Un texte commun, rendu public le 20 mars et signé par les 5 confédérations syndicales et les 3 organisations patronales du pays, a provoqué la colère des syndicalistes CGT à travers le pays.
Cette déclaration commune, signée par le Bureau confédéral de la CGT, est un véritable appel à l’union, au nom de la crise, entre les patrons et les ouvriers. Ce document « [entend] affirmer le rôle essentiel du dialogue social », et « mettre en œuvre tous les moyens indispensables à la protection de la santé et de la sécurité des salariés devant travailler ».
En réponse, une déclarations commune signée par plusieurs organisations CGT (et ouverte à signatures) a été publiée. En réalité, la publication de ces deux déclarations matérialise une divergence totale sur l’analyse de la crise, la gestion par le pouvoir et les perspectives à donner.
Dans une déclaration commune, plusieurs organisations CGT s’indignent de la signature confédérale au bas d’un document de collaboration de classe
Notons pour commencer que l’adresse publique publiée le 20 mars a été signée par plusieurs Unions départementales CGT (Bouches-du-Rhône, Val-de-Marne, Nord, Cher, Tarn-et-Garonne, Alpes-de-Haute-Provence) et par les fédérations CGT des Services Publics et des Industries Chimiques. Le document est également signé par quatre membres de la direction confédérale de la CGT.
Au 24 mars, on comptabilise ainsi seize organisations CGT supplémentaires (et 4 membres supplémentaires de la direction confédérale) qui se sont ajoutées à la liste des signataires de la déclaration commune.
Les UD du Bas-Rhin, de la Marne, de l’Indre, de la Somme, les Fédérations CGT des Organismes sociaux, du Commerce et Services, la Fédération Nationale des Syndicats des Personnels de Banques et Assurances, ainsi que l’Union locale de Molsheim et l’Union locale d’Annonay se sont joints à la liste des organisations CGT signataires.
De même, plusieurs syndicats de base ont signé la déclaration commune : il s’agit des syndicats CGT Energie Paris, Thiolat, Ford, Energie Ouest Ile-de-France, Ferc Sup, Brasserie Kronenbourg, le syndicat de la Filière Traitements Déchets Nettoiement Eau Egouts Assainissement Paris (FTDNEAA), IGN, les syndicats de l’Education de l’Allier, du Cantal, de la Haute-Loire et du Puy de Dôme, le syndicat des territoriaux de La Rochelle, la coordination des syndicats CGT de Sanofi, le syndicat CGT des cheminots de Trappes et Rambouillet.
Ces organisations CGT qualifient le texte co-signé par les organisations syndicales et patronales de « collaboration » et de « coup de poignard » contre les militants et les travailleurs qui « se battent pied à pied contre les employeurs sans scrupules, pour arrêter des activités non indispensables et pour mettre à l’abri les salariés chez eux. »
Pour ces organisations CGT, « la parole des patrons, comme celle des politiques », et désormais également comme celle des organisations syndicales, est « complétement discréditée ». « Tous se retrouvent dans l’union sacrée convoquée par Macron, alors que ceux qui trinquent, ce sont les salariés et leurs familles ! », affirme encore la déclaration commune.
« La seule parole crédible est celle des gens de terrain, les médecins, infirmières, urgentistes : Tous et toutes disent qu’il faut absolument stopper toutes les activités mettant les personnes en contact les unes avec les autres, et qu’ensuite, il faut n’autoriser que celles strictement indispensables. », rappelle également ce communiqué des organisations constitutives de la CGT.
Ainsi, alors que le document signé par les confédérations syndicales et organisations patronales prône l’apaisement et la collaboration entre employeurs et employés, la déclaration signée par les organisations CGT combatives exprime un point de vue exactement inverse et opposé.
« Il y a donc urgence à stopper tout ce qui n’est pas nécessaire. Le coup d’état d’urgence sanitaire ouvre un régime d’exception pour les employeurs où tout est permis pour eux », analyse l’adresse publique des organisations CGT de base. Pour ces dernières, « le rôle de la CGT dans la période est de se trouver auprès des travailleurs, et non signataire d’une déclaration en collaboration avec ceux qui nous font face. »
En conclusion, les signataires de cette adresse publique « invitent toutes les organisations de la CGT, du syndicat à la confédération, à condamner cette « position commune » qui rend complice ses signataires des drames humains consécutifs à la crise sanitaire en cours, et à exiger le retrait de sa validation par la CGT. »