisation salariale exprimés par de nombreux cheminots
> La Fédération nationale des ports et docks CGT appelle à 48 heures de grève dans les ports français les 9 et 10 décembre contre l’application de la réforme des retraites et rejette l’augmentation de 1,1% des minima conventionnels formulés par l’union nationale des industries dans les ports français.
> Les différents versants de la Fonction publique appellent à la grève le 5 décembre; notamment contre l’allongement du délai de carence.
Grève victorieuse à la Propreté Ile de France (Vitry)
« Grève éclaire, victoire éclatante, patron en PLS » : la grève a été puissante et victorieuse à la Propreté Ile de France comme le relate un tract du 3 décembre du syndicat CGT avec l’UL CGT de Vitry-sur-Seine. Les grévistes ont obtenu un succès total en gagnant une augmentation de salaires, un 13e mois pour tous les salariés, le paiement des jours de grève, des chèques-cadeaux pour Noël, ainsi que des engagements (minimaux) de la part de la direction pour des conditions de travail dignes. Bien plus, pour les travailleurs mobilisés, « la peur a changé de camp » après cette « victoire puissance 5 ».
Grève à ArcelorMittal contre les plans de fermeture et de suppression d’emploi !
« L’heure est à la mobilisation et à l’action ! » : l’annonce de la fermeture des usines de Denain et de Reims (et de 150 suppression d’emplois directs) par le géant sidérurgique ArcelorMital est tombée mardi 19 novembre en fin d’après-midi. Dès 8h le lendemain les ouvriers des sites étaient était en grève.
« L’arme des travailleurs c’est la grève » : cette riposte ouvrière et immédiate, qui fait écho aux grèves en cours à Michelin ou Vencorex contre les fermetures d’usines, est la meilleure réponse à cette nouvelle attaque contre l’industrie et l’emploi, dans la suite logique de la saignée XXL que les patrons, gavés à millions et milliards par l’argent public, opèrent dans le pays.
À Denain, dans le Nord, qui déroule de l’acier pour le ferroviaire (toits des wagons notamment), l’agriculture et le mobilier urbain (nouveaux poteaux LED) ou encore les Anneaux olympiques de la Tour Eiffel, la grève devrait durer jusqu’au début de la semaine prochaine, lorsqu’ArcelorMittal tiendra une réunion avec les représentants du personnel, à Metz. Par ailleurs, l’intersyndicale du groupe Arcelor Mittal a appelé à une journée de grève et à d’action sur l’ensemble des sites.
Une journée de mobilisations et grève pour le maintien de l’industrie et de l’emploi est organisée le 12 décembre dans toute la France par la CGT. D’autres initiatives vont également avoir lieu, à l’image de l’appel à la grève et à la manifestation sur le site de Vencorex (plateforme chimique de Pont de Claix) le 26 novembre par la FNIC CGT.
L’interdiction de tous les licenciements, la nationalisation, avec expropriation totale, et sous contrôle des travailleurs, est une revendication clé et porte un objectif très concret. Portons ensemble, face au patronat, des luttes offensives qui refusent les fermetures d’usines et les licenciements. Des solutions très immédiates se posent d’emblée : pour financer le maintien de l’emploi et de l’activité, ce sont les caisses des patrons et actionnaires qu’il faut confisquer et ponctionner.
Elections TPE : déploiement CGT massif au MIN de Rungis
Puissante action organisée par la CGT ce matin dans le Val-de-Marne en direction des milliers de salariés du Min de Rungis, gigantesque et indispensable complexe logistique de l’agroalimentaire.
Dans le cadre des élections TPE, plus de 500 militants de la fédération CGT du Commerce et des Services et de l’UD CGT 94, avec la secrétaire générale de la Confédération CGT, se sont ainsi déployés auprès des travailleurs du plus grand marché d’Europe.
Dans la foulée, des actions se sont poursuivies dans le département, à Vincennes en direction des salariés des TPE notamment et à la Fnac d’Ivry, en grève pour les salaires.
A Vencorex : la grève illimitée se poursuit !
