Nous l’écrivions déjà en décembre : contre la réforme des retraites, tout bloquer devient vital. Ce constat est plus que jamais d’actualité.
Alors que les médias mitraillent l’opinion publique d’intox et de mensonges et cherchent à retourner la population contre la CGT, force est de constater que le soutien populaire ne s’est pas érodé depuis le 5 décembre.
Après plus de 40 jours de grève, le mouvement social tient bon. Des grèves massives se poursuivent ainsi à la SNCF, à la RATP, dans les raffineries. D’autres secteurs sont également mobilisés, les actions de blocages se poursuivent et la CGT appelle à de nouvelles journées nationales d’actions et de manifestations.
Pourtant, un constat s’impose : ce n’est pas assez. De manière logique, la fatigue morale et le poids financier de la grève vécu par les travailleurs des secteurs mobilisés depuis le 5 décembre commence à se ressentir.
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La question se pose alors de savoir pourquoi il n’y a pas davantage de travailleurs, de secteurs entiers (en particulier les autres secteurs structurants) en grève. Chacun le voit, les cheminots, traminots et raffineurs ne pourront porter seuls la grève contre la réforme des retraites. Or, on le sait, le gouvernement ne connait qu’un seul langage, celui du rapport de force.
C’est donc à chacun d’entre nous de s’interroger : vais-je me contenter d’être un simple spectateur de ce mouvement social, historique et inédit, contre la réforme des retraites et la régression sociale à vie ? Ou au contraire, vais-je prendre ma place dans le combat de classe, aux côtés des autres travailleurs en lutte ?
Passer à la vitesse supérieure, priver le gouvernement de ses marges de manœuvre
Le calendrier est serré ; il est vrai que le gouvernement est encore pour l’instant « maitre des horloges » et du temps. Le texte de projet de loi doit être présenté en Conseil des ministres le 24 janvier, et devrait passer devant l’Assemblée nationale à partir du 17 février.
Le gouvernement joue ainsi le pourrissement du mouvement social et n’hésite pas à tenter de le diviser à coup de corruption, de manipulations et de répression, aveugle ou ciblée.
Tirons les leçons de cet état de fait. Le pouvoir est en mesure de nous imposer son agenda. Or, une grève illimitée qui s’étend et fait tache d’huile sur d’autres secteurs de l’économie, peut créer une situation inédite pour le pouvoir : celui de perdre la main sur le calendrier et ne plus être en mesure de contrôler quoi que ce soit, notamment la bonne marche de l’économie.
La victoire d’un mouvement social ne se joue pas « dans la rue », mais dans les boîtes.
La défaite du gouvernement et de ses maitres patronaux se joue avant tout dans l’ampleur du blocage économique. Il faut passer à la vitesse supérieure. Et cela n’arrivera pas par magie. Avant qu’il ne soit trop tard, il faut que ceux et celles qui refusent de subir la précarité à vie rejoignent la grève et les actions interpro de perturbations directes de l’économie, donc de la vie du pays.
Cet engagement de chacun et chacune d’entre nous dans la lutte n’est parfois pas évident, compte tenu des difficultés économiques et sociales, notamment dans les secteurs où la précarité écrase tout. Mais rappelons-nous que cette situation n’est pas nouvelle. N’idéalisons pas le passé ! Toutes les grandes victoires de la classe ouvrières ont été payés par les travailleurs à un prix parfois élevé de sacrifices et d’abnégations.
Les grandes dates de l’histoire du mouvement ouvrier sont en effet marquées par des irruptions de bataillons entiers de travailleurs dans la vie sociale du pays. 2020 peut et doit être ce grand retour du mouvement syndical de masse, combatif et offensive, et qui balaye tout sur son passage.
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Il y a de la colère et un sentiment de frustration sociale, politique, économique immense en France. Face à la régression sociale imposée depuis des décennies, notre pays se cabre. Il faut maintenant qu’il rue et jette à terre ceux qui décident de nos vies à notre place.
Choisir la grève, choisir le combat pour une vie digne, s’organiser avec la CGT, c’est passer à la vitesse supérieure. C’est une nécessité absolue pour gagner. Rappelons-nous cet extrait d’un communiqué de la CGT Chimie du 17 décembre dernier : « La seule trêve possible, c’est le retrait de la réforme. Par l’exercice pacifique, mais inflexible, de la grève et de résistance à l’arbitraire, il nous faut à présent montrer « qui » commande dans notre pays, le Peuple et non une élite coupée des réalités. »