Depuis plusieurs semaines, des organisations territoriales et professionnelles de la CGT impulsent des marches pour l’emploi et la dignité dans plusieurs départements. Ces structures CGT appellent également à une grande marche nationale à Paris le 17 octobre (14h, Place de la République).
Le 17 octobre est également le jour où les marches des Solidarités, avec les travailleurs sans papiers, convergeront à Paris. La jonction des deux marches, souhaitée par les organisateurs, ne pourra être que l’occasion d’une nouvelle démonstration de la fraternité ouvrière entre travailleurs, avec sous papiers, français ou immigré.
Notre collectif militant Unité CGT invite nos lecteurs à se joindre à la marche nationale pour l’emploi et la dignité le 17 octobre à Paris, à l’appel de structures de la CGT. Nous avons d’ailleurs réalisé au cours des dernières semaines un suivi actif de ces mobilisations inédites qui se sont déroulées dans différents départements du pays.
Jusqu’à quand allons-nous accepter la résignation et le fatalisme ?
Le 1er octobre dernier, l’Assemblée nationale a, en catimini, de nouveau et de facto, accordé les pleins pouvoirs au gouvernement au travers de la nouvelle prolongation de l’Etat d’urgence sanitaire, jusqu’au 1er avril 2021. Le 14 octobre, Emmanuel Macron a annoncé le couvre-feu effectif de 21h à 6h du matin sans vote préalable du Parlement.
Ce même gouvernement, incapable de réagir à temps au début de l’année 2020, incapable de prendre des mesures de court, moyen et long terme pour faire face à une éventuelle reprise de l’épidémie et pour reconstruire le système public de santé, veut, « dans le même temps », nous museler. L’utilisation du virus apparait au grand jour pour ce qu’elle est réellement : un prétexte et un chantage permanent pour contraindre les travailleurs à vivre dans la peur, baisser les bras, accepter leurs sorts et se taire.
Souvenons-nous, déjà en 2008, la crise économique et financière avait été utilisé comme prétexte pour accorder au patronat des subventions et aides massives, et « dans le même temps », pour imposer une austérité brutale et la casse sociale.
Comme en 2008, comme à chaque crise systémique du capitalisme, nos gouvernants pointent du doigt, et de manière volontairement quasi mystique, un phénomène inatteignable contre lequel la lutte et la grève seraient, soi-disant, « inutiles » et dont on ne pourrait qu’accepter les conséquences. Cependant, et à la différence de 2008, l’Etat et les élites disposent d’un nouvel arsenal législatif – en plus de ses relais médiatiques qui rendent l’individu coupable au lieu de chercher une solution collective -, de la psychose sanitaire et d’une police plus que jamais soumise et complice.
Mais, au fait, meurt-on du Covid ? Ou plutôt de l’absence des infrastructures et du personnel nécessaire pour faire face à une crise, minimale comme maximale ? Est-on licencié à cause du Covid, ou à cause de décisions économiques uniquement décidées au prisme du taux de profit et de la rentabilité capitaliste ?
Aujourd’hui, la casse de l’Hôpital se poursuit. Rien a été fait pour remettre à niveau nos capacités hospitalières et le Segur n’a offert que des miettes aux soignants. D’ailleurs, après avoir canalisé la révolte du personnel soignant – avec l’aide déterminante des syndicats jaunes – le gouvernement prévoit déjà un nouveau tour de vis budgétaire.
Aujourd’hui, des centaines de milliers de personnes ont d’ores et déjà perdu leur emploi depuis le début de la crise. Les secteurs du Commerce et des services, des Industries chimiques, de la Métallurgie, en particulier dans le cas de l’aéronautique, mais aussi les secteurs de l’agroalimentaire ou de l’énergie, sont les secteurs qui subissent principalement les attaques patronales.
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Or, le Covid-19 a bon dos, la plupart des entreprises qui ferment leurs portes ou qui sont menacées de fermeture sont rentables. Avec son « plan de relance » à 100 milliards d’euros, le gouvernement offre de nouveau au patronat des subventions payées par nos impôts. Ainsi, tandis que les patrons, les seuls assistés de ce pays, se confinent à l’abri du peuple, on stigmatise le chômeur, ex-salarié licencié par des « entrepreneurs » dont l’unique objectif est de garantir un taux de profit élevé.
Pourquoi marcher pour l’emploi et la dignité le 17 octobre à Paris ?
Tout simplement pour dire stop à la boucherie.
Pourquoi marcher pour l’emploi et la dignité ? Pour montrer que d’autres solutions existent. D’ailleurs, la question de santé est également une question d’emploi : la CGT exige par exemple « un véritable plan de formation et de recrutement de personnels à hauteur de 100 000 emplois dans les hôpitaux, 200 000 dans les Ehpad(s) et de 100 000 dans l’aide à domicile. ».
Ajoutons que les secteurs industriels évoqués plus haut pourraient constituer autant de monopoles publics, placés sous la direction des assemblées générale des travailleurs et des syndicats. Ces monopoles publics n’auraient plus à répondre à la logique du profit mais uniquement à la réponse aux besoins sociaux fondamentaux de la population. Cette politique industrielle couplée au développement harmonieux de services publics, permettrait alors que le travail devienne un droit « réel » et non simplement « formel. »
Nous avons les solutions, nous sommes le nombre, nous voulons reconquérir nos libertés et notre dignité. L’infantilisation du peuple couplée à la destruction de la protection sociale et à l’absence de réponse à nos besoins sociaux (santé, logement, énergie, alimentation, etc) n’est plus supportable. Marcher à Paris le 17 octobre, c’est aussi envoyer un message à ceux qui nous gouvernent : nous ne nous laisserons pas faire.
Nous sommes ceux qui produisons les richesses de ce pays. Alors, combien de temps encore allons-nous accepter de nous faire marcher dessus par des gouvernants coupés des réalités ? N’oublions pas également que si les réformes des retraites et de l’Assurance-chômage sont encore virtuellement « suspendues », le gouvernement n’attend que le moment opportun pour officialiser cette destruction de notre protection sociale.
Alors, pourquoi marche pour l’emploi et la dignité ? Parce que tout simplement nous avons face à nous un gouvernement offensif et déterminé. Il n’y a rien à négocier avec eux, d’ailleurs, même ces gouvernants se refusent à toute négociation, même avec un syndicat aussi corrompu idéologiquement comme la CFDT… En réalité, ces gens-là ne comprennent que le rapport de force. A nous de reconstruire un mouvement syndical de combat qui puisse mettre en évidence la nécessité de mettre à bas le système politico-économique, le capitalisme.
Et, c’est bien ça aussi l’enjeu de la réussite de la journée de lutte du 17 octobre, de la marche nationale à Paris et des Assises nationales des 29 et 30 octobre : engager dès maintenant une riposte générale du monde du travail. Refusons tout fatalisme, déconfinons à 100% nos outils syndicaux, engageons-nous pleinement dans la guerre sociale, faisons-les reculer, changeons de société !