Attal, Macron, et la Société du Travail Obligatoire

Attal, Macron, et la Société du Travail Obligatoire

Le porte-parole d’Emmanuel Macron a annoncé la couleur lors de son discours de politique générale en laissant libre cours à sa haine des pauvres, des précaires, des chômeurs. La « Société du Travail Obligatoire » est en marche avant toute !

Alors que les réformes successives de l’Assurance chômage ont déjà considérablement durci l’accès, le montant et la durée de l’indemnisation (qui demeure pourtant un droit), la généralisation du conditionnement du RSA en échange d’une activité (comprendre travail forcé) à l’ensemble du pays a été annoncée, de même que la suppression à venir de l’ASS (allocation de solidarité spécifique). Une nouvelle réforme brutale de l’Assurance chômage est en préparation, tandis que le monstre France Travail a pris le relai de l’exploitation abusive et du flicage (anti)social des chômeurs.

Pour le Comité national des Travailleurs Privés d’Emplois et Précaires CGT (CNTPEP CGT) « l’objectif du gouvernement est clair : priver les travailleurs précaires du droit à une retraite ou d’une allocation chômage et imposer le RSA ou, plus tard, le minimum vieillesse ! La misère à perpétuité du Revenu Universel d’Activité est en marche ! ».

Ce n’est pas un hasard si la brutalité des années Macron envers les chômeurs demeure un angle mort de la réflexion dans notre camp social. Le Pouvoir, et ses relais médiatiques et autres, infuse dans la société une idée simple qui voudrait que le « chômeur » soit chômeur par volonté propre.

Pourtant, le chômage est bien subi et non voulu par les travailleurs qui se retrouvent prisonniers d’un système économique aberrant qui, en organisant un chômage de masse alors que les industries de notre pays sont en sous-capacité, va jouer sur le moins disant social et créer une atmosphère invivable (et donc à son seul bénéfice) sur ce que les capitalistes appellent le « marché du travail ».

Dans sa déclaration, le CNTPEP CGT a dénoncé les nouvelles annonces du gouvernement qui entend « baisser la durée d’indemnisation de 25% à 40%, supprimer les filières d’indemnisation seniors et le maintien des droits jusqu’au départ à la retraite. En bref, un travailleur de plus de 55 ans devrait, selon le gouvernement, perdre 22 mois d’indemnisation ! »

« Pour les travailleurs privés d’emploi, c’est révoltant ! Si ces mesures entraient en vigueur, dès la première année : ce seraient près de 800 000 allocataires de l’Assurance-Chômage (ARE-ASS) qui tomberaient en fin de droits et  pour le quart d’entre-eux basculeraient au RSA quand les autres n’auraient… plus rien du tout ! », explicite le CNTPEP CGT.

Les travailleurs de plus de 55 ans se retrouvent devant un effet ciseau dévastateur (nié la bouche en cœur par les macronistes durant la mobilisation contre la réforme des retraites) entre l’allongement de l’âge légal de départ à la retraite et une liquidation pure et simple des miettes (car l’ASS est tout sauf la dignité) encore reversées à ces travailleurs. Comme le souligne le CNTPEP CGT, à rebours des choix du gouvernement, c’est bien « l’avancement du départ à la retraite à 55 ans pour les métiers pénibles qui doit être à l’ordre du jour ».

Alors que chaque année le tiers du budget de l’Etat part en subventions aux grands groupes privés et géants des secteurs économiques – les mêmes groupes qui empochent l’argent public et le reversent aux actionnaires, licencient à tour de bras, démantèlent nos capacités industrielles – cette chasse aux chômeurs et aux précaires concerne tous les travailleurs et toutes les travailleuses.

En effet, et de manière symétrique à la loi Immigration, ces lois et réformes – dont chacun, notamment en emploi, pourrait se dire non-concerné au premier abord, vont grever et tirer vers le bas les conditions de travail de tous et toutes, salariés du privé comme fonctionnaires. D’ailleurs la réforme programmée de la Fonction publique, les mots de plus en plus provocateurs du ministre délégué, l’ex-socialiste Stanislas Guerini qui évoque une mise à jour du « logiciel statutaire » illustrent l’accélération de la précarisation générale et généralisée de l’ensemble des secteurs et filières du pays.

Martelons-le, chaque année, le chômage tue plus de 10 000 travailleurs. Il y a plus de 11 millions de précaires et privés d’emplois en France directement impactés par la sauvagerie du gouvernement et la voracité du patronat. Et des dizaines de millions de travailleurs qui sont, eux aussi, d’une manière ou d’une autre, concernés. Toute la CGT doit être sur le pied de guerre pour engager la riposte.