JANVIER NOIR DE GRÈVES AU ROYAUME-UNI

Les grèves reprennent de plus belle en ce début d’année au Royaume-Uni : des dizaines de milliers de cheminots observent 4 jours de grève à l’appel du puissant syndicat RMT. Le syndicat de conducteurs de trains, Aslef, appelle à un jour supplémentaire de débrayage.

De nombreux mouvements de grèves s’enclenchent ainsi en janvier, avec les ambulanciers à nouveau en grève les 11 et 23 et les infirmières qui débrayeront à nouveau le 18 pour deux jours. Les travailleurs des autoroutes, de l’Education, des Telecoms, entrent ou reprennent également dans le conflit des salaires

Le RMT, affilié à la Fédération Syndicale Mondiale, qui a lancé en juin 2022 la plus importante grève en 30 ans dans le secteur, exige une augmentation des salaires, pour faire face à l’explosion des prix, et des garanties sur les conditions de travail. Locomotive de la mobilisation tous azimuts, la grève des cheminots a depuis largement fait tache d’huile, entrainant à sa suite l’entrée en grève massive et inédite, de nombreux secteurs.

Les grèves pour les salaires se sont ainsi multipliées dans de nombreux secteurs ces derniers mois au Royaume-Uni, touchant notamment la santé en décembre avec un débrayage des infirmières puis des ambulanciers, mais aussi les postiers ou encore les opérateurs des télécoms. Selon un sondage YouGov publié fin décembre, deux tiers des Britanniques soutiennent les grèves des infirmières, 63 % celle des ambulanciers.

La vague de contestation qui frappe le pays est d’une ampleur inédite depuis des décennies. Un mouvement de grève de la police aux frontières, qui s’est étendu sur huit jours fin décembre, a entraîné un déploiement de militaires dans plusieurs aéroports britanniques pour remplacer les agents grévistes.

>>> De son côté, le Premier ministre a promis de ne pas céder aux grévistes et à des demandes de salaires qualifiées de « déraisonnables » dans une interview au Daily Mail en décembre.

Le gouvernement reste ainsi inflexible face aux revendications légitimes des grévistes et met en place le durcissement de la réglementation sur le droit de grève, déjà très encadré : la grève interprofessionnelle est ainsi quasiment interdite, dans les faits.

Mais, l’époque est telle, et surtout la mobilisation si puissante, que le Trade Union Congress (TUC) pourrait être contraint, par le rapport de force interne, à convoquer une grève générale. Une première depuis presque 100 ans.

>>> Cette situation sociale dans un pays comme le Royaume-Uni démontre que nous sommes entrés, depuis quelques années, dans une nouvelle phase de la lutte des classes. Offensives et déterminées, les grèves britanniques montrent la voie à suivre pour l’ensemble des travailleurs, notamment en Europe, confrontés partout aux mêmes causes, et aux mêmes effets. L’inflation qui dépasse (officiellement) les 11% au Royaume-Uni, un pays où la protection sociale est quasiment inexistante, a fait voler en éclat le pacte social tacite qui entravait le développement et l’amplification des luttes.

Dans ce contexte, la visite en solidarité d’Olivier Mateu, secrétaire général de l’UD CGT 13 pour soutenir les grévistes, prend un relief particulier, quelques temps après de puissantes mobilisations et grèves tous azimuts pour les salaires en France, à quelques jours des annonces concernant la réforme des retraites, et  alors que l’inflation (officielle et officieuse) bat tous les records.

Cette solidarité en pratique du mouvement ouvrier français en direction de nos frères et sœurs de classe britanniques, donne une dimension internationale au slogan « salaires de misère et vie chère : tous pour chacun, chacun pour tous ! ».