« Nous devons redevenir résistants. Nous devons décider de notre avenir et nous devons nous-même le mettre en place » : dans une tribune publiée ce 1er Mai 2020 sur les réseaux sociaux, plusieurs dizaines de responsables syndicaux prennent position pour un « changement de société ».
Signée tant par des dirigeants de Fédérations CGT (Commerce, FILPAC, Industries chimiques, Services publics, Sociétés d’études), que des responsables de syndicats de base, que des responsables d’Unions locales et d’Unions départementales (Bouches du Rhône, Cher, Corse du Sud, Haute-Garonne, Indre, Nord, Tarn et Garonne, Val de Marne, etc.), le document affirme que pour « changer de société », il faut également s’en donner les moyens, tant au niveau de la réflexion que de l’action.
Pour ces signataires, les causes profondes de la situation actuelle, dramatique pour des millions de Français, « n’ont rien de mystérieux ». Les syndicalistes pointent ainsi du doigt « toutes les facilités octroyées au capital », cet « axe directeur des politiques menées depuis plusieurs décennies par les gouvernements successifs de concert avec des organisations supranationales – et notamment l’Union européenne ».
« La mise en place de la toute-puissance du capital et de la finance, la religion du capitalisme à l’européenne, l’hégémonie des « premiers de cordée », la « liberté de circulation », les délocalisations et l’abandon de toute politique industrielle indépendante, » sont ainsi dénoncées par les signataires de la tribune.
Ces derniers mettent également en cause « la baisse massive de la fiscalité et exonérations de « charges », la multiplication des « aides publiques », l’extension continue des privatisations et la destruction des services publics, le statut exclusif de prêteur aux banques qui assure sa domination sur les investissements et construit une dette prétendument « publique ».
À partir de ce constat global, la tribune explicite également le choix, de classe, à effectuer par celles et ceux qui ne veulent pas baisser les bras. Les syndicalistes relèvent aussi que « des dizaines de millions de femmes et d’hommes vivent aujourd’hui, dans leurs corps et dans leurs têtes, ce qu’est la nocivité du capitalisme, éclairée par les multiples mobilisations pour défendre notre système de santé. » Ainsi, en un mot : « pour le peuple et le salariat, l’alternative est simple et vitale ».
En effet, pour les signataires, ce ne sont pas aux gouvernants de « déterminer ce que sera le plan de société qui doit être mis en place, mais à nous, le peuple, les travailleurs, ceux qui sont indispensables à la bonne marche de notre pays. »
Pour ce faire, précise la tribune, il convient d’aborder « des questions fondamentales : propriétés publiques stratégiques ; indépendance nationale ; conditions de véritables coopérations internationales et paix ; maîtrise budgétaire et monétaire ; conditions d’exercice de la souveraineté populaire ; garanties collectives ; politiques publiques et industrielles ; sécurité sociale … ».
Ces éléments ne sont pas ossifiés, bien au contraire. Mais pour leur faire prendre corps dans la réalité, les signataires affirment qu’il faut mettre en avant « ces objectifs dans chaque lutte. ». C’est là, selon les syndicalistes, une condition essentielle pour mener à bien le travail « du rassemblement » et « sa progression ».
La bataille a d’ailleurs déjà commencé, constatent les syndicalistes, « pour imposer des conditions sanitaires indispensables à un déconfinement correct, notamment sur les lieux de travail ; et cela va continuer avec l’urgente construction d’un système sanitaire public dans toute son ampleur et à travers une gestion démocratique. ».
Cette tribune est donc bien un appel à agir plutôt que subir. Pour les syndicalistes, seul le peuple est « est porteur des valeurs et des principes qui ont été portés par le programme du Conseil National de la Résistance.
L’Appel du 1er Mai 2020 est par ailleurs ouvert aux signatures à cette adresse mail : appeldu1ermai2020@gmail.com