Hier matin nous avons été informé par Facebook de la censure de notre post du 26 août sur le lancement de tests cliniques sur le vaccin cubain « Soverena 1 ».
Le blocus américain, criminel et illégal, contre Cuba n’est pas « que » terrestre, aérien et naval, il est aussi digital. Facebook considère visiblement que tout ce qui de près de loin peut ressembler à une mise en avant du modèle social cubain est un risque pour la santé mentale des utilisateurs du réseau social…
Pour Facebook, le vaccin cubain est une fake news.
Pour Facebook, parler des succès de l’Etat socialiste cubain, dans la Santé en général et contre le Coronavirus en particulier, c’est propager des fake news.
Pour Facebook, mettre en avant les brigades internationalistes de médecins cubains envoyés aux quatre coins du monde pour faire reculer la pandémie, c’est faire de la désinformation.
Bref, pour Facebook, Cuba est un problème.
Soulignons au passage que notre post a été supprimé alors que les informations que nous y relations ont également été publiées par des agences de presse internationale et sont citées par plusieurs médias de différentes obédiences (La Croix, Russia Today, Mediapart…).
Nous avons évidemment ici republié le post censuré sur notre site internet.
Facebook, le big brother qui nous veut du bien ?
En réalité, cette censure est un rappel (utile) : Facebook est une entreprise privée à but lucratif, et à ce titre, elle estime être dans son bon droit dans sa fonction auto-attribuée de juge et bourreau de l’info.
Qui peut donc décider qu’une information, ainsi que l’interprétation de ladite information, est bonne ou mauvaise, vraie ou fausse ? Sur quels critères et avec quelle analyse ? Les fiascos médiatiques de ces derniers mois autour de « l’arrestation de Dupont de Ligonnès » ou les polémiques sur les traitements à base d’hydroxychloroquine ont par ailleurs démontré que l’information circulaire produisait les mêmes effets que les théories du complot : tout brouiller en répétant la même (fausse) info encore et encore.
Les réseaux sociaux sont des plateformes privées mais dans le cas de Facebook, l’hypocrisie est totale, et tout recours est impossible : l’entreprise auto-justifie ainsi ses actes malveillants et sa politique de censure par une pseudo impartialité (la fameuse objectivité/neutralité journalistique…).
Ce n’est d’ailleurs ni la première ni certainement la dernière fois que des actes aussi malveillants ont lieu contre des pages Facebook liées au mouvement social. En termes de restrictions des libertés d’expression, Mack Zuckerberg a fait, à titre privé (et gratuitement), ce que Donald Trump ou Emmanuel Macron ne peuvent (pas encore) réaliser sans provoquer une levée de boucliers.
L’entreprise américaine, dont le capital dépasse les 525 milliards de dollars, sait donc prendre parti. Il y a deux semaines, Facebook a ainsi emboité le pas au président américain qui avait menacé – sans honte ou simple bon sens – de placer la soi-disant « organisation ANTIFA » sur la liste des associations terroristes (Daesh, Al Qaeda, etc..).
Le 19 août dernier, Facebook révélait ainsi en grande pompe son « offensive » menée simultanément contre la mouvance néo-fasciste Qanon ET contre les anarchistes et antifascistes américains et surtout contre le mouvement social étasunien en général. La firme californienne précisait ainsi dans son communiqué que des « organisations miliciennes [qui] encouragent les émeutes » (re-sic) et pourraient être qualifiées « d’Antifa » avaient été visées. Au total, et selon Facebook, 980 groupes, 530 pages et plus de 1400 hashtags Instagram sont concernées par cette censure qui va de la fermeture totale de la page facebook à la restriction drastique de sa visibilité par les utilisateurs.
Dans le cas de Facebook, comme pour les autres réseaux sociaux ou les autres grosses entreprises industrielles, médiatiques, financières etc, le problème doit être nommé : il s’agit de la propriété privée des moyens, non seulement de production, mais également de communication, qui appartiennent donc in fine à une poignée de personnes.
France, loi Haine et censure : tentations liberticides au pays de la « liberté d’expression ».
En France aussi les « censeurs modernes » tentent également de trouver la parade à la désaffection des médias traditionnels par une part de plus en plus majoritaire de la population. Si la loi Avia a été écartée et censurée (défense de rire) par le Conseil Constitutionnel, ce coup d’épée dans l’eau n’est sans doute qu’une des premières tentatives de généralisation de la censure digitale.
Dans un communiqué, la Quadrature du net, association de défense des libertés numériques, avait dénoncé cette loi liberticide qui obligeait « tous les sites Web (pas uniquement les plateformes géantes) à censurer en 1h les contenus signalés par la police comme relevant du « terrorisme » (sans que cette qualification ne soit donnée par un juge, mais par la police seule).
Si le site ne censure par le contenu (par exemple car le signalement est envoyé un week-end ou pendant la nuit) la police peut exiger son blocage partout en France par les fournisseurs d’accès à Internet (Orange, SFR…).
La séparation des pouvoirs est entièrement écartée : c’est la police qui décide des critères pour censurer un site (en droit, la notion de « terrorisme » est suffisamment large pour lui donner un large pouvoir discrétionnaire, par exemple contre des manifestants) ; c’est la police qui juge si un site doit être censuré ; c’est la police qui exécute la sanction contre le site. Le juge est entièrement absent de toute la chaîne qui mène à la censure du site. »
Ajoutons par ailleurs que la députée Laetitia Avia à l’origine de la loi avait refusé de s’en prendre à la racine du problème : le modèle économique des géants du Web.
« Etonnante » et singulière géométrie variable de la part de notre gouvernement « libéral » qui, d’un côté veut censurer à tout va (comme si cela suffisait pour effacer le manque de légitimité du pouvoir), interdit les manifestations de plus de 5 000 personnes, et de l’autre célèbre la « liberté d’expression » à coup de procès cathartiques filmés.
Stop à la censure politique
Dans un communiqué paru en réponse à la suppression de leur page facebook, le collectif crimethInc a déclaré : « Ne vous y trompez pas, si cela ne fait l’objet d’aucune contestation, cela ne s’arrêtera pas là. Plus il sera acceptable que les gouvernements puissent déterminer quelles voix sont autorisées à s’exprimer sur les réseaux sociaux, plus cette censure s’immiscera dans tous les autres secteurs de la société, et plus elle façonnera ce qu’il est possible de penser, ce qu’il est possible d’imaginer. »
Si vous vous sentez concernés, partagez et diffusez ce message de désobéissance digitale, sociale et politique. Personne n’a le droit de décider pour vous, pour nous, de ce qui relève de choix politiques et de la liberté d’expression.