PETITE ENFANCE ET MALTRAITANCE D’ETAT

Petite enfance et maltraitance d’Etat

La rentrée scolaire a été marquée par de nombreux dysfonctionnements. Il en va pour les « grands » comme pour les « tout petits ». De nombreuses crèches ont ainsi été contraintes à modifier les horaires voir fermer leurs portes.

La raison est simple, il manque de 10 000 travailleurs de la petite enfance, un secteur où les conditions de travail se dégradent de fait notamment des politiques d’économie de bouts de chandelle et qui mettent en souffrance, et les travailleurs et les usagers, en l’occurrence des enfants de 0 à 3 ans.

Ce manque de personnel – et une politique de la petite enfance largement sous-dimensionnée et honteuse pour un pays aussi riche que le nôtre – ne date pas d’hier. Par ailleurs, un rapport du Haut conseil de l’enfance et de la famille publié en mars dernier estimait à 50 000 la diminution du nombre de places entre 2017 et 2020.

Il manque, au minimum, 200 000 places de crèches pour répondre aux besoins actuels. Cette pénurie de places en crèche a entraîné la prolifération de crèches privées, de groupes voraces et sans scrupules comme Babilou, avec des conséquences, logiques et prévisibles, dramatiques.

En avril dernier, l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) au sujet de la qualité de l’accueil dans les crèches a été rendu public. Ce rapport avait été commandé suite au décès d’une petite fille dans une micro-crèche de Lyon en juillet 2022 et a relevé une très forte dégradation de l’accueil des enfants dans certaines crèches. Pourtant, depuis 2019, les travailleurs du secteur, notamment avec le collectif Pas de bébés à la consigne, dénonce et combat cette situation, assimilable à de la maltraitance.

Dans la petite enfance comme ailleurs, c’est bien un choix politique et gouvernemental qui a déterminé la situation et rendue possible le décès de la petite fille. Car le pouvoir ne veut pas régler la question. Pire, il prône une ouverture à des non-professionnels plutôt que construire une véritable filière et de revaloriser le secteur. Il autorise la dégradation des conditions de travail et d’accueil pour soit disant pallier aux dysfonctionnements.

C’est pourquoi, les promesses fumeuses du gouvernement autour d’un « service public de la petite enfance » ne servent, comme lors du scandale des Ehpads Orpea, qu’à gagner du temps et faire oublier les drames et révélations.

Sous bien des aspects de la vie quotidienne, chacun et chacune d’entre nous perçoit la dégradation des conditions de vie et de travail, notamment du service public. Une société incapable de s’occuper dignement et collectivement et des enfants et des personnes âgées, induit une France malade.

On connait bien entendu le nom de cette maladie, c’est le capitalisme, c’est-à-dire un système qui, avec le profit comme obsession vitale, est incapable de considérer comme prioritaire la réponse à des besoins aussi élémentaires que ceux consécutifs de la petite enfance ou de la vieillesse.

Il faut soustraire à l’influence du marché privé les structures d’accueil des enfants et des personnes âgées. Il faut développer un monopole public de la petite enfance à la hauteur des besoins.