LA GUERRE DES CLASSES EN FRANCE #1

LA GUERRE DES CLASSES EN FRANCE #1

La Guerre des Classes qui fait rage en France comme ailleurs dans ce monde capitaliste, doit être illustrée par des données chiffrées. Nous vous en proposons trois dans cet article qui fait état de l’explosion de la précarité depuis deux ans et met en parallèle ces chiffres avec les 100 milliards d’euros engrangés par les actionnaires du CAC 40 et l’explosion vertigineuse des défaillances d’entreprises dans le pays.

>> Près d’une personne sur cinq (17,3 %) dans le secteur privé non agricole est aujourd’hui payée au salaire minimum, contre 12 % seulement début 2021. Selon la Dares (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), en deux ans, entre le 1er janvier 2021 et le 1er janvier 2023, leur nombre s’est accru d’un million de personnes. Sur les près de 17,6 millions de salariés, 3,1 millions gagnent ainsi 1 398,69 euros net par mois.

Cette précarisation, ou prolétarisation, qui ne tombe pas du ciel, et n’est pas récente, appelle à une riposte à la hauteur de la violence sociale et l’explosion généralisée des prix depuis deux ans (Electricité : +44%, Beurre : +41,9%, Papier toilette : +33,3%, Yaourts : + 32,9%, Huile : +29,6%).

Ce choix, conscient et organisé, du chômage, de la précarité et de la surexploitation qui en découle, pèse sur les finances publiques et prouve le caractère parasitaire du patronat. Quasiment exonéré de cotisations, le smic est bien moins coûteux pour l’employeur qu’un salaire de 10 % ou 20 % au-dessus, davantage chargé en cotisations.

De facto, la précarité généralisée est payée, ironie suprême, des poches du contribuable, par le peuple tout entier. En effet, Selon les calculs effectués par l’OFCE, en deux ans le coût des exonérations de cotisations sur les salaires a augmenté de 16 milliards d’euros (+ 27 %), passant de 59,4 milliards d’euros à 75,4 milliards d’euros. A titre de comparaison, le budget de l’éducation nationale s’élève à 59,7 milliards d’euros (+ 10 % en deux ans).

Nous ne sommes pas face à une anomalie ou une incohérence. Tout est lié. Le cycle sans fin (en apparence seulement) du capitalisme, son état de « crise permanente », le maintien (par la Terreur si nécessaire) de la surexploitation, la succion systématiques de milliards d’exonérations fiscales et sociales (compensée par nos impôts et la dégradation générales des services publics) par des grands groupes.

Sans riposte de notre part, la fuite en avant capitaliste, nous étranglera tous et toutes, par la guerre ou la faim.

>> Dans un contexte de conflits généralisés à travers le monde, de paupérisation de masse et de violence sociale, les capitalistes, eux, font ripaille. Et quel festin ! Selon les données récoltées par la Lettre spécialisée Vernimmen, les groupes du CAC 40 ont versé près de 100 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires. Ce chiffre représente une hausse de plus de 20 % par rapport aux montants reversés en 2022, déjà historiques, à 80,2 milliards d’euros en 2022.

 « Depuis fin octobre, nous assistons à un rebond exceptionnel qui a permis de franchir ce nouveau palier. Dans les salles de marché, c’est un peu l’euphorie », explique un contrôleur de gestion d’actifs, cité par le journal l’Humanité. Dopés à l’argent public, les grands groupes et leurs poignées d’actionnaires oisifs engrangent les profits.

Dans le même temps, la France a enregistré un des pires quatrièmes trimestres en 30 ans pour les défaillances d’entreprises, qui vont désormais au-delà de l’effet de rattrapage post-Covid, selon une étude du groupe Altares publiée à la mi-janvier. Avec 57 729 procédures ouvertes en 2023, le nombre de défaillances est en augmentation de 35,8 % par rapport à 2022, après déjà la hausse historique de 49 % en 2022. Pour le seul quatrième trimestre, elles sont en hausse de 37,2 %, à 16 820, par rapport au même trimestre de 2022.

Les très petites entreprises concentrent l’essentiel (92 %) des jugements mais l’accélération des difficultés des PME fait fortement augmenter le nombre des emplois menacés, passés de 143.500 en 2022 à 243.000 en 2023. Les défaillances ont également touché 171 entreprises d’au moins 100 salariés en 2023, au plus haut depuis 2014 (185 défauts).

On le voit bien, le capitalisme est hors sol. En guerre économique (bien souvent asymétrique) permanente entre tous et contre tous, ce système est incapable de fonctionner sans l’argent public, incapable de pourvoir aux besoins fondamentaux des travailleurs et des citoyens.

C’est toute la force de l’intelligence collective et ouvrière qui a conduit la CGT à mettre en avant « la double besogne » qui prend, maintenant comme par le passé, un relief particulier en temps de crise permanente du capitalisme. Le combat pour « améliorer l’ordinaire » est inextricablement lié à la grande guerre sociale que nous menons, dans l’objectif avoué et public de transformer, socialement, économiquement, politiquement, l’ensemble de la société.

Ainsi, là encore, tout est lié. Notre combat pour la justice sociale et fiscale est également un combat pour la dignité et la destruction de ce monde capitaliste à l’agonie et qui nous entraine dans sa chute.