Que penser de l’EuroManifestation du 12 décembre ?

Que penser de l’EuroManifestation du 12 décembre ?

150 000 euros, c’est le prix délirant que coutera, selon l’Actualité Confédérale du Jour, l’EuroManifestation organisée à Bruxelles le mardi 12 décembre avec la Confédération Européenne des Syndicats (CES).

Soyons clair, cette EuroManifestation a au moins trois objectifs

  • Occuper l’esprit des militants CGT par une date de « lutte » avec une forme datée d’happening
  • Essayer de faire croire à l’existence d’une mobilisation « confédérée » qui, pourtant, n’existe ni en France à l’échelle nationale, ni dans aucun pays d’Europe.
  • Sauver le soldat CES qui a brillé par son absence quasi-totale durant la très longue mobilisation contre la réforme des retraites (rappelons que Laurent Berger était « pourtant » encore à ce moment et secrétaire général de la CFDT, et patron de la CES).

Après avoir largement revu à la baisse le nombre prévus de militants CGT (d’abord 10 000, puis 5 000, puis 3 000) à l’EuroManifestation, force est de constater que la direction confédérale semble s’être enlisée dans une drôle d’affaire.

De même, l’appel contre l’austérité prête à sourire. Outre le caractère là encore daté (ou idéologiquement marqué) du slogan (très altermondialiste et sociétal), on rappellera aussi que la CES a été incapable de se mettre en ordre de bataille contre ladite austérité. Pire, la CES a applaudi des deux mains les réformes structurelles de la loi Travail en 2016.

Il convient d’ailleurs de rappeler ici que la journée de grève et d’actions du 13 octobre dernier (un échec sur lequel nous reviendrons) avait, initialement, été présentée par la direction confédérale comme une date arrachée de haute lutte à nos « partenaires » syndicaux d’Europe. Finalement, il n’en a rien été, aucune mobilisation-sœur ailleurs en Europe n’a eu lieu ; nous n’avons pas la mémoire courte et la supercherie qu’est la CES doit être révélée, et dénoncée.

Qu’apportera donc, en 2023, cette couteuse « manifestation » – happening ? N’aurait-il pas été plus judicieux de penser différemment cette mobilisation ? Gageons au passage que les autres syndicats membres de la CES ne mobiliseront pas, ou très peu. On sait d’ailleurs déjà que le nombre de syndicalistes CFDT présents à Bruxelles ne dépassera pas le petit millier.

De plus, cette EuroManifestation n’est pas accompagnée d’un appel à la grève qui aurait pu, sinon perturber l’économie, du moins mettre en action les syndicalistes CGT et les salariés dans les entreprises et services. Cela induit d’ailleurs que la manifestation de Bruxelles sera avant tout l’affaire des syndicalistes en capacité de pouvoir se déplacer. Autant dire que les salariés ne seront sans doute même pas au courant, en amont, de cette initiative qui ne pourra nécessairement qu’apparaitre comme l’affaire de « professionnels » avant tout.

Couteuse, inutile et peut-être même contreproductive, cette initiative est, à nos yeux, une impasse. En revanche, une priorité absolue serait de confédéraliser, en France, les luttes et  grèves pour les salaires et contre la vie chère. Une CGT offensive et revendicative, des grèves victorieuses, seraient le meilleur encouragement à la lutte, en France et dans toute l’Europe.