La grève illimitée et la lutte de classe continuent sur les plateformes chimiques iséroises de Pont-de-Claix et Jarrie menacées d’éradication par le patronat de la chimie. La production et transport d’éthylène, indispensable au fonctionnement de l’industrie, est désormais très perturbée. Après une seconde journée de manifestation organisée par la CGT le 30 octobre, avec plus de 1 000 ouvriers des plateformes chimiques, un nouveau meeting a été organisé le 7 novembre, avec la présence de la secrétaire générale de la CGT, puis le 26 novembre.
Le tribunal de Lyon a statué de son côté que la période d’observation était prolongée jusqu’au 6 mars, date de la prochaine audience.
> Plus de 6 000 emplois sont menacés par les annonces de fermeture de l’usine Vencorex et ses conséquences pour les entreprises interconnectées des deux plateformes, en particulier pour le site industriel d’Arkema à Jarrie, mais aussi pour Air Liquide, Solvay, Suez ou encore Framatome.
> « La seule variable qui fait reculer le patron c’est la lutte. Il n’y a pas d’autres issues pour obtenir des emplois de qualité. […] Les patrons de Vencorex comme la totalité des patrons ont les poches pleines, ça dégueule de fric de partout. Mais ça ne leur suffit pas donc ils délocalisent pour augmenter leurs profits. », avait expliqué le secrétaire général de la FNIC CGT, Serge Allegre, à Unité CGT, le 1er octobre dernier, avant de mettre en avant la nécessité impérieuse pour le pays de conserver et développer ses industries.
Auchan
Le groupe Auchan a annoncé le 5 novembre un plan brutal de 2 389 licenciements ainsi que la fermeture d’une dizaine de points de vente.
Selon la CGT, le groupe a réalisé 1,5 milliard de bénéfices en 2023 et 300 millions pour le seul premier trimestre de 2024. Rappelons également le dépeçage du groupe Casino et la signature d’un accord entre le groupe et les Mousquetaires (Intermarché) pour racheter 98 magasins de Casino.
Dans un communiqué, la fédération CGT du Commerce et des Services a dénoncé « un énième plan de destruction massif d’emploi financé par des aides publiques et rappelle que le groupe « à lui seul, a bénéficié de 500 millions d’euros d’aides publiques » avec « des pratiques véreuses [qui] ne cessent de se multiplier » sans intervention de l’Etat.
Un premier site, celui de Clermont Ferrand a été ciblé par les travailleurs en lutte avec la fédération CGT. Une action, avec conférence de presse, est prévue le 4 décembre au magasin Auchan de Fontenay-sous-Bois, dans le Val-de-Marne.
Grève dans la petite enfance le 19 novembre
La fédération CGT des services publics a appelé les agentes et agents de la petite enfance à faire grève et à rejoindre les manifestations Mardi 19 novembre 2024 partout en France à l’appel du collectif « Pas de Bébés à la Consigne ».
Dans un tract, la CGT rappelait que « la pénurie de personnel ne permet plus de respecter les taux d’encadrement, ni d’être en capacité de répondre aux besoins des familles ».
Ces conditions de travail mettent en péril les métiers de la petite enfance et favorisent la perte de sens, le ras le bol et le manque d’attractivité de ces métiers dits « humains » […] Il manque actuellement entre 200 000 et 300 000 places d’accueil dans le pays et 10 000 postes ETP pour faire fonctionner les structures correctement. », expliquait encore la fédération CGT.
Rappelons que ces derniers mois, des révélations de management capitaliste sordide ont accablé les géants privés du secteur et mis en lumière la complicité du gouvernement. .
Parmi les revendications, qui exigent également des augmentations salariales immédiates, figure notamment l’amélioration des conditions de travail et une véritable reconnaissance des qualifications des métiers de la petite enfance, une politique ambitieuse de la petite enfance, véritable investissement pour l’avenir des enfants et de notre société́ ; Un véritable service public de la petite enfance, seule alternative à la marchandisation du secteur.
La CGT revendique aussi « la modification du taux d’encadrement 1 pour 5 en 2027 et 1 pour 4 en 2030 avec la mise en place immédiate d’un décret. ».
