LES OLIGARQUES SE PORTENT BIEN

Casse de l’emploi, inflation galopante, stagnation des salaires, guerre en Ukraine… Les oligarques français se portent bien !

Mercredi 13 mai, le magazine Forbes a publié son classement des 20 plus grosses fortunes mondiales. Parmi celles-ci, il est à noter la présence d’un Français – Bernard Arnault – et d’une Française  – Françoise Bettencourt Meyers – respectivement homme et femme les plus riches du monde. Pas d’inquiétude, malgré les crises, les fortunes capitalistes se portent bien en Macronie.

Arnault-Bettencourt, premiers parasites de France. Selon Forbes, la fortune de la famille Arnault est estimée à 196 milliards d’euros et celle de Françoise Bettencourt Meyers à près de 80 milliards. Pour couper court à tout fantasme faisant de ces milliardaires des autodidactes, rappelons que les familles paternelle et maternelle de Bernard Arnault étaient issues de la grande bourgeoisie tout comme celles de Françoise Bettencourt Meyers dont la mère Liliane Bettencourt avait déjà été la femme la plus riche du monde en 2016 et 2017. Et ne nous inquiétons pas pour leur progéniture qui devra porter le « fardeau » (SIC) du succès de leurs aînés, toutes et tous sont déjà recyclés dans les entreprises familiales.

Ces deux familles ont comme point commun de naviguer dans les eaux économiques de l’industrie du luxe, secteur où la France excelle notamment dans les secteurs de la mode, des cosmétiques et des parfums. En effet, quatre des dix premières marques mondiales du luxe sont françaises : LVMH et Hermès, propriétés de Bernard Arnault, Kering, propriété de François Pinault (3ème fortune française) et L’Oréal, propriété de Françoise Bettencourt. D’ailleurs, les 4ème et 5ème place du classement sont occupées par Alain et Gérard Wertheimer, propriétaires de Chanel Le marché du luxe se répartie entre de multiples activités très lucratives et captatrices d’aides publiques ou d’avantages fiscaux : grand vignobles, marché de l’art, immobilier du luxe, etc. D’après l’étude réalisée par le cabinet Deloitte les entreprises françaises du luxe détiennent 23,5 % des parts du marché mondial du luxe qui devrait atteindre un chiffre d’affaire annuel de 320 à 330 milliards d’euros d’ici 5 ans. Un autre point commun entre ces dynasties capitalistes du luxe est d’être à la tête d’entreprises qui ont largement recourt à la sous-traitance, dans des entreprises comme celle de la Maroquinerie Thomas où les ouvriers et ouvrières sont soumises à des cadences infernales et sont parfois privées de leurs droits les plus élémentaires comme celui de faire grève. Elles ont également recourt au travail en milieu carcéral où « la rémunération est indécente – entre 20 et 45% du Smic – et la rémunération à la pièce, interdite depuis 2009, est encore fréquente » selon l’OIP.

Le secteur du luxe trust tellement ce classement que l’on aurait presque de la peine pour le reste des oligarques français comme Emmanuel Besnier (6ème fortune française), patron de Lactalis, à la tête d’une fortune estimée à 20,4 milliards d’euros.

L’accumulation de richesses sur le dos celles et ceux qui les créent. Que ce soit dans les entreprises de la famille Arnault, Bettencourt, Pinault, Besnier comme ailleurs, la réalité pour toutes et tous les travailleurs c’est une intensification de l’exploitation ces dernières décennies. Alors que dans les années 80, la part des salaires dans la valeur ajouté avait atteint les 75 %, elle plafonne à 58 % aujourd’hui soit plus de quinze points de perdu. Cette somme reprise aux travailleuses et aux travailleurs pour rémunérer les actionnaires (Arnault, Bettencourt et consorts) représente plus de 250 milliards d’euros. Cette baisse du salaire relatif, c’est-à-dire de la part de la valeur créé par le travail qui revient au travailleur, est d’autant plus insupportable que le salaire réel, c’est-à-dire ce que l’on peut acheter avec la paie, ne fait que baisser faute à une inflation galopante. 

Englué dans une crise de surproduction, les grandes féodalités du capitalisme financiarisé n’ont pas d’autres choix que d’extorquer toujours plus d’argent aux travailleuses et aux travailleurs. La répartition de la richesse sociale entre le capital et le travail est chaque jour de plus en plus inégale. Ce qui est tout à fait compréhensible puisque pour que la part du capital, le profit, progresse dans le partage de la valeur, il faut que celle qui revienne au travail baisse. L’indécence des plus grosses fortunes française est donc proportionnelle à l’augmentation de la pauvreté en France.

La politique de Macron au service des riches. Ainsi Macron préfère faire trimer deux années supplémentaires les travailleuses et les travailleurs, non seulement pour économiser sur leur dos 10 à 12 milliards seulement selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), mais aussi et surtout pour accroître la part du capital dans le partage de la valeur. En effet, le gouvernement préfère maintenir les exonérations de cotisations patronales qui contribuent à creuser le déficit et fragiliser l’autofinancement de la Sécurité sociale, pour utiliser ce déficit comme argument pour justifier les réformes austéritaires, comme la casse de la Sécurité sociale. Le capitalisme est à bout de course et pour le maintenir l’État le place sous perfusion. Les bénéfices des grosses entreprises sont réalisés grâce au soutien massif de l’État, notamment aux 160 milliards d’euros d’aides publiques déversés chaque année sans aucune contrepartie.

Il n’est pas étonnant que députés et membres du gouvernement, votent et exécutent cette politique au service des plus riches puisque selon une enquête évoquée par Le Monde et menée par deux chercheurs souhaitent établir la première estimation du revenu des élus du Palais-Bourbon depuis 1914, ces derniers seraient parmi les 3 % des Françaises et des Français les mieux rémunérés. Rappelons également que les déclarations d’intérêts et de patrimoine du gouvernement publiées le jeudi 1er décembre, le gouvernement d’Élisabeth Borne, qui refuse d’augmenter les salaires, veut faire passer l’âge de départ à la retraite à 64 ans, écrase les droits des privés d’emploi, brise les grèves, compte dans ses rangs pas moins de dix-neuf ministres millionnaires. L’Exécutif est donc encore plus fortuné que celui de 2017. Les 41 ministres détiennent un patrimoine moyen de 1,9 million d’euros, contre «seulement» 1,6 million en 2017. Ils figurent pour la quasi-totalité dans la tranche des 10% des plus riches de la population.

Il n’y a donc finalement rien d’étonnant dans le palmarès publié par Forbes : la politique est une affaire de classes sociales, la petite caste patronale qui se maintient au pouvoir sait compter sur ses pairs en politique, complices au gouvernement, à l’Assemblée nationale et ailleurs, des politiques de régression sociale menée d’un commun accord entre Medef et partis de gouvernement. Pour tout changer et renverser la table, il va nous falloir tout reprendre !