Électricité : les Français seront saignés à blanc en 2024
Carnage social en perspective : alors que les factures d’électricité ont bondi de 25% entre février et août 2023, les autorités vont augmenter en 2024 une taxe indirecte sur l’électricité pour les ménages. Cette mesure viendra s’ajouter à la fin du bouclier tarifaire, accélérée par le gouvernement qui souhaite s’en débarrasser dès la moitié de l’année 2024, soit 6 mois avant la date initialement annoncée.
Une hausse de 10% des prix de l’électricité est ainsi prévue en 2024 pour les ménages français via la TICFE – taxe intérieure de consommation finale sur l’électricité.
Pour rappel, avant février 2022, les accises (impôts indirects sur la vente ou l’utilisation de certains produits, notamment l’alcool, le tabac et l’énergie) sur l’électricité étaient fixées à 32 euros par mégawattheure (MWh) pour les particuliers. Depuis février 2022 et le déclenchement de l’opération militaire russe en Ukraine, elles ont été abaissées au minimum permis par les règles de l’Union européenne, soit 1 euro par MWh pour les particuliers (et 50 centimes pour les entreprises). Le gouvernement va donc « jouer » sur la fiscalité pour revenir sur le (déjà très faible) « bouclier tarifaire » financé par un déficit de 9 milliards d’euros par an à la seule charge des finances publiques.
Cette somme considérable, payée de la poche du contribuable, doit être perçue comme une très mauvaise réponse à une crise structurelle (et conjoncturelle) alimentée par la libéralisation effrénée du marché de l’Energie, l’éclatement méthodique d’EDF, l’ex-GDF, le manque d’investissement chronique dans l’Energie nucléaire, et, récemment, par les contrecoups de la guerre en Ukraine et les mesures (idéologiques et contre-productives) de sanctions décidées par l’Union européenne et la France contre la Russie.
Au lieu de taxer les entreprises pour financer un bouclier réellement efficace, au lieu de libérer l’énergie des griffes du marché capitaliste, au lieu de nationaliser les grands groupes énergétiques (comme le proposent la FNIC CGT et la FNME CGT), le gouvernement fait payer la crise aux contribuables qui auront donc (une nouvelle fois) financé des aides directes et indirectes aux entreprises.
Des entreprises qui, d’ailleurs, n’hésitent pas à répercuter le cout de l’inflation sur leurs produits, malgré les aides publiques, pour continuer d’engraisser des actionnaires. La crise, pour les capitalistes, n’existe pas. On remarque d’ailleurs que les entreprises ne semblent pas concernées par le relèvement des impôts indirects sur l’énergie. En clair, l’apport d’argent « frais » par les ménages et particuliers va donc, encore une fois, permettre, indirectement, de financer le maintien des aides publiques aux entreprises, ces structures assistées et sous respiration étatique artificielle.
En aout dernier, la FNME CGT avait dénoncé un gouvernement « sourd, privilégiant les intérêts du système libéral ».
« Au lieu de s’attaquer aux racines du problème et de remettre en cause les différentes étapes d’ouverture à la concurrence des marchés de l’électricité et du gaz, le bouclier tarifaire a creusé la dette publique du pays de plus de 50 milliards d’euros. Sa fin en 2024, sans mesures protectrices comme le retour aux tarifs régulés gaz et électricité pour tous entraînera de nombreux citoyens dans la précarité et de nombreux artisans et professionnels dans la faillite. », relevait la FNME CGT.
« Si les marchés deviennent incontrôlables, c’est à cause des pénuries organisées et entretenues par l’absence de planifications et de la perte de la maîtrise publique. Pour le bien-être des usagers, les prix du gaz et de l’électricité ne peuvent être soumis à la main du marché et aux aléas géopolitiques. La disponibilité d’une production pilotable est essentielle à la stabilité des prix pour tous usagers, artisans, PME et collectivités locales. », ajoutait encore la CGT Mines et Energie.
Pour ce gouvernement, dont les plans de mise à mort finale d’EDF via les projets Hercule et Clamadieu ont été mis en échec par la CGT, toute perspective de rupture avec la logique ultra-libérale, est taboue.
En témoigne d’ailleurs les décisions citées plus haut du gouvernement qui vont contribuer à encore davantage étrangler les familles ouvrières et populaires. Rappelons à ce sujet que les prix ont très peu évolué sur les marchés de gros d’électricité : selon des chiffres cités par France Bleu, « sans réévaluation de cette taxe, les Français n’auraient vu sur leur facture qu’une augmentation d’environ 2 à 3%. ».
Ne nous laissons pas faire ! Des solutions concrètes, justes et efficaces existent !
Comme le rappelait par exemple la Contribution aux débats du 53e congrès de la CGT, « Il est des biens communs et des grands secteurs économiques qu’il est politiquement justifié de soustraire au marché, et notamment : les banques, les transports, l’énergie, les laboratoires pharmaceutiques, les grands secteurs industriels.. Les choix opérés pour ces secteurs doivent être démocratiques et répondre aux besoins du plus grand nombre et non maximiser les profits. Pour ces secteurs, il faut créer par expropriation, de vastes secteurs publics qui reforment des monopoles, sous une économie planifiée donc non concurrentielle, toute dérive bureaucratique d’un Etat centralisateur étant rendue impossible par la réappropriation vu au paragraphe précédent. »