Sanofi
A Lisieux et Compiègne, les travailleurs du groupe Opella, filiale du géant Sanofi qui produit notamment le doliprane, sont entrés en grève la semaine du 11 octobre à l’annonce de la vente d’Opella au fond d’investissement américain CD&R.
Les salariés des sites s’inquiètent notamment des risques de délocalisation et dénoncent l’hypocrisie gouvernementale et présidentielle au sujet de la souveraineté industrielle et de la sauvegarde de la production de médicaments en France.
Le scandale est d’autant plus fort « le groupe a dû toucher un total de 2 milliards, voire 2,5 milliards d’euros grâce crédit d’impôt recherche (CIR) des exonérations de cotisations sociales », a rappelé au journal l’Humanit Jean-Louis Peyren, secrétaire fédéral de la Fédération nationale des industries chimiques (Fnic-CGT) et salarié chez Sanofi.
Par ailleurs, la FNIC CGT a rappelé dans un communiqué que « l’entrée de l’État au capital d’Opella n’est qu’une position de façade, dont le seul but est d’éteindre un incendie qui gêne Sanofi et de permettre au gouvernement BARNIER de paraître comme un gouvernement à la main de fer, n’hésitant pas à jouer la carte de l’interventionnisme face à une multinationale française qui ne respecterait pas les intérêts nationaux ».
Pour rappel, la CGT Sanofi porte la revendication d’un pôle public du médicament afin de répondre aux besoins de la population.
Assurance chômage
« De Brest à Schiltigheim, de Lille à Marseille, en passant par Paris, le 30 octobre, la CGT et ses comités de travailleurs privés d’emploi et précaires étaient mobilisés dans plus de 35 villes. » relate le Comité national CGT des travailleurs précaires et privés d’emploi, à l’initiative de la mobilisation et à l’occasion des négociations de la nouvelle convention Assurance chômage et sur l’emploi des seniors.
Les patrons « organisent sciemment le chômage et la précarité dans le seul but d’exploiter davantage les travailleurs et augmenter encore leurs profits ! » rappelle la CGT Chômeurs et précaires qui souligne le contexte de « fermetures d’entreprises et la suppression d’emplois [qui] se multiplient dans tous les secteurs »
Le CNTPEP CGT exige notamment la « mise en place d’un véritable plan de lutte contre la pauvreté, via la mise en place d’une Assurance chômage véritablement protectrice, avec une allocation minimale pour tous les travailleurs privés d’emploi » ainsi que « la création d’emplois de qualité et pérennes dans l’industrie et les services publics pour répondre aux besoins sociaux ».
Ultimatum des syndicats à la SNCF : appel à la grève nationale reconductible
Les fédérations syndicales de cheminots ont appelé à la une journée de 24 de grève le jeudi 21 novembre, mais aussi un préavis de grève illimitée cette fois à compter du 11 décembre, contre le nouveau modèle de Fret SNCF imposé par la Commission européenne et l’ouverture à la concurrence sur les lignes régionales. Les syndicats ont prévenu que cette journée de grève était un « ultimatum » avant un « mouvement de grèves plus long et plus fort en décembre. »
Le communiqué unitaire revendique notamment « l’arrêt du processus de discontinuité de Fret SNCF et obtention d’un moratoire, l’arrêt du processus de filialisation TER, Transilien et Intercités, une loi de programmation pluriannuelle pour la modernisation du système ferroviaire. »
La Fonction publique prépare la riposte aux annonces du gouvernement
A l’issue d’une réunion ce jeudi 7 novembre avec le ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, la CGT et FO ont annoncé leur volonté d’appeler à la grève prochainement pour protester contre la réduction des droits des fonctionnaires en arrêt maladie. Dans le même temps, le sinistre ministre Guillaume Kasbarian a fait distiller dans la presse une rumeur d’abandon de suppression des catégories de fonctionnaires.
