Traminots, cheminots, électriciens, danseuses et musiciens de l’Opéra, etc.. : la grève contre la réforme des retraites n’aura donc pas connu de « trêve ». Bien que logiquement affectés par les fêtes de fin d’année, les mouvements de grèves contre la réforme des retraites se sont ainsi maintenus dans l’ensemble des secteurs clés en lutte (RATP, SNCF, raffineries).
Partout sur le territoire français, des initiatives de solidarité et de « gréveillon » ont été organisées tandis que les piquets de grève étaient maintenus et que la CGT appelait à une journée de mobilisation nationale le samedi 28 décembre.
Bien souvent, ce sont des travailleurs militants cégétistes qui ont impulsé et animé ces évènements.
De plus, le mardi 24 décembre, la CGT, mobilisée contre la réforme des retraites, a fait passer plus de 500 000 foyers d’Ile-de-France en heures creuses pendant toute la matinée. Près d’un million de personnes ont pu ainsi bénéficier de l’action solidaire de la CGT.
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Au delà de la guerre de communication, ces images, largement diffusées sur les réseaux sociaux font en réalité partie de la trame des jours et témoignent de la solidarité très forte envers les grévistes. Dans le même temps, il s’agit aussi d’une confirmation du caractère interprofessionnel du mouvement social.
Chacun aura également pu voir les images de la représentation gratuite du Lac des Cygnes de Tchaïkovski réalisée gratuitement le 24 décembre par les danseurs, danseuses, musiciens de l’Opéra de Paris, mobilisés et en habits de travail.
Les artistes en grève de l’Opéra de Paris interprètent gratuitement le Lac des Cygnes devant l’Opéra Garnier pour s’opposer à la réforme des retraites.
Splendide.pic.twitter.com/MkIWJmz4kX— Jean Hugon🔻 (@JeanHugon3) December 24, 2019
Cette performance émouvante, qui a déjà fait le tour du monde, avait par ailleurs lieu quelques jours après l’annonce en direct par les travailleurs de l’Opéra de Lyon de refuser de performer devant le public par solidarité avec le mouvement de grève.
Sous les huées des bourgeois, l’opéra de #Lyon refuse de jouer et de céder à la direction qui avait décalé la représentation pour éviter la #grève.
Pas de trêve ✊#FiersDeLaGreve #GreveHistorique #greve20decembre #GreveGenerale pic.twitter.com/AW1AsQHKKC
— Marcel Aiphan (@AiphanMarcel) December 20, 2019
Observons de plus près la symbolique de la représentation offerte par les travailleurs de l’Opéra de Paris : que nous dit cet épisode, qui restera comme un des temps forts de ce mouvement social ?
Cette représentation nous confirme d’une part qu’une grande majorité d’artistes se mobilisent et ne se perçoivent pas comme fondamentalement « différents » des autres travailleurs. D’autre part, ces travailleurs artistes mettent leurs compétences et savoirs artistiques au service de la population et des éléments les plus déterminés.
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De plus, ces travailleurs qui se joignent à la lutte aux côtés des cheminots, traminots, raffineurs, aux côtés des travailleurs de Radio France et des bibliothèques. etc… montrent qu’une unité de classe contre le projet de réformes à points est en train de lentement mais surement se construire et ressouder différentes franges du monde du travail.
Enfin, chacun sait que le moral et la détermination jouent un rôle déterminant dans le maintien de la confiance dans la lutte, et le maintien du cap dans la mobilisation. Par la multiplication de ces actions, et la réappropriation du travail, chaque travailleur apporte ainsi sa pierre à un mouvement qui ne doit pas être l’addition des différentes corporations mais bien un réel mouvement social, global, interprofessionnel.
Le refus du personnel de l’Opéra d’accepter le « compromis » proposé par le gouvernement pour acheter la paix sociale dans ce secteur démontre également que pour tous, la détermination est intacte pour faire reculer le gouvernement.
Rappelons encore que les grévistes de l’Opéra de Paris ont offert un concert gratuit le 31 décembre.
Concert de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris sur les marches de l’Opéra Bastille, contre la réforme des retraites. 40 000 euros de solidarité caisse de grève apportés aux salariés. pic.twitter.com/ZUlskz6O6J
— cgt 93 (@93Cgt) December 31, 2019
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Au-delà de ces gréveillons et autres actions de solidarité ou d’éclat, rappelons également que les piquets de grèves ont été maintenus sur de nombreux sites et dépôts, ancrant la grève fermement dans la durée tandis que le spectre d’une pénurie de carburant devient chaque jour de plus en plus tangible.
La journée de mobilisation nationale impulsée par la CGT le samedi 28 décembre a par ailleurs démontré que les travailleurs ne comptaient pas attendre la journée du 9 janvier pour entrer en action.
Mener un mouvement contre un pouvoir qui cherche à nous écraser et à faire passer sa réforme à tout prix n’est pas une chose évidente. Le gouvernement, qui joue le pourrissement du mouvement, a pour l’instant largement échoué, en cette fin d’année, à dissocier et séparer une opinion publique majoritairement favorable au retrait de la réforme de la masse des grévistes et travailleurs en lutte. De quoi augurer un début d’année 2020 incandescent.