Mobilisés depuis 6 mois, les urgentistes refusent le plan de « refondation » du service hospitalier. Des rassemblements ont été annoncés pour le 26 septembre en attendant une date de mobilisation nationale.
Plusieurs milliers de personnes ont battu le pavé le mercredi 11 septembre à Paris à l’occasion de la journée nationale de mobilisation, impulsée par la CGT dans tout le secteur sanitaire et social.
Réunis la veille en Assemblée générale à Saint-Denis, les représentants des urgentistes en grève avaient voté la poursuite du mouvement de grève, l’extension du mouvement aux autres services hospitaliers, la participation aux actions du 11 septembre.
La récente annonce d’un plan de « refondation » du service hospitalier par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a été prise à juste titre comme une provocation par le personnel mobilisé et le collectif Inter-Urgences, à l’origine d’une grève inédite par sa durée et son ampleur.
La grève dure en effet depuis près de 6 mois. 250 services d’urgence sont concernés à ce jour, soit presque la moitié des services d’urgences publics du pays !
Le plan de « refondation » des urgences hospitalières n’a été doté que de 750 millions d’euros sur trois ans : une goutte d’eau dans la mer, sans création de postes, ni d’arrêt de suppressions de lits !
Officiellement, ce plan met l’accent sur l’orientation des patients pour limiter l’afflux aux urgences, avec un nouveau « service d’accès aux soins » et des « admissions directes » sans passage aux urgences pour les personnes âgées.
La mobilisation ne s’essouffle pas, et pourrait faire tache d’huile
Les grévistes mobilisés n’entendent pas céder un pouce de terrain face au gouvernement, et promettent de passer à « la vitesse supérieure » pour obtenir leurs revendications. « Nous appelons l’ensemble de nos collègues à se mettre en grève avec nous », a par exemple déclaré Christophe Le Tallec, vice-président du collectif, précisant que les soignants étaient invités « à se mobiliser sur l’ensemble des dates syndicales qui sont annoncées ».
Les urgentistes sont déterminés à gagner des « réouvertures de lits », des « recrutements à la hauteur des besoins » et une « augmentation de 300 euros net mensuels pour tous les hospitaliers » ainsi que la création de 10 000 postes supplémentaires. Des « rassemblements locaux » pour le 26 septembre sont en cours d’organisation et le collectif a d’ores et déjà annoncé une prochaine « date de mobilisation nationale ».
On peut se réjouir de la multiplication des fronts sociaux contre les politiques gouvernementales sans oublier toutefois l’absolue nécessité d’une réelle convergence des luttes, interprofessionnelle. Le tous ensemble peut et doit être impulsé au niveau de toutes les structures syndicales.
La confédéralisation des luttes : une nécessité pour gagner
En ce mois de septembre, c’est tous les syndiqués qui doivent promouvoir la confédéralisation des luttes. Il est évident que la Fédération CGT de la santé (une des plus grosses fédé CGT), ne peut se battre seule contre la casse de l’hôpital public et du statut de la fonction public hospitalière : c’est la vocation de toute la CGT de soutenir la mobilisation et les choix de société qu’il y a derrière.
La lutte des urgentistes est exemplaire. Toutefois, quelle que soit la détermination des grévistes, cette lutte catégorielle ne saurait gagner isolément, sans s’agglomérer au combat commun du monde du travail contre le thatchérisme du gouvernement Macron au service de la finance : c’est une des leçons de l’échec de la grève, pourtant puissante, des cheminots en 2018. Nous avons TOUS besoin d’une telle stratégie de confédéralisation des luttes, dont la journée du 24 septembre devra être un point d’appuis pour la construction d’une riposte de classe générale.
Par ailleurs, si Force Ouvrière a annoncé se rallier à la mobilisation, la direction de la CFDT a brillé une fois de plus par sa recherche opiniâtre de collaboration de classe. Commentant les annonces de la ministre, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, et élu Président de la Confédération européenne des Syndicats (CES), a ainsi expliqué considérer qu’« on ne peut pas dire qu’il ne s’est rien passé ».
L’internationalisme au service des luttes : les urgentistes reçoivent le soutien de la FSM
La Fédération Syndicale Mondiale, qui représente 97 millions de travailleurs sur 5 continents, a salué dans un communiqué la mobilisation des urgentistes du 11 septembre.
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Rappelons qu’en juin dernier la FSM avait déjà adressé un vibrant soutien envers le mouvement. L’internationale syndicale y déclarait notamment soutenir « toutes les luttes pour le droit à un système de santé pour tous à travers le monde », la défense de la sécurité sociale, du statut de la fonction publique hospitalière. La FSM mettait également en avant la nécessité d’embauches massives et d’une augmentation des salaires.
Enfin, la FSM accusait directement le gouvernement et les entreprises du secteur de la santé de vouloir « casser la Sécurité sociale, le statut de la fonction publique hospitalière, fermer des centres de soins pour privatiser et faire des profits avec le secteur de la santé en France, au détriment des besoins de la population. »
Il est à noter que, si la Fédération Syndicale Mondiale, qui ne compte qu’un ou deux syndicats CGT de ce secteur en France, a immédiatement publié des communiqués de soutien, la CES brille par son silence sur ce dossier, comme sur beaucoup d’autres sujets. Tout comme l’EPSU (European Public Service Union), la branche services publics de la CES à laquelle la Fédération CGT de la santé est affiliée et qui réunissait son Congrès au début de l’été sans même avoir publié un communiqué de soutien aux urgentistes mobilisés en France, ce qui n’aurait pas mangé de pain ! Chacun en déduira ce qu’il voudra.
1 thought on “Urgence pour l’hôpital public ! En grève depuis 6 mois, les Urgentistes accentuent la pression sur le gouvernement (PHOTOS)”
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