Dans un communiqué, la CGT Fonction publique « en appelle aux agents et agentes afin qu’ils et elles se mobilisent pour imposer d’autres choix. C’est dans ce sens qu’elle proposera, lors de la prochaine rencontre des organisations syndicales de la Fonction publique, le 12 novembre, de construire une première journée de mobilisation sous la forme de la grève et de manifestations, dans l’unité la plus large. »
A Grenoble, grève victorieuse à la Compagnie de chauffage
Après plus d’une semaine de grève et malgré un arrêté préfectoral de réquisition des personnels, les salariés de la Compagnie de chauffage, qui alimente la métropole grenobloise, ont obtenu satisfaction, notamment sur des augmentations salariales.
Grève des salariés d’Ambulance Terre Atlantique
Les salariés de l’entreprise Ambulance Terre Atlantique sont entrés en grève le jeudi 24 octobre et dénoncent les retards dans le paiement des salaires et « un défaut de mutuelle et un manque d’entretien du parc automobile ».
Victoire des grévistes du Crous de Reims
Contre de mauvaises conditions de travail, une puissante grève illimitée lancée le 22 octobre, à l’appel de la CGT, au Crous de l’Université de Reims-Champagne (URCA) a fait plier la direction qui a annoncé l’ouverture de postes supplémentaires et la prolongation des CDD qui remplacent des salariés en arrêt maladie.
Les salariés font plier les Maitres laitiers du Cotentin
Dans la Manche, les salariés de la coopérative des Maitres laitiers du Cotentin, leader européen de la production de fromages frais pour la restauration hors foyer et la grande distribution, et de la société de transport Arcens, filiale de la coopérative, ont obtenu des avancées sociales après le déclenchement d’une grève. Le groupe Maîtres laitiers du Cotentin.
L’Etat brise la grève des officiers de navigation du port de Saint Nazaire
La réquisition le 23 octobre dernier des officiers de navigation grévistes d’une société privée par l’Etat a, malgré la volonté de continuer le conflit, entrainé la suspension du mouvement social sur le port de Saint-Nazaire. Les salariés grévistes ont annoncé des poursuites judiciaires pour entrave au droit de grève.
La grève des officiers, capitaines et chefs mécanises du groupe espagnol d’opérations portuaires Boluda paralysait depuis le 17 octobre l’activité du grand port de Saint-Nazaire. Les plus gros navires – – paquebots, pétroliers et autres porte-conteneurs ne peuvent plus accostés à l’embouchure de l’estuaire de la Loire, être accompagnés à destination des quais, vers et hors des bassins.
Plus de 15 navires avaient été contraints de se maintenir au large tandis que de nombreux vaisseaux étaient détournés vers des escales plus lointaines.
La grève des remorqueurs a éclaté après l’échec des négociations annuelles sur les salaires et le refus de la proposition – particulièrement indécente au vu des résultats record dans le secteur – d’une augmentation de 0,5% en 2025.
ID Logistics
A Marseille, les travailleurs de l’entrepôt de Saint-Antoine d’ID Logistic, sous-traitant d’Amazon, sont en grève depuis deux semaines, à l’appel de la CGT, face à la décision de la direction de de ne plus exploiter l’entrepôt à partir du 31 octobre 2024 et de muter les salariés à 135 km de leur lieu de travail actuel.
Rappelons ici que l’activité d’ID Logistics en France a enregistré une croissance de 6,1%, (26% du chiffre d’affaires du groupe). Autant dire qu’ID Logistics a largement les moyens de maintenir l’emploi dans des conditions sociales optimales.
Saunier Duval
Une grève totale, avec 99% de grévistes, a paralysé l’usine de pompes à chaleur et de chaudières Saunier Duval, propriété du groupe Vaillant. Face au plan brutal de licenciement organisé par le groupe, – 225 des 750 salariés sont menacés de licenciement, dès le début de l’année 202 -, les ouvriers ont répondu par la grève !
Il faut dire que la proposition ridicule et humiliante de la direction pour les départs volontaires a donné le ton de la « discussion » du point de vue patronal : 3 000 euros, soit le prix de vente de l’une des 450 chaudières assemblées quotidiennement dans l’usine.
Pourtant, rappelons les chiffres du groupe Vaillant : 3,7 milliards de chiffre d’affaires en 2023, un record. Le groupe a largement les moyens de maintenir l’emploi. Seule la lutte des salariés permettra d’imposer à la direction d’abandonner son plan antisocial.