Ces dernière semaines ont été marquées par un séisme de grande amplitude au Maroc qui a causé plus de 3000 morts, ainsi que par des inondations historiques en Libye qui ont balayé des pans entiers du pays et causé des dizaines de milliers de morts et disparus.
Le séisme au Maroc a fait plus de 2 100 morts, des milliers de maisons se sont écroulées et des dizaines de villages ont été entièrement détruits.
Pour déblayer et enterrer leurs proches, les populations de cette région périphérique marocaine abandonnée par la monarchie (dictature) marocaine ont compté sur leurs propres forces, ainsi que sur une solidarité populaire locale et l’aide solidaire des organisations sociales et syndicales, du pays, mais aussi de l’étranger, à l’instar de la France et de l’ensemble de la CGT.
A l’instar des tremblements de terre de février 2023 en Turquie et Syrie, – qui ont causé plus de 50 000 morts -, la population est non seulement victime d’une catastrophe naturelle mais également et principalement de la misère et du sous-développement des régions.
Une autre catastrophe a lieu, en ce moment même, en Libye. Des inondations monstrueuses ont balayé des villes et villages entiers, emportant les infrastructures vitales, héritées de l’ère Kadhafi. Le Croissant rouge libyen a annoncé le jeudi 14 septembre 2023 que les inondations dont a été victime le secteur de Derna ont fait plus de 11 000 morts. L’organisation évoque aussi un chiffre de 10 000 disparus.
La situation dramatique vécue par les populations libyennes face aux milliers de morts, les destructions des habitations, usines, infrastructures, voies de transports et de communication, méritent toute notre solidarité. Le silence, ou la discrétion, entretenue autour des inondations en Libye est d’ailleurs à mettre en perspective avec les communications et propositions (hypocrites) de l’Etat français au Maroc, et, également, avec la tiédeur à communiquer, pour ne pas dire le silence là encore, des organisations sociales, syndicales, politiques.
Le silence d’Etat sur la situation en Libye est indécent.
Depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011, sous les bombes françaises et britanniques, la Libye est en état de guerre civile permanente. Symbole éclatant de l’échec des opérations aventurières de l’impérialisme français – qui entraine aussi la déstabilisation de l’ensemble de la région sahélienne et est donc responsable du chaos régional – la Libye post-Kadhafi est aussi un territoire maillé par des camps de concentration moderne (dit de rétention) des migrants, le plus souvent subsahariens, capturés et prisonniers sur le territoire libyen, et parfois vendus en esclavage. Cette réalité est aussi la conséquence inévitable de l’application en pratique « sur le terrain » les accords conclus avec les autorités européennes sur le dit « contrôle migratoire ».
La solidarité avec le peuple libyen, victime à plusieurs titres des impérialismes occidentaux, est inséparable avec la solidarité avec les réfugiés qui tentent de rejoindre l’Europe. Notre première disposition doit être de ne pas fermer les yeux sur cette situation, cachée par l’Occident tant elle est une éclatante illustration de la barbarie créée par ceux-là même qui versent des larmes de crocodile pour ne pas se couper du Maroc, grand allié des impérialismes français – malgré les récentes polémiques – et américain et allié d’Israël.
Notons d’ailleurs que la monarchie marocaine, qui n’a sans doute rien à envier en termes de libertés politiques, à la Libye de Kadhafi, est une dictature ultra-libérale et obscurantiste qui joue un rôle de plus en plus important et influent en Afrique. Le développement d’un impérialisme marocain s’atteste par la place prise par les grands groupes marocains ainsi que la place prise par le roi marocain dans les concerts des nations africaines, un rôle facilité depuis la disparition de Kadhafi lynché à mort par une foule d’islamiste et dont la vidéo atroce avait fait le tour du monde, sous l’œil, à moitié satisfait à moitié édifié, des « faiseurs d’opinions ».