GAZA, VILLE-MARTYRE ET CIMETIÈRE POUR DES MILLIERS D’ENFANTS
Le philosophe italien Giorgio Agamben rapportait en octobre dernier : « Des scientifiques de la School of Plant Sciences de l’université de Tel-Aviv ont annoncé ces derniers jours qu’ils avaient enregistré, à l’aide de microphones spéciaux sensibles aux ultrasons, les cris de douleur que les plantes émettent lorsqu’elles sont coupées ou lorsqu’elles manquent d’eau. Il n’y a pas de microphones à Gaza. »
Ce qui se passe actuellement à Gaza et en Palestine occupée est un défi à la raison.
Le massacre en cours depuis plus de 40 jours, et en dépit d’une trêve de 4 jours et de quelques échanges d’otages et prisonnières, est une violation assumée de toutes les règles, conventions ou normes, écrites ou non, qui régissent le « droit » de la guerre et les opérations militaires, en particulier en ce qui concerne les populations civiles.
Un dernier exemple actuellement en cours : les batailles « des hôpitaux », précédées par le bombardement méthodique des infrastructures de santé gazaouis. Crime de guerre.
Déplacement forcé d’un million d’habitant, harcelé par les frappes dans leur exode (pourtant ordonné par les mêmes autorités israéliennes qui font mitrailler des files de civils sans défense) ? Crime de guerre.
La ville de Gaza a été coupée en deux par l’opération au sol mené par Israël et qui se concentre sur les hôpitaux, dévastés par les frappes militaires, les tirs de chars, les intrusions israéliennes à l’intérieur des édifices qui hébergent, outre les centaines de blessés graves, des centaines, voire des milliers de réfugiés gazaouis chassés par la destruction de quartiers entiers de la ville.
Près de 15 000 civils ont été tués par les frappes israéliennes. Tsahal et le pouvoir israélien ont déversé des milliers et des milliers de bombes sur la cité assiégée.
On compte plus de 6500 enfants tués. Gaza était une ville-prison sans défense aérienne, c’est maintenant un cimetière géant d’enfants assassinés par l’armée « la plus morale du monde » (sic).
Les images de cette guerre très médiatique font le tour du monde et prennent l’ensemble des peuples à témoins du caractère génocidaire de la politique israélienne envers le peuple palestinien.
Toutes les grandes institutions, l’ONU, l’OMS, les organisations internationales, la Croix Rouge, les associations humanitaires, Amnesty International, toutes ont dénoncé, en de termes qui ne laissent place à aucune équivoque, le massacre en cours. Certaines ont tenu tête, à l’image de l’Agence France Presse. Toutes ont été insultées en retour par un Etat d’Israël dont le sentiment de « toute puissance » couplé à un logiciel idéologique sioniste, raciste et colonial, met en danger de mort directe des millions d’habitants, y compris israéliens, de la région.
Car le nettoyage ethnique, larvé et par à-coups, s’est brutalement accéléré. La situation à Gaza est évidente : le risque est possible et probable d’assister à la plus grande catastrophe de ce début de XXIe siècle et l’expulsion des 2,3 millions de Gazaouis ainsi que les millions de Palestiniens vivant en Cisjordanie.
L’Occupation illégale des terres palestiniennes, l’étouffement des libertés individuelles, collectives et politiques de tout un peuple, n’a jamais inquiété les politiques au pouvoir. La situation géopolitique en 2023, l’hégémonie quasi-totale de l’extrême droite (sous ses différentes chapelles) en Israël et surtout le caractère colonial de l’Etat d’Israël et ses politiques d’Apartheid, rendent possible et probable cette Nakba 2.
De même, les répercussions géopolitiques et les torsions sociales et sociétales à l’intérieur des pays voisins, mais aussi en Europe et aux Etats-Unis, laissent présager d’une aggravation généralisée des rapports de force. A ce titre, l’obstination de Washington, Paris, ou Berlin de refuser tout appel à un cessez-le-feu a révélé l’hypocrisie occidentale au grand jour. Sans doute sommes-nous à ce niveau à un point de rupture Il sera par exemple désormais très difficile ou impossible pour les VIP des grandes puissances occidentales de convaincre du bien-fondé du soutien occidental à l’Ukraine contre la Russie après cette pantalonnade morale dont le monde entier a été témoin.
La vérité finira par surgir quant à la réalité des horreurs perpétrés par Israël en Palestine, en particulier à Gaza. Les images des hôpitaux, des soldats israéliens qui progressent parmi les cadavres de blessés, des bébés en couveuses bientôt débranchés à cause du blocus qui prive les Gazaouis de carburant pour alimenter l’électricité des infrastructures sont un véritable film d’horreur, suivi en live interplanétaire via les réseaux sociaux. Et ce, malgré le blocage systématique de l’information par les communicants de Tsahal et leurs relais et l’abondance de fake news, toutes plus invraisemblables les unes que les autres.
Ne nous leurrons pas, une partie de ceux qui applaudissent aux massacres par milliers d’enfants gazaouis, n’auront aucun état d’âme à justifier sur les plateaux télévisés une opération de purification ethnique, quelques soit son appellation politicienne.
C’est pour cela que le crime contre l’Humanité que constitue à lui seul l’agression d’un Etat suprémaciste et surarmé contre une cité sans défense, doit être condamné et dénoncé.
Poursuivons les mobilisations pour exiger un cessez-le-feu immédiat et la fin de l’Occupation et de l’Annexion israélienne en Palestine, conditions nécessaires à la Paix et à la Justice pour tous et toutes !