Dans une vidéo commune publiée le 8 janvier sur les réseaux sociaux, Emmanuel Lépine, secrétaire général e la Fédération nationale CGT des Industries chimiques (FNIC CGT), et Olivier Mateu, secrétaire général de l’Union départementale CGT des Bouches du Rhône, ont tiré un premier bilan du mouvement social en cours et s’adressent à l’ensemble des travailleurs pour inciter à l’élargissement du mouvement de grève dans le pays.
Les raisons de la force du mouvement social ?
Pour Emmanuel Lépine, « La réponse des travailleurs est à la mesure de l’attente qu’il y avait. Une attente qui correspond d’abord à un très fort sentiment contre la réforme des retraites dans tout ce qu’elle comporte comme injustices et surtout en baratins. »
« [Mais cette réforme] est aussi la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Depuis des années on subit une politique qui est systématiquement antisociale. », précise le secrétaire général de la FNIC CGT, ajoutant : « Le mouvement perdure « parce qu’il y a un besoin d’exprimer un ras le bol général sur l’ensemble des politiques menées au nom du patronat par le gouvernement. »
Ce constat est partagé par Olivier Mateu. Pour le secrétaire général de l’UD CGT 13 : » Le niveau de mobilisation atteint depuis le 5 décembre et qui est encore aujourd’hui dans une phase d’amplification s’explique par la prise de conscience qui s’est opérée dans le pays depuis un moment et tout ça, c’est le résultat de l’ensemble des mouvements sociaux et populaires qui se mènent dans le pays depuis plus d’un an. »
« On continue à nous faire payer la crise de 2008 et [à vouloir nous faire] renoncer au droit de vivre. », ajoute-t-il, soulignant : « A attaque globale il faut qu’il y ait riposte globale. Le mouvement est en phase d’élargissement, des professions entières s’engagent dans la grève reconductible sous différentes formes. »
La dimension interprofessionnelle du mouvement
Pour Emmanuel Lépine, « L’élargissement et l’ancrage [proviennent] du fait qu’on ait une revendication interprofessionnelle. A aucun moment, et il faut que ça continue comme ça, les travailleurs en grève n’ont cédé à des sirènes » et aux tentatives de corruption du pouvoir.
« L’exemple le plus typique : les grévistes de l’Opéra de Paris qui ont refusé la clause du grand père. C’est le symbole, on est bien sur une revendication interprofessionnelle d’une autre réforme des retraites. », précise le secrétaire général de la FNIC.
Cette dimension interprofessionnelle du mouvement social est également relevée par Olivier Mateu : « C’est essentiel pour aller jusqu’à la gagne. […] ça fait très longtemps qu’on n’a pas lutté tous ensemble de [cette] manière. On a quelque chose entre les mains qu’on ne doit pas gâcher y compris parce que ça [dépasse] le cadre syndical »
« On voit bien la permanence du mouvement des gilets jaunes, avec comme dans tout mouvement des hauts et des bas, mais aussi avec une conviction inébranlable et une clarification sur les contenus portés. » souligne-t-il, ajoutant : [Tout cela fait] qu’aujourd’hui l’immense majorité de ceux qui se battent [se situent] très clairement sur la remise en cause du système des politiques réactionnaires et ultra capitalistes. »
En clair, « on peut gagner » selon le responsable de l’UD CGT 13 car « les conditions de convergence très large et de convergence d’actions sont réunies ».
Elargir la grève, une nécessité absolue pour gagner
« La grève c’est des sacrifices. On a besoin que de plus en plus de travailleurs et travailleuses s’engagent dans la grève sous toutes les formes possibles. Que chacun réfléchisse comment il peut gripper la machine là où il se trouve. », souligne Olivier Mateu, précisant : « Il faut aussi que chaque travailleur, chaque travailleuse, nos militants et militantes aient en tête l’idée qu’on peut gagner. »
Le responsable de l’UD CGT 13 a également relevé : « Un des points fondamentaux, c’est de ne pas lâcher sur le contenu. Il faut balayer leurs pseudos concertations. C’est de la poudre aux yeux. ». « Il y a une revendication c’est le retrait de la réforme. Si les travailleurs veulent bien s’en donner les moyens on peut imposer des discussions autour de solutions porteuses de progrès social parce que dans ce pays il y a énormément d’argent » ajoute Olivier Mateu avant de conclure : « Cet argent est produit par le monde du travail et doit donc revenir au monde du travail. »
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Même son de cloche chez Emmanuel Lépine qui rappelle que ce mouvement social est « un moment historique ». « [Il s’agit de la] grève la plus longue de ces dernières décennies. », souligne-t-il en particulier.
« L’ancrage doit maintenant se produire, les professions qui sont en pointes et pour lesquelles c’est le 34e jour de grève aujourd’hui, ont [avant tout] besoin d’engagement dans la lutte. » insiste le secrétaire général de la FNIC, avant d’inciter l’ensemble des salariés à rejoindre la mobilisation et la grève : « Aujourd’hui, dans chaque entreprise dans chaque service les travailleurs doivent se demander « qu’est-ce que moi je peux faire ». « Est-ce que je subi ou est-ce que j’agis ? »