1er Mai 2020 : le « jour d’après », c’est maintenant

Ce 1er Mai 2020 aura lieu dans un contexte de confinement, de pandémie, de psychose individuelle et collective, d’attaques anti-sociales et liberticides d’une immense gravité.

Nous ne pouvons pas nous résoudre à rester les bras croisés devant notre ordinateur, pour ceux qui en ont, à l’heure où des millions de français souffrent d’un confinement forcé, sont contraints à travailler jusqu’à 60 heures par semaine et/ou sont brutalement jetés dans la misère et le chômage.

Alors qu’un déconfinement, partiel et inégal, se profile, nous répétons qu’il faut dès maintenant déconfiner nos cerveaux. C’est le plus important, car il n’y aura jamais de retour à la « normale » ; nous sommes déjà dans le « jour d’après ».

L’appel des syndicats à la manifestation virtuelle à 15h ce vendredi est une des possibilités d’action pour le 1er Mai. L’autre possibilité consiste, et nous relaierons toutes les initiatives de ce genre qui auront lieu le 1er Mai, à sortir dans la rue, en plein air, tout en se protégeant, pour exiger des mesures sanitaires, économiques et sociales immédiates. D’autres peuples (grecs, libanais, israéliens, palestiniens, indiens, etc…) ont d’ailleurs déjà ouvert la voie.

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Masqués, mais pas muselés : désobéissons !

Le déconfinement économique, à la sauce patronale et avec toutes ses contradictions, aura lieu, que certains le veuillent ou non. Allons nous attendre l’arme au pied pour un confinement total que le pouvoir ne veut pas, et ne peut pas imposer ? Allons-nous accepter que des millions de travailleurs soient contraint de travailler tout en ayant l’obligation de rester enfermé dans son logis ? Que des millions de précaires et de chômeurs soient condamnés à la charité pour pouvoir survivre ?

En réalité, le confinement est avant tout politique. Si, peu à peu, l’activité économique redémarre, nos droits et libertés sont toujours rangés au placard. Or, si les syndicats CGT sont vent debout pour contrer les attaques sociales qui se multiplient, nous ne pourrons pas faire grand-chose sans un redémarrage global de notre machine CGT. Et cela passe par la réouverture physique (même partielle) de nos UL, de nos UD, de nos Maisons du Peuple, de nos outils de lutte.

Le plus important est de prouver par la réflexion et l’action que nous pouvons dès maintenant, mener la lutte dans la rue, comme nous la menons d’ailleurs déjà, dans des conditions difficiles, dans certaines entreprises ou services.

Faire obstacle à l’autoritarisme du gouvernement et au capital, proposer notre projet CGT

L’Etat d’urgence sanitaire sera probablement reconduit au moins jusqu’au 24 juillet, nous interdisant ou entravant très fortement les droits de circulation, de réunion, de manifestation.

Or, une profonde aspiration à la liberté, dirigée contre toutes les formes d’autorité (patronale, gouvernementale, policière et sécuritaire) se fait peu à peu entendre. Syndicalistes, syndiqués, militants et travailleurs avec ou sans emploi, nous savons bien que « seul le peuple sauve le peuple ».

C’est donc à nous que revient la tâche, nécessaire et vitale, de faire résonner et amplifier le son de cette voix, non muselée et non confinée, dans nos boîtes, dans nos rues, dans nos quartiers.

Le 1er Mai et après, dans la rue, sur nos balcons et à nos fenêtres, par la grève et la manifestation, montrons aux patrons et à nos gouvernants que nous ne nous laissons pas faire, que nous désobéissons à des injonctions inutiles, injustes, et illégitimes. Et surtout, que le capitalisme, cet ordre social corrompu, criminel et dangereux, ne répond et ne répondra jamais à nos besoins fondamentaux.

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Organisée initialement en 1886, et de manière simultanée dans différents pays, pour revendiquer la journée de 8h, la journée du 1er Mai a marqué une rupture fondamentale dans l’histoire du mouvement ouvrier.

Cette année, la Fédération Syndicale Mondiale revendique en particulier la protection sociale des travailleurs face à la maladie, le chômage, la vieillesse, ainsi que la réduction et le partage du temps de travail.

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À l’instar de la FSM, nous revendiquons « l’émancipation de la classe ouvrière et sa libération de la barbarie capitaliste », nous demandons la Sécurité sociale intégrale afin de protéger tous les travailleurs, la réduction du temps de travail à 32h et 28h pour les salariés postés, la nationalisation, sous contrôle et gestion ouvrière, des industries vitales pour répondre aux besoins fondamentaux et urgents du peuple.

Notre syndicalisme de classe, de masse, démocratique, internationaliste est un syndicalisme offensif. Notre CGT porte un projet de transformation de la société. À nous de le mettre en avant.

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