HOMMAGE AUX MARTYRS ANTIFASCISTES DU MÉTRO CHARONNE

HOMMAGE AUX MARTYRS ANTIFASCISTES DU MÉTRO CHARONNE, ASSASSINÉS PAR L’ÉTAT FRANÇAIS LE 8 FÉVRIER 1962

A l’occasion de la commémoration du massacre du métro Charonne, nous partageons un texte d’un camarade de la CGT :

 “Hommage à la mémoire de nos martyrs CéGéTistes et communistes de Charonne, assassinés sous l’Etat d Urgence par la police de De Gaulle et Papon pour avoir manifesté contre l OAS et la guerre d Algérie….

De Gaulle qui savait la guerre d’Algérie perdue, la faisait traîner en longueur pour négocier au mieux le retrait de la France coloniale, en gardant ses positions sur les hydrocarbures d’Algérie.

D’un autre côté, lui qui avait utilisé les ultras pour arriver au pouvoir, les avait “trahis” ensuite, en abandonnant la cause de “l’Algérie française”, ce qui génère une vague d’attentats de l’OAS, dont le dernier contre Malraux  à conduit à la défiguration d’une fillette de 4 ans…

Le tout sur fond d’une répression intérieure féroce contre le mouvement anti-impérialiste, (interdiction des manifestations, saisie des journaux, arrestations, tortures en plein Paris et massacre du 17 octobre 1961).

Le Parti communiste et la CGT, en pointe contre la guerre d’Algérie et la menace d’un coup d’Etat fasciste des ultras, décide de construire l’unité politique (avec le PSU) et syndicale (avec la CFTC et la FEN) pour organiser une grande manifestation à Paris.

Le préfet de police, Papon (ancien préfet collaborateur de Bordeaux qui déporta les juifs et persécuta les résistants, mais aussi ancien responsable en Algérie de la “sale guerre”), s’appuie sur l’Etat d’Urgence pour justifier l’interdiction de la manifestation.

La manif pacifique aura lieu quand même :

« TOUS EN MASSE, ce soir à 18 h 30, place de la Bastille

Les assassins de l’OAS ont redoublé d’activité. Plusieurs fois dans la journée de mercredi, l’OAS a attenté à la vie de personnalités politiques, syndicales, universitaires, de la presse et des lettres. Des blessés sont à déplorer ; l’écrivain Pozner est dans un état grave. Une fillette de 4 ans est très grièvement atteinte. Il faut en finir avec ces agissements des tueurs Fascistes. Il faut imposer leur mise hors d’état de nuire. Les complicités et l’impunité dont ils bénéficient de la part du pouvoir, malgré les discours et déclarations officielles, encouragent les actes criminels de l’OAS.

Une fois de plus, la preuve est faite que les antifascistes ne peuvent compter que sur leurs forces, sur leur union, sur leur action. Les organisations soussignées appellent les travailleurs et tous les antifascistes de la région parisienne à proclamer leur indignation, leur volonté de faire échec au fascisme et d’imposer la paix en Algérie”.

On sait tous que, lors de la dispersion d’une des colonnes de manifestants du boulevard Voltaire, les force “de l’ordre” reçoivent l’ordre de “disperser énergiquement”.

Les manifestants, pourchassés dans les immeubles, les ruelles, les cafés, sont matraqués brutalement, on en pousse des centaines dans la bouche du métro Charonne, dont les grilles sont fermées, sur lesquels on jette du mobilier urbain, dont les grilles en fonte des arbres : des milliers de blessés, 9 camarades meurent asphyxies ou de traumatismes.

Sur ces 9 camarades, on le sait, tous sont CéGéTistes, et 8 sont communistes.

Leurs obsèques réuniront plus d’un million de manifestants et seront un point d’appuis de la lutte pour mettre un terme à la “sale guerre” d Algérie.

N’oublions jamais nos camarades :

Jean-Pierre Bernard, 30 ans, dessinateur aux télécoms

Fanny Dewerpe, 31 ans, secrétaire

Daniel Féry, 16 ans, apprenti

Anne-Claude Godeau, 24 ans, employée des CCP aux PTT

Édouard Lemarchand, 41 ans, menuisier

Suzanne Martorell, 36 ans, employée à L’Humanité

Hippolyte Pina, 58 ans, maçon

Raymond Wintgens, 44 ans, typographe

Maurice Pochard (dans le coma plusieurs jours avant de décéder à l’hôpital), 48 ans”