SOLIDARITÉ AVEC LES ENSEIGNANTS HONGROIS

SOLIDARITÉ AVEC LES ENSEIGNANTS MOBILISES EN HONGRIE

Un mouvement social historique.

« Pays libre, Education libre », tel était l’un des slogans scandés lors des grandes manifestations du 5 octobre dans la capitale hongroise, Budapest, et quelques villes de province. Une colère grandissante a explosé ce jour-là avec la mise en grève de dizaines de milliers d’enseignants. Les milliers de manifestants ont bloqué le pont Marguerite, point de passage sur le Danube. 40 000 personnes se sont, d’ailleurs, rassemblées le soir même pour un grand concert de solidarité devant le Parlement.

Face à ce mouvement de masse, le gouvernement d’extrême droit de Viktor Orban a répondu par la répression. Le 30 novembre, le ministère de l’intérieur a ainsi annoncé le licenciement, à effet immédiat, d’une douzaine d’enseignants grévistes pour cause de « désobéissance civile ». En réalité, ils exerçaient seulement leur droit de grève sévèrement attaqué par le président hongrois depuis son arrivée au pouvoir en 2010. En février 2022, un décret a été mis en place instaurant un « niveau de service minimum ». Les enseignants ont depuis l’obligation, les jours de grève, de travailler une demi-journée voir toute la journée pour les classes passant des examens. La grève est rendue impossible donc invisible.

L’annonce du licenciement des enseignants grévistes a toutefois fait l’effet d’une bombe. Au lieu d’étouffer la colère, elle n’a fait que l’accentuer menant à des grèves et manifestations historiques dans le pays tout début décembre. Les manifestations comptaient ainsi entre 50 000 et 80 000 personnes selon les sources ce qui reste, sans précédent dans le pays.

Revendications légitimes et urgentes

Durant tous ces mouvements, la colère des enseignants prend racine sur une misère et un ras-le-bol général grandissant depuis des années. En plus de défendre le droit de grève, ils revendiquent une augmentation générale et conséquente des salaires.

La Hongrie est le pays qui rémunère le moins les enseignants de tous les pays de l’OCDE. Le salaire moyen est à la hauteur d’un loyer moyen soit environ 500 euros ! Ils n’ont d’ailleurs connu aucune augmentation depuis des années. Dans un pays où l’inflation atteint des taux record (22,5%) ; le niveau de vie des enseignants est catastrophique. Beaucoup témoignent ne pas arriver à boucler les fins de mois et cumuler 2 voire 3 emplois.

Les enseignants se battent également pour de meilleures conditions de travail. La Hongrie est le pays qui accorde le moins de budget à l’éducation de l’OCDE, environ 4% de son PIB seulement. Le manque de financement se répercute dans les conditions d’étude. Les établissements scolaires en viennent à demander aux parents de fournir le matériel et les fournitures scolaires nécessaires au fonctionnement des écoles et de très nombreux bâtiments sont insalubres (moisissures, fuites etc…).

De nombreuses écoles se sentent obligées de quitter le public pour se mettre sous le joug du privé, tenu par les églises !

Saboter le public pour favoriser le privé est une pratique bien connue des capitalistes ;  Mettre fin à la laïcité en renforçant l’emprise religieuse pour assoir son propre pouvoir, une volonté assumée de ceux liés au régime fasciste en Hongrie.

La destruction de l’Education en Hongrie n’a plus de limite. Un retour en arrière terrible pour un pays et un peuple qui a connu, sous le socialisme, une autre société, où les besoins, notamment éducatifs étaient pris en charge par l’ensemble de la société. Aujourd’hui, en 2023, plus de 30 ans après la contre-révolution des années 1990, le pouvoir en est même arrivé à supprimer le ministère de l’Education nationale, la mettant sous la coupe du ministère de l’Intérieur… leur volonté répressive et autoritariste pour le conditionnement des futures générations n’est même plus dissimulée.

Les voix s’élèvent alors, de plus en plus, contre la propagande du gouvernement qui choisit les manuels laissant transparaitre son idéologie réactionnaire et raciste et qui bâillonne de plus en plus les enseignants. Une enseignante de français, ayant démissionné, témoigne, effectivement, des convocations et pressions subies après avoir critiqué une phrase du deuxième hymne national sur son réseau social personnel et après appris le mot « manifestation » à ses élèves.

Attaque du droit de grève, censure, intimidations, casse de l’éducation, pression sur les salaires telles sont les politiques et méthodes fascistes qui ne font pas taire le peuple de Hongrie !

Solidarité massive de la population

Toute la population subit ces orientations ultra-libérales qui, malgré le dévouement des enseignants, affectent la qualité d’éducation dans tout le pays. Une très large majorité soutient le mouvement des enseignants notamment les élèves, étudiants et parents venus renforcer les rangs des manifestants.

La mobilisation massive et historique a pris la forme d’une contestation générale de ce gouvernement. Le peuple aspire et revendique une éducation libre, publique  et de qualité pour tous les enfants du pays.

Se dresser contre le modèle éducatif de la classe dirigeante est une contestation de classe essentielle devant emmener à la fin du gouvernement Orban, comme le scandent de nombreux manifestants.

Gouvernement irresponsable

Pour seule réponse, le gouvernement a annoncé, en ce début d’année, un projet de « notation annuelle » confiés aux chefs d’établissements. Ces derniers seront chargés d’évaluer qui seront les « bons » enseignants légitimes pour recevoir une rétribution financière… La mise en concurrence et la volonté de contrôle renforcé sur le personnel de l’éducation est d’ailleurs assumée par le pouvoir.

Le gouvernement hongrois n’a, en effet, aucun volonté ni intention d’augmenter le salaire des enseignants, malgré des tentatives d’annonces. En effet, le gouvernement a pensé faire taire la colère en promettant d’augmenter considérablement les salaires des enseignants. Cependant, cette augmentation n’est déjà pas suffisante et ne devrait avoir lieu que dans 3 ans (avec une légère augmentation en 2023).

Cette annonce ne reste d’ailleurs qu’une annonce car elle serait soit disant conditionnée au déblocage de fond par l’Union Européenne, prête à le faire en échange de réformes (dont le caractère réactionnaire là encore ne fait aucun doute).  Cette victimisation du gouvernement n’est qu’une fausse excuse pour se déresponsabiliser aux yeux de la population car il n’a évidemment aucune intention de répondre aux revendications des enseignants. Mais ce blocage de fond de l’Union Européenne révèle également les objectifs de celle-ci, qui avec l’adhésion des pays membres, amènent à une destruction de l’éducation généralisée, en Hongrie comme partout ailleurs.

France-Hongrie même combat !

En France, soutenons et inspirons nous de la lutte de la population hongroise pour défendre l’éducation dans son ensemble. Continuons de relayer leurs actions car leurs mobilisations continuent. En ce début janvier, des marches ont d’ailleurs, eu lieu et sont annoncés passant devant les établissements des personnels licenciés.

Il est important de renforcer cette solidarité internationale. Les attaques du capital contre l’éducation sont généralisées. Partout, il veut la privatiser et la façonner pour les besoins de son économie. Face à leur projet d’une éducation scellée et inégalitaire, imposons par la lutte et la solidarité, en Hongrie, en France et partout ailleurs,  notre projet d’une éducation publique et émancipatrice.