Crise politique maximale au Pérou. Depuis le 7 décembre et l’arrestation du président Pedro Castillo, les manifestations se poursuivent jour après jour dans tout le pays pour exiger sa libération, la dissolution du Congrès, la convocation de nouvelles élections législatives. Plus d’une dizaine de manifestants ont été abattus par la police au cours des différentes manifestations et rassemblements contre le putsch.
Devant la pression, la vice-présidente, Dina Boularte a annoncé en pleine nuit qu’elle allait présenter un projet de loi visant à avancer les élections de 2026 à avril 2024. Et a surtout annoncé l’Etat d’urgence dans les zones les plus touchées par les manifestations.
Il s’agit de la sixième motion de destitution du Parlement péruvien pour «incapacité morale» contre un président en exercice depuis 2017, après Pedro Pablo Kuczynski (droite) en 2018 et Martin Vizcarra (centre) en 2020.
L’éviction de Martin Vizcarra avait déclenché des manifestations violemment réprimées qui avaient fait deux morts et une centaine de blessés. Son départ avait conduit le Pérou à avoir trois présidents en cinq jours. Pedro Castillo, candidat d’un parti marxiste, avait remporté les élections, dans un contexte très tendu, contre l’héritière du dictateur Fujimori et la droite ultra-conservatrice, anticommuniste et anti syndicale.
Les capitalistes du pays sont notamment vent debout contre tout remise en cause de la Constitution actuelle, parallèle à la Constitution Pinochet au Chili, et héritage des contre-révolutions ultra autoritaires et ultra libérales.
La CGTP en première ligne pour la démocratie, les libertés et les droits du peuple
La puissante Confédération Générale des Travailleurs du Pérou (CGTP), affiliée à la Fédération Syndicale Mondiale, a, dès le 7 décembre, déclaré dans un communiqué refuser toute interruption de la vie démocratique.
La centrale syndicale péruvienne considère que le « Congrès mérite d’être dissous de par ses attaques constantes contre la démocratie et les menaces contre les droits du travail et les conquêtes sociales. Pour la CGTP, « l’instabilité chronique tant politique, sociale que économique du pays plonge ses racines dans la Constitution fallacieuse de 1993 ». Il faut donc d’urgence, selon les syndicalistes de classe du Pérou, « créer une nouvelle Constitution, qui garantissent les intérêts du peuples et non des groupes de pouvoir économiques qui détiennent le contrôle de notre pays ».
« Ainsi, nous, la classe ouvrière et le peuple, nous devons nous mobiliser et rester vigilant envers le respect de la démocratie et les droits du travail, pour une réforme politique : une nouvelle constitution et de nouvelle élections législatives », poursuit le communiqué de la CGTP.
La CGTP a appelé à manifester et à se mobiliser partout dans le pays, et a appelé à une grève générale prévue pour le jeudi 15 décembre. Des syndicats agraires et des organisations sociales, paysannes et indigènes ont, elles aussi, appelé à une « grève indéfinie » à partir du mardi 13 décembre pour afin de demander des élections anticipées et une nouvelle Constitution. La demande de nouvelles élections est associée à un rejet massif du Parlement. Selon les sondages de novembre, 86% des Péruviens désapprouvent ainsi le Congrès.
Solidarité avec le peuple et les travailleurs péruviens !