En Ukraine et en Europe, guerre impérialiste ou paix révolutionnaire

En Ukraine et en Europe, guerre impérialiste ou paix révolutionnaire

Deux ans après le début de l’opération militaire russe en Ukraine, le 23 février 2022, la guerre impérialiste fait toujours rage. Plusieurs centaines de milliers de soldats russes et ukrainiens sont morts. Le conflit empoisonne le continent tout entier tandis que les bruits de bottes résonnent de plus en plus à travers les postures, discours, menaces et interdictions.

Nous disions en 2022, « non à la guerre impérialiste, pas un soldat, pas un euro, pas une arme » pour nourrir la guerre permanente. Cette position est plus que jamais valable aujourd’hui.

Rappelons-le, la guerre en Ukraine, qui ne date pas de 2022 mais bien de 2014 ; cela fait 10 ans que ce conflit, qui oppose la Russie au bloc UE-OTAN-Etats-Unis, perdure. Cette catastrophe, qui oppose deux peuples unis il y a encore à peine 30 ans, soumis aux compétitions économiques et géopolitiques entre différents impérialismes depuis 1991, a causé, tant vers la Russie que vers la Pologne et l’Europe de l’Ouest, l’exode massif de plus de 4 millions d’Ukrainiens.

Guerre impérialiste ou paix révolutionnaire : en Ukraine et en Russie (mais aussi en France et ailleurs), le salut réel et concret ne pourra venir que des travailleurs eux-mêmes ; en Ukraine comme en Russie, ce sont les travailleurs, à l’avant comme à l’arrière, qui peuvent rompre la chaine des évènements, chasser les autocrates de Kiev et du Kremlin, et bouleverser la situation politique et militaire.

Nous pouvons, en ce début d’année 2024, distinguer plusieurs grandes tendances.

> La récente prise de parole du l’ancien président et candidat républicain Donald Trump au sujet de la participation américaine au sein de l’OTAN a provoqué des remous au sein des puissances alliées : notons en cascade, le retour (prévisible) de la construction approfondie d’une force armée européenne, les packages d’aides supplémentaires à coups de dizaines de milliards de l’UE à l’armée ukrainienne, le développement de corridors logistiques militaires de l’Ouest vers l’Est du continent, l’aide récente supplémentaire de 3 milliards d’euros accordés par la France à l’Ukraine, le réarmement généralisé en Europe…

Ces accès de fièvre militariste s’expliquent en partie par les leçons du front ukrainien. Sur le terrain militaire, le régime de Kiev et les puissances occidentales qui le soutiennent, soit directement, soit via l’OTAN et l’UE, reculent en effet face à une machine de guerre russe largement sous-estimée tant par les « experts » sur les plateaux que par les va-en-guerre en pantoufles. Les milliards de dollars qui continuent d’affluer de tout l’Occident pour nourrir les différents complexes militaro-industriels entretiennent la poursuite de cette guerre fratricide.

> L’échec de la contre-offensive ukrainienne et l’avancée des soldats russes s’ajoutent à la stabilisation économique en Russie doublée d’un tour de vis sécuritaire interne dont la manifestation la plus spectaculaire a été l’arrêt de l’insurrection du groupe paramilitaire Wagner et la décapitation ultérieure de l’ensemble de son leadership, décédés dans un accident d’avion suspect. Au-delà de ces querelles « entre bandits », cette stabilisation se fait également contre l’intérêt des travailleurs et de leurs organisations, muselés par le pouvoir – comme en Ukraine.

En Ukraine, le limogeage du chef d’Etat-major ukrainien a relevé les tensions sous-jacentes (et évidentes) au sein du régime. La question du « sacrifice » inutile de milliers de soldats ukrainiens fait irruption dans le débat à mesure que le gouvernement entend aller au bout de son projet de mobilisation générale supplémentaire et qui concerne des centaines de milliers d’Ukrainiens appelés à la boucherie nationale.

> En Europe, le soutien à la « cause ukrainienne », martelée ad nauseam par les médias et les politiciens, est enrayé pour au moins 5 facteurs : la réalisation du caractère antidémocratique de la junte ukrainienne, une forme de lassitude face à des événements qui s’inscrivent dans un temps moyen ou long ; le désarroi face aux coûts économiques très élevés et payés par les peuples ; le refus (légitime) de participer à un effort de guerre contre la Russie qui nous place mécaniquement dans une confrontation dont les seuls vainqueurs seront les milliardaires et autres oligarques ; l’ampleur du massacre et génocide en cours à Gaza et en Palestine et le soutien aveugle et inconditionnel accordé par l’Occident à Israël a dévoilé un deux poids deux mesures insupportable.

