la Guerre sociale en chiffres
MINIMA SOCIAUX : DES MILLIONS DE FRANÇAIS EN SURVIE
Un rapport publié par la Direction des affaires économiques et sociales, la Dress relève une augmentation significative des personnes allocataires des minima sociaux pour l’année 2022.
Près de 6,9 millions de personnes, enfants compris, soit plus de 10% de la population, survivent avec un ou plusieurs minima sociaux. A des conditions de vie indigne s’ajoute la violence sociale que constitue l’instrumentalisation de la pauvreté, notamment de la fumeuse « fraude sociale », goutte d’eau dans l’océan de la fraude fiscale.
Cette manne, bien réelle, qui échappe aux mains du peuple avec la complicité à tous les étages des administrations, pourrait pourtant être récupérée pour financer, entre autres, la ré industrialisation du pays. Ce ne serait d’ailleurs qu’une forme de justice bien tardive, la destruction du potentiel industriel du pays étant le fait de ces mêmes assistés (et dopés à l’argent public) qui vont planquer leur argent à l’étranger.
Rappelons par ailleurs qu’une part non négligeable des allocataires est constituée de travailleurs rendus invalides à cause des conditions de travail, dont le patron, et lui seul, est responsable. Répondre aux besoins en terme de santé, risque et pénibilité est indissociable des autres revendications, tant les conditions de vie et de travail sont liées. Ce qui d’ailleurs à une incidence considérable sur la mortalité ; à 62 ans, 25 % des hommes les plus pauvres seraient déjà morts contre 6 % des plus riches.
Plus de 10%, pour ne pas écrire plus de 15%, de notre peuple, un français sur six, vit dans une effroyable pauvreté. Le chiffre de la Dress est en effet largement biaisé puisqu’il ne prend pas en compte le non-recours aux allocations. Plus de 40% de potentiels bénéficiaires ne font pas la démarche pour accéder à leurs droits. Et on nous parle non-stop de « l’assistanat » alors que dans le même temps le tiers du budget annuel de l’Etat part, sans contreparties bien entendu (pour ce qu’elles valent…) dans les poches des grandes entreprises…
Le projet France Travail est à ce titre une nouvelle arme de guerre contre les chômeurs et les allocataires de minima sociaux. France Travail fait partie d’un continuum de mesures anti-chômeurs qui visent à abaisser l’indemnisation chômage sous le seuil du RSA, tout en brutalisant les privés d’emplois. Les « expérimentations » de travail gratuit contre RSA, le durcissement considérable des différentes mesures antisociales en gestation laisse présager une dégradation très violente d’une situation déjà dramatique et insupportable. C’est bien une partie de la classe ouvrière qui se retrouve privée de droits élémentaires et contraints à du travail forcé.
Il y a une bataille idéologique à mener, dans toute la société, et y compris dans les organisations sociales, syndicales et politiques pour extirper la haine du pauvre qui ne sert qu’à diviser les travailleurs.
C’est le capital qui crée le chômage. Un riche PDG a récemment fait scandale aux Etats-Unis en disant tout haut ce que les capitalistes pensent et agissent : un fort taux de chômage, une pauvreté importante mais socialement contrôlée, sont des outils pour peser sur les salaires et les conditions de travail, intimider, agresser et contrôler la classe ouvrière.
La question de l’emploi (et des conditions de travail/salaire) et du revenu sont essentielles. La lutte pour l’emploi est nécessaire face à un patronat qui refuse d’embaucher à des conditions dignes, engrange les aides publiques payées par nos impôts, ou un Etat qui méthodiquement sabote ses propres structures ; il manque, pour donner deux exemples : 100 000 postes de cheminots, 10 000 postes dans le secteur de la petite enfance.
La lutte contre l’inflation doit prendre en considération la nécessaire revalorisation immédiate des allocations. Au-delà de cette revalorisation, couplée à l’augmentation du montant de l’indemnisation chômage (et de son extension dans la durée), deux revendications sœurs de l’augmentation générale des salaires, l’indexation des revenus, indemnisations, salaires sur l’inflation et le blocage des prix, sont des revendications générales, politiques et communes à tous et toutes.