METTRE FIN AUX INÉGALITÉS >> SORTIR DU CAPITALISME

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Cette année, la journée internationale de lutte pour le droit des femmes s’inscrit dans la forte mobilisation sociale contre la réforme des retraites qui veut nous faire travailler et nous exploiter toujours plus. C’est une occasion supplémentaire pour dénoncer cette scandaleuse réforme qui va attaquer encore plus les femmes travailleuses.

Les femmes ont déjà des pensions inférieures aux hommes et la réforme ne fera qu’accroitre leur précarité.

Les pensions minimum promis de 1200 euros n’affecteront déjà qu’une minorité de travailleurs et rappelons qu’elles impliquent une carrière complète. Or, les carrières des femmes sont celles qui sont le plus hachées et donc les plus incomplètes. Les effets d’annonce sur la prise en compte des congés parentaux dans le calcul des trimestres oublient de préciser que seuls compteront les 4 premiers mois. Les plus long congés parentaux sont majoritairement pris par des femmes et continueront de hacher encore plus leur carrière. La notion de pénibilité est déjà réduite pour les secteurs les plus masculins mais jamais pris en compte pour les secteurs féminins. Les aides-soignantes, aide à domicile ou infirmières ne peuvent espérer un départ à la retraite anticipé. Par ailleurs, parmi les personnes au chômage ou en invalidité avant la retraite, 60% sont des femmes. Allonger le départ de l’âge à la retraite, ce n’est qu’allonger cette précarité pour des milliers de femmes !

Parce que plus précarisées, les femmes seront plus impactées par la réforme Macron-Borne. Cette journée du 8 mars est aussi un appel à la grève, dans le cadre de reconductible pour renforcer le barrage contre cette réforme. 

Cette journée n’est cependant pas une journée de lutte comme les autres. Elle honore l’ensemble des femmes travailleuses qui ont combattu à travers les époques pour défendre leurs droits et leur dignité et renforce tous leurs combats d’aujourd’hui à travers les pays.

Il y plus de 100ans, Clara Zetkin faisait voter à la conférence des femmes socialistes une date de mobilisation pour le droit des travailleuses. 7ans plus tard, le 8 mars 1917, les femmes de Pétrograd se soulèvent, en pleine guerre mondiale, pour réclamer le pain et la paix. Cette journée marquera le début de la révolution d’Octobre et sera reprise comme date mondiale de lutte pour le droit des femmes.

Les travailleuses, aujourd’hui, s’inscrivent dans cette histoire combative, et doivent continuer de se battre car, sous ce système capitaliste, elles restent doublement exploitées. N’oublions pas que l’égalité salariale reconnue par la loi a été arraché par une mobilisation massive des femmes travailleuses. Aujourd’hui, leurs salaires sont toujours au plus bas. Les femmes sont cantonnées par le capital à certains secteurs ultra féminisés qui font partis des secteurs les plus sous-payés. En plus des bas salaires, les métiers dans lesquels il y a le plus de femmes sont les métiers les plus  précaires, qui n’utilisent que des contrats de courte durée ou des temps partiel obligatoires et donc imposés aux travailleuses. Elles subissent alors les premières et de plein fouet le chômage de masse. Elles sont également toujours victimes de discriminations à l’embauche et se voient freiner dans les évolutions de carrières.

A l’exploitation du capital, s’ajoute l’exploitation sociale et leur cantonnement à la sphère familiale. Le droit à la maternité n’est pas pleinement reconnu ce qui affecte le niveau de vie des femmes. Les congés sont courts et surtout pas rémunérés à 100%. Les moyens de gardes sont très faibles et extrêmement couteux.

Les femmes sont encore celles qui s’occupent invisiblement des tâches domestiques et enchainement des doubles journées interminables.

La double exploitation des femmes se renforce à travers les harcèlements dans et hors du monde du travail, les violences sexistes et les violences sexuelles. Scandales et drames que subissent encore les femmes vivant dans une  société soit disant moderne mais toujours capitaliste.