La guerre en Europe et dans la Méditerranée ne sont pas des feux de paille isolés. Le système économique, en crise permanente, est vicié. Le cycle du capitalisme, qui a bénéficié après la contre-révolution du début des années 1990 en URSS et dans les anciens pays socialistes d’une formidable extension militaire, économique et culturelle, arrive à son terme et porte, dans sa chute, les mille et unes conséquences dramatiques pour les peuples et les travailleurs : génocides, guerres, chômage de masse, bas salaires, régimes autoritaires et fascistes, exodes, exils, privation de libertés, camp de rétentions.

Ce cycle peut être brisé. Nous ne sommes pas condamnés, « par nature », à vivre cette agonie, ou dans la crainte permanente d’une déflagration atomique.

Macron et Biden, Zelensky et Poutine, Oligarques et Milliardaires, voilà l’ennemi des peuples. Ils nous condamnent à des vies de privations, et envoient les travailleurs à l’abattoir. Ces nuisibles sont prêts à sacrifier nos enfants pour leurs profits. Rappelons à ce propos, plus de cent milliards d’euros ont été investis par les Etats-Unis, l’UE les principaux pays européens pour le soutien militaire à l’Ukraine. Cette « aide » n’a rien à voir avec le soutien au peuple ukrainien mais tout à voir avec une politique agressive contre la Russie, pour la défense d’intérêts privés et de parts de marchés.

Bien évidemment, si le régime de Kiev est bien gangréné par des éléments fascistes et si la population russophone, notamment du Donbass, est en rébellion armée contre une junte issue du coup d’Etat violent et illégitime de février 2014, le gouvernement russe mène également cette guerre pour la défense des intérêts capitalistes russes.

Le refus occidental d’honorer les accords de Minsk, après la défaite de l’armée ukrainienne face aux républiques séparatistes de Donetsk et Lugansk, est une cause clé de l’intervention militaire russe en Ukraine. L’Occident a fait le choix de la guerre avec l’alliance militaire avec le gouvernement ukrainien. Ce lobby pour l’adhésion de l’Ukraine à l’UE et à l’OTAN est lié à la perspective de s’emparer d’un territoire clé des « mondes russes et ex-soviétiques», du « grenier à blé » de l’Europe, de ses matières premières, de ses gigantesques infrastructures industrielles et millions d’ouvriers qualifiés.

Le « soutien » occidental en direction du gouvernement ukrainien, qui se double des conséquences indirectes de la guerre en Ukraine sur l’économie mondialisée, est payé par les travailleurs et peuples de chaque pays, entrainés, contre leurs volontés, dans le financement d’une guerre par procuration. Il est à noter d’ailleurs que ce soutien déborde également dans le champ syndical avec les prises de position controversée d’une intersyndicale, dont la Confédération CGT est participante active, en soutien au gouvernement ukrainien et contre le peuple russe.

Internationaliste, nous refusons de participer au carnage impérialiste qui ne bénéficie qu’aux puissants. Pas un euro, pas un soldat, pas une seule arme pour nourrir la guerre impérialiste ! Pour une politique de paix, la France doit sortir de l’OTAN, rompre avec l’Union Européenne, fermer les bases militaires à l’étranger. Plus un seul soldat français hors de France !

Les syndicalistes CGT, qui portent la double besogne, allient le refus immédiat de la guerre et des privations avec le rejet d’un système économique mondial qui inclut, de manière systémique, le risque d’une guerre généralisée, comme cela s’est déjà produit à plusieurs reprises dans le passé.

Le Capital a besoin de la guerre pour se « ressourcer », il faut donc désarmer les capitalistes. Le combat pour la Paix est inséparable de la lutte pour la justice sociale et une société débarrassée de l’exploitation de l’Homme par l’Homme.

 « Rompre la glace » disait Lénine et avancer, tracer le chemin. Plus que jamais cette perspective de rupture révolutionnaire, qui en 1917 a permis aux peuples de Russie de sortir du capitalisme et de la guerre mondiale, doit guider les réflexions et actions : « prolétaires de tous les pays, unissons-nous, nous n’avons rien d’autre à perdre que nos chaines. ».