Alors même que le groupe pétrolier Total est confronté à une chute sans précédent des cours du brut, l’entreprise a versé 1,8 milliard d’euros (un quart du dividende total annuel) de dividendes à ses actionnaires le mercredi 1er avril, tout en se félicitant de mettre à disposition jusqu’à 50 millions d’euros de bons d’essence pour le personnel hospitalier.
Si les richesses sont produites exclusivement par les travailleuses et travailleurs, les grands actionnaires privés viennent donc de voler près d’1,8 milliard d’euros aux salariés du groupe Total et à la collectivité nationale. Un scandale ordinaire dans le capitalisme, mais qui prend une « saveur » particulière en ces temps de pandémie, de confinement, et d’ordonnances qui nous ramènent à des temps sociaux obscurs.
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Au titre de l’exercice 2019, Total devrait à terme distribuer un peu plus de 7 milliards d’euros (+3% par rapport à l’exercice précédent) sous forme de dividendes, de loin le plus gros pourvoyeur du CAC 40. C’est évidemment la vraie raison du choix du groupe de ne pas solliciter (pour le moment et sous cette forme) des aides de l’Etat face aux difficultés économiques amplifiées par la pandémie. Gageons que les dirigeants du groupe (et les actionnaires privés) sauront sans peine (ni honte) profiter des plans de relance concoctés par nos gouvernants et financés par le peuple.
Évidemment, le groupe Total n’est pas le seul monopole capitaliste à agir de la sorte. C’est également le cas, entre autres, de L’Oréal, Air Liquide, Dassault, STMicroelectronics, Publicis, Legrand…
Rappelons encore que le groupe Total, comme tant d’autres entreprises privées, a été épinglé dans l’affaire des « Paradise papers » au cours de laquelle il avait été révélé que le groupe avait dissimulé des milliards d’euros grâce à des filiales localisées dans des paradis fiscaux comme les Bermudes et qui ont donc échappé au fisc et à l’impôt.
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Or, c’est justement cet impôt qui sert, entre autres, à payer le service public de la santé, à acheter des masques FFP2, à financer la recherche, les médicaments, des respirateurs et à payer tous les personnels de santé de l’hôpital public.
Pendant ce temps, Darmanin fait la manche
Au lieu d’actionner le levier que représente l’impôt, Gérald Darmanin, ministre de l’action et des Comptes publics, se couvre de ridicule, tout en commettant une véritable forfaiture, lorsqu’il en appelle à la charité du peuple pour financer les petites entreprises.
Au lieu de mettre à contribution les grands groupes – gavés pour la plupart d’aides publiques -, le gouvernement agresse les seuls producteurs de richesses, à savoir les travailleurs et le peuple français, en s’attaquant aux droits fondamentaux comme les congés payés et la durée du temps de travail.
Les grands groupes français ont versé 57 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires l’année dernière. Ces dizaines de milliards ont donc été donnés à des personnes qui n’ont rien produit du tout, à des spéculateurs qui aujourd’hui se prélassent dans un confinement doré.
Macron, au travers de l’Etat d’urgence sanitaire, va donc permettre aux grands groupes capitalistes de racketter les seules personnes qui actuellement portent le pays à bout de bras en sacrifiant leur famille, leur santé, et parfois leur vie.
En cela, il est tout à fait en accord avec les injonctions de l’Union européenne, cette organisation supranationale capitaliste qui participe à l’étranglement de toute expression démocratique et indépendante des peuples européens.
Rappelons par exemple que la Commission européenne a demandé 63 fois, entre 2011 et 2018, à ses Etats membres de réduire les dépenses de santé et / ou de privatiser ce secteur clé. Chacun d’entre nous peut aujourd’hui voir le résultat de ces politiques austéritaires en France, en Espagne, en Italie, etc…
Qu’aurait fait un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ?
Un gouvernement au service du peuple et de la nation, aurait immédiatement pris la décision de réquisitionner tous les milliards de dividendes, pour les injecter dans les services publics et dans la production nationale de biens fondamentaux, pour répondre aux besoins essentiels de la population.
Un gouvernement au service du peuple aurait immédiatement placé sous contrôle démocratique exclusif de la nation et du peuple tous les secteurs stratégiques utiles au bien-être des citoyens et à l’indépendance et l’autosuffisance : c’est-à-dire la Santé, la Banque, les Assurances, la Recherche, l’Energie, les Transports, l’Education, les Médias, la Culture, la Logistique, le Bâtiment la Grande distribution, les Grands groupes industriels…
Cet horizon, ces Jours heureux, sont possibles et ne dépendent que de notre capacité collective à nous battre pour faire valoir nos droits, et reprendre tout ce qui nous appartient et qui nous a été volé par les différents gouvernements, en total accord et coordination avec cet outil qu’est l’Union européenne, au service des plus riches et des multinationales.
Il en va de notre avenir et de celui des générations futures. Si aujourd’hui nous sortons masqués, nous ne serons jamais bâillonnés.