Quelques jours seulement après le meurtre de George Floyd par un policier raciste, la Fédération Syndicale Mondiale annonçait le lancement d’une campagne militante internationale de solidarité et s’engageait à « entreprendre toute initiative nécessaire au niveau institutionnel pour protéger la vie, la santé et les droits des travailleurs. »
Parmi les initiatives militantes menées par les syndicats affiliés à la FSM, une manifestation massive a été organisée en Grèce par le PAME, réunissant des milliers de personnes. A l’occasion de cette marche, une action symbolique a été organisée devant l’ambassade des Etats-Unis à Athènes, des dizaines de syndicalistes défilant les poings menottés mais levés, avant de briser leurs chaines symboliquement et de les jeter devant la représentation diplomatique américaine.
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Aux Etats-Unis même, le syndicat des Couvreurs de Los Angeles, affilié à la FSM, mène depuis le début une action admirable contre le racisme, et pour la solidarité de classe. Dans un entretien accordé à Unité CGT, Cliff Smith, le responsable de ce syndicat n’a pas hésité pas à formuler plusieurs rappels salutaires, soulignant entre autres : « La lutte du syndicaliste de classe est politique, pas seulement économique, et nous devons nous organiser sur cette base pour réussir à défendre les travailleurs contre [toutes] les attaques ».
« Les militants de la classe ouvrière doivent prendre leur place dans la direction de cette lutte dans les rues », a également ajouté le responsable des Roofers de Los Angeles.
Réactions syndicales à la vague antiraciste : quelles différences entre la FSM, la CES et la CSI ?
La campagne internationale initiée par la Fédération Syndicale Mondiale a été relayée sur l’ensemble des continents par les syndicats affiliés à la FSM qui se sont organisés pour joindre l’action à la parole.
Dans sa déclaration publique, la FSM a ainsi dénoncé « la répression brutale […] contre les travailleurs et les gens du pays qui sont dans les rues pour protester contre le racisme, la répression et la violence policière. » Pas de doute possible pour les syndicalistes de classe, les crimes racistes et la « férocité sans précédent [de la répression] et la violence brutale employée par les forces répressives étasuniennes constituent une provocation contre le mouvement syndical international regroupé dans les rangs de la FSM ».
De son côté, la Confédération européenne des syndicats (CES), qui se présente sans honte comme « la voix des travailleurs » en Europe, s’est illustrée par un silence pesant et quasi-total sur le meurtre de George Floyd et sur la puissante vague antiraciste qui a déferlé aux Etats Unis, en Europe et dans le monde.
Enfin, la Confédération syndicale internationale (CSI), s’est illustrée pas son habituel double discours hypocrite. D’un côté un soutien en paroles des manifestations avec des visuels et des hashtags, de l’autre un renvoi dos à dos des « violences » des manifestants et des brutalités policières
Dans une lettre de soutien adressé au président de l’AFL CIO, Richard Trumka, la CSI a ainsi affirmé : «Nous partageons également votre profonde préoccupation face aux violences répréhensibles perpétrées par quelques-uns, qui menacent de faire dérailler les perspectives d’un dialogue urgent pour apporter des changements et l’égalité. Ceux qui cherchent à fomenter la violence, de quelque côté que ce soit, doivent être condamnés. »
Rappelons que Richard Trumka avait de fait condamné les manifestations sur la chaine Fox news. A l’instar de Donald Trump, il avait appelé au rétablissement de l’ordre. C’est ce qui explique pourquoi des manifestants ont mis le feu au bâtiment de l’AFL-CIO à Washington, quelques temps plus tard.
Soulignons encore que la compromission des bureaucrates syndicaux de l’AFL-CIO, pilier de la CSI, par ailleurs corrompus comme l’a illustré le scandale de la fédération de l’automobile UAW, ne se retrouve heureusement pas dans les syndicats locaux et d’entreprises dont un grand nombre sont mobilisés dans les manifestations.
A l’exact opposé des positions vaseuses de la CES et de la CSI, la FSM a explicité d’emblée que l’urgence imposait en réalité et avant tout de « protéger les travailleurs qui protestent [et empêcher] la violation du droit du peuple américain de se réunir, de tenir des réunions publiques et des manifestations ».
Sur ce sujet, comme sur tant d’autres (par exemple le soutien à la lutte légitime du peuple palestinien ou les mobilisations contre l’austérité capitaliste ou contre les agressions impérialistes), les différences d’approche, tant sur la forme que sur le fond, entre ces structures internationales sont une nouvelle illustration de l’abysse politique qui sépare d’un côté la CES et la CSI, et de l’autre la FSM.
La raison en est simple : les deux premières organisations sont structurellement liées aux pouvoirs et aux institutions capitalistes et impérialistes tandis que la FSM, organisation internationale des syndicats de classe, aux côtés de la classe ouvrière et des peuples en lutte.