Disons-le clairement, une journée de manifestation hebdomadaire, isolée et détachée de la question du blocage de l’économie, ne peut pas suffire à faire reculer le pouvoir. Toutefois, seul un sectaire peut affirmer aujourd’hui que l’irruption du mouvement dit « gilet jaune » n’a pas ouvert, depuis presque deux ans, des perspectives intéressantes, novatrices, et progressistes.
Si la CGT a fait un pas ces derniers temps envers le monde associatif, en appelant à se joindre aux marches pour le climat, aux Prides, aux marches pour Georges Floyd, ou en signant nombre de tribunes avec des ONG, partis politiques, think tanks, pourquoi ne pourrait-t-elle pas appeler, dans un souci de convergence et de cohérence d’unité des forces sociales opposées au capitalisme et au libéralisme, à manifester le samedi 12 septembre ?
D’ailleurs, ne serait-il pas judicieux de participer aux manifestations du 12 septembre justement pour inciter les « gilets jaunes » progressistes et non-syndiqués à compléter leur engagement en se syndiquant à la CGT et en participant activement à la journée de grève et de mobilisation du 17 septembre ?
Voici 3 bonnes raisons de manifester le 12 septembre (et de se joindre à l’appel à la grève et à la mobilisation de la CGT le 17 !)
Choisir l’unité de classe contre la division
Le 12 septembre ne s’oppose en rien au 17 septembre ; il s’agit de deux dates complémentaires l’une de l’autre. Alors que toutes nos libertés et conquêtes sont rognées par l’Etat, l’heure n’est plus à la division stérile et artificielle entre travailleurs.
Si la paralysie de la machine économique par la grève est l’élément fondamental qui fait pencher le rapport de force, cela ne s’oppose en rien au fait de marcher côte à côte avec les gilets jaunes (et tous les « sans gilets » !) le samedi 12 septembre.
Pourquoi ? Tout simplement parce que nous avons tous – Gilets rouges, gilets jaunes, sans-gilets, syndiqués et non syndiqués – un intérêt à une transformation sociale radicale du pays pour répondre aux urgences sociales, aux crises écologiques, à la précarité à vie, au chômage forcé, aux violences policières et patronales.
Refuser la fatalité
Un plan de relance qui offre 100 milliards d’euros supplémentaires au patronat, l’allongement programmé de la durée du temps de travail, la multiplication des interdictions, une police en roue libre, un million de chômeurs, la chasse aux pauvres… Des années très dures s’ouvrent devant nous. Comment allons-nous réagir ? Par la passivité ou la juste et légitime révolte ?
Responsables du désastre sanitaire, social et économique, et de l’injustice sociale et fiscale, les élites veulent maintenant que le pire de l’épidémie est passé, maintenir un climat de psychose et de crispation générale. Si nous ne les arrêtons pas maintenant, l’infantilisation du peuple deviendra permanente et l’autoritarisme, une normalité.
Nous devons refuser cette fatalité et cet esprit de résignation. Nous devons accepter de vivre et lutter à nouveau, malgré le virus, malgré la psychose, malgré le MEDEF et l’autoritarisme d’Etat. La crise a montré que ce sont les travailleurs qui font vivre le pays. Il ne tient qu’à nous d’engager la riposte générale !
Désobéir ensemble
Qui, aujourd’hui peut croire à la justification de l’interdiction de facto des manifestations, en plein air, avec le respect des gestes barrières ?
Soyons lucides, le pouvoir avancera là où nous reculerons. Cela a toujours été ainsi. Aujourd’hui, l’état d’urgence sanitaire est toujours d’actualité, et il perdurera encore davantage dans la mentalité de nos gouvernants. Alors, nous devons désobéir maintenant, ensemble, de manière organisée. Et avant qu’il ne soit trop tard.
En réalité, nous devons reconquérir collectivement l’espace public. L’état initial de sidération doit ainsi laisser place à un esprit de désobéissance. Pour que la démocratie ne soit pas muselée, nous devons imposer un état de fait, démocratique, au gouvernement et à ses parlementaires. Et cela se passe aussi dans la rue, en plein air, que l’on soit masqué ou non.
Alors, soyons unis, et le 12, et le 17 septembre, tous ensemble dans rue, et par la grève, imposons notre désobéissance au pouvoir !