PRÉFACE D’OLIVIER MATEU – CONTRIBUTIONS AUX DEBATS

Nous publions ci-dessous la préface d’Olivier Mateu à la Contribution aux débats du 53e congrès de la CGT.

Derrière l’idée constamment répétée en boucle, que la CGT serait en crise, se dissimulent des processus qui renvoient en même temps à des stratégies patronales et à la crise économique que subit notre monde du travail.

C’est au cours de son histoire que s’est construite l’identité de la CGT, ses valeurs, ses conceptions, ses pratiques, son organisation. Elle se définit par les principes de lutte de classe, d’organisation de masse, d’indépendance et d’unité des travailleurs et travailleuses. Sur chacun de ces aspects, le patronat porte ses attaques permanentes.

Notre syndicalisme CGT de lutte de classe a modelé notre système social, il a permis des conquêtes sociales importantes, imposées par des grandes luttes. Mais aujourd’hui, la précarité dans le travail et dans la vie augmente partout, touchant d’autant plus les catégories les plus faibles, le niveau de vie stagne ou régresse, etc.

La classe bourgeoise mène de longue date un combat acharné contre notre type de syndicalisme, qui selon elle, serait réduit à la défense de corporatismes étriqués et serait voué à entrer dans l’institutionnalisation, perdant au passage sa vocation à participer au changement de société. Il s’agirait d’opposer les luttes sociales et économiques aux enjeux dits sociétaux tels que les discriminations et violences sexistes et racistes, les questions environnementales, pour toujours mieux nous diviser.

Ceci ne correspond pas à la réalité.

Les syndicats confédérés dans la CGT restent des outils formidables d’organisation et de mise en mouvement des travailleuses et travailleurs. Septembre 2022 a vu un formidable coup d’accélérateur dans les luttes pour les salaires, la plupart du temps à l’initiative des syndicats CGT. Et les salariés des branches professionnelles, des grands groupes, des petites entreprises sont massivement intervenus pour retrouver le goût des conquêtes sociales.

Mais là où le syndicalisme n’est pas présent, autrement dit pour une majorité de travailleurs et travailleuses, là où la grève est perçue comme inaccessible, l’issue passe nécessairement par la lutte tous ensemble sur des revendications interprofessionnelles et un processus d’action mettant en musique l’ensemble des secteurs économiques de manière coordonnée.

C’est cette pratique gagnante interprofessionnelle que nous avons perdu et que nous devons retrouver, en donnant des perspectives au monde du travail. C’est à cela que ce fascicule a l’ambition de contribuer.

Au moyen de la double besogne, revendication immédiate et expropriation des capitalistes, la CGT doit retrouver son ambition première, à savoir l’émancipation de toutes et tous. Ceci n’est pas un doux rêve, c’est possible avec un programme revendicatif clair et un plan de mobilisation méthodique. Construire la CGT de ce siècle, ce sont les enjeux de notre 53ème congrès confédéral, à condition que les syndicats prennent ces questions à bras le corps.

Notre CGT doit redevenir l’outil des travailleurs et des travailleuses, pour affronter la réalité d’aujourd’hui qui reste profondément marquée par le capitalisme, c’est un enjeu de société.

Olivier Mateu