La lutte pour l’émancipation des femmes ne peut donc se faire sans lutte pour l’émancipation du capital de l’ensemble de la société. Les premiers droits à l’avortement, les premiers droits de vote ont eu lieu dans les pays socialistes du siècle dernier. C’est également dans ces pays, débarrassés de l’exploitation du capital, que de vraies politiques, et de programmes de formation se sont mis en place pour que les femmes puissent faire les mêmes métiers que les hommes. Pour citer quelques exemples, le déploiement de crèches gratuites devant de nombreuses entreprises et universités et le congé menstruel ont matériellement rendu effective la réduction des inégalités.

Doublement exploitées, les femmes travailleuses sont doublement combattives ! Elles doivent prendre une place majeure dans la lutte des classes d’aujourd’hui.

Historiquement, la CGT a toujours été un syndicat qui s’est préoccupé et a soutenu la lutte des femmes. Dès les années 1920, la CGT-U créent des commissions féminines pour se déployer auprès d’elles et les rallier à la lutte. En 1958, la CGT organise une conférence nationale «  pour la défense et la revendication des travailleuses ». Le stand du journal de lutte Antoinette arpentait une banderole des plus combatives : « Antoinette c’est la SEULE, absolument la seule revue féminine qui montre le CHEMIN DE LA LUTTE DE CLASSE, la lutte contre le patriarcat et l’état capitaliste exploiteur ». En 1965, le secteur féminin organise une assisse nationale féminine sous le mot d’ordre  «  diminution du temps de travail des femmes ».

L’organisation des travailleuses et leur mise en direction a toujours été une priorité pour la CGT. Benoit Frachon, dès 1945 disait déjà «  si nous leur reconnaissons la capacité de remplir les fonctions les plus élevées dans la production, il est normal que nous leur accordions celle de diriger les organisations dont elles sont membres ». Des femmes, comme Marie Couette, qui a été l’instigatrice des commissions féminine confédérales, ont montré l’exemple à des générations de femmes syndicalistes dirigeantes et militantes jusqu’à aujourd’hui.

De par son essence de classe et de masse, la CGT a, historiquement été l’une des pionnières du féminisme. Elle a toujours su que la lutte de classe ne peut se faire sans les femmes, la moitié de la classe exploitée, et que leur combat pour leur liberté ne peut se faire sans attaquer le capital qui les opprime. Aujourd’hui encore, nos instances en direction des femmes ne doivent pas craindre de brandir le drapeau de la lutte de classe pour y rassembler les masses des femmes travailleuses. Elles doivent permettre à la CGT d’avoir une stratégie efficace de renforcement auprès des secteurs les plus féminisés du monde du travail et permettre des adhésions massives féminines à notre syndicat. 

La CGT doit pouvoir s’appuyer sur elles pour retourner au combat contre le patronat avec toujours plus de revendications spécifiques. Les femmes travailleuses ont leurs propres luttes à mener sur la maternité, les congés menstruels, la fin de la précarité, la fin des  violences et discriminations et bien d’autres encore.

Parce que la CGT est l’arme de l’ensemble de la classe ouvrière, solidaire entre elle, il ne peut être permis que soit reproduit en son sein les discriminations et violences sexistes ou sexuelles qui pullulent dans une société inégalitaires. Rompre avec le capital, c’est dès aujourd’hui rompre avec ses mentalités, ses comportements et ses préjugés.

Une CGT forte, c’est une CGT qui se donne les moyens d’instaurer ce cadre de militantisme solidaire et égalitaire. C’est aussi une CGT qui est reconnue et investie par les femmes travailleuses comme leur propre arme de classe contre leur patron.

Citons, pour terminer, l’introduction à la double-besogne présenté dans la Contribution pour le 53e Congrès : « Pour un syndicalisme de classe et de masse, nous situons notre activité sur base de la double besogne. Cela impose d’œuvrer au quotidien dans l’amélioration de la vie des travailleuses et travailleurs (temps de travail, salaires, conditions de travail, etc.) et dans le même temps, de lier cette lutte, à l’émancipation générale des travailleurs et travailleuses, par l’expropriation des capitalistes.

Dans une CGT à la hauteur des enjeux face à un système qui broie les vies, la perspective d’expropriation du capitalisme n’est pas un objectif lointain qui doit être caché derrière les revendications quotidiennes. Au contraire, chaque militant de la CGT, doit lier les objectifs immédiats de l’amélioration de la vie des travailleurs et travailleuses, à celui du changement de société. L’un ne va pas sans l’